Contre toute attente, le président des Etats-Unis n'a qu'une solution pour mettre fin à la menace d'un criminel de cartel psychopathe qui menace le monde avec une bombe nucléaire : appeler Machete, le Mexicain le plus cool et le plus énervé du monde. Ça va trancher !

 Créé dans une fausse bande-annonce pour accompagner les films Grindhouse Boulevard de la mort de Quentin Tarantino et Planète Terreur de Robert Rodriguez, le personnage de Machete a eu droit à un premier film en 2009. Danny Trejo, acteur à la tête coupée à la serpe, reprend son rôle emblématique pour de nouvelles aventures déjantées. Malgré la volonté affichée de Robert Rodriguez toujours derrière la caméra de créer une série B sans limites, ce deuxième volet souffre d'un grave manque de rythme et d'une folie qui serait aussi libre que la lucha ( catch en français ) de Santo pour nous réjouir complètement. À force d'enchaîner les péripéties sans réel enjeu et relativement peu drôles, on s'ennuie plutôt dans cette comédie d'action qui avance très lentement. Ainsi, la longue fuite avec le méchant à double face, l'une positive l'autre négative, interprété par Demian Bichir semble interminable avec une série ininterrompue de conflits de plus en plus inintéressants. Même certaines bonnes trouvailles, comme ce tueur à gages caméléon qui enchaîne les visages de vedettes ( Walton Goggins, Cuba Gooding Jr, Lady Gaga et Antonio Banderas ), ne fonctionnent pas et laissent indifférents. Sans oublier le karatéka cloné insupportable, ni amusant ni divertissant.

Dans le premier volet, tous les seconds rôles apportaient une énergie supplémentaire, notamment les méchants comme Don Johnson en redneck raciste, Robert de Niro en homme politique corrompu, l'excellent Jeff Fahey en homme de main déterminé ou Tom Savini en tueur à gages, ainsi que Steven Seagal en grand méchant. Ici, les acteurs invités ne sont là que comme des vedettes invitées et n'ont que peu de choses à défendre. La nouvelle fournée de méchants et traîtres fait pâle figure, ou est mal utilisée, comme William Sadler en shérif là encore malhonnête. Charlie Sheen, crédité sous son nom d'origine Carlos Estevez, est un président alcoolisé et entouré de femmes, un rôle de composition donc. Côté bimbos, même chose, l'effet de surprise du premier est passé malgré le dévouement des revenantes Michelle Rodriguez et Jessica Alba, ou les petites nouvelles comme Sofia Vergara en mère maquerelle et ses protégées parmi lesquelles on retrouve Alexa Vega, ex jeune Spy Kid et qui ne cache presque plus rien ici. Amber Heard, que tous les garçons aiment, est elle un agent secret dont la couverture est le concours de Miss Amerique et heureusement pour elle est l'une des rares à avoir un vrai rôle.

 Le scénario reprend un peu de poil de la bête lorsque Machete atterrit enfin en Amérique, se confronte à Mel Gibson, formidable antagoniste suave et redoutable avec son discours de VRP presque séducteur sorti d'un épisode de James Bond des années 70 ( peut-être a-t-il un troisième téton ). Ce face à face avec le vrai grand antagoniste de l'histoire est le passage le plus intéressant même si là encore l'écriture reste bien faible. Évidemment Machete retrouve son ancienne complice révolutionnaire et désormais borgne Shé ( Michelle Rodriguez ) et est aussi aidé dans sa mission par Osiris, l'homme qui tua son frère dans le premier volet et qui s'est depuis racheté une conduite. Il est toujours interprété par Tom Savini ( Sex Machine dans Une Nuit en enfer dont l'emblême est d'ailleurs réutilisé ici ), génial même s'il est trop peu présent. Leur duo aurait dû être explosif, il s'arrête hélas trop vite.

 Certes, Robert Rodriguez assume de plus en plus d'être un réalisateur de série B mais il peine ici à communiquer le plaisir habituel face à la vision de ses films, celui-ci n'étant qu'une étape artificielle vers le troisième volet, Machete kills again... in space comme l'annonce la fausse bande-annonce réjouissante qui ouvre ( et ferme, faut pas gâcher ) ce deuxième opus. L'on ne peut que regretter queMachete kills ne soit pas aussi fou et on espère que la suite sera bien plus vive.

 Pascal Le Duff

Bonus:

Copie digitale offerte
Entretien exclusif et inédit avec Robert Rodriguez (15')
2 scènes coupées et rallongées
Making of (17')
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