C’est l’été, le temps de l’insouciance et des ciels bleus. Hugo, 9 ans et son père se retrouvent chez la grand-mère, Mamie Sara. C’est l’occasion pour le père de renouer avec la famille et le donjon, la maison familiale qui tombe en ruine. Il est pour vendre la baraque et solder le passé qui va avec. Hugo fait connaissance de cette smala peu ordinaire. Il découvre Sara, cette grand-mère dont il apprend à écouter le cœur et l’âme. Le courant passe entre la vieille femme aux portes de la mort et le petit à l’entrée de la vie. Les frères se chamaillent pour le devenir de la maison, plus gamins que le môme. C’est l’été, l’insouciance est au rendez-vous et un loup réclame son dû. Cet été-là, dans un pacte scellé autrefois, il viendra chercher Mamie Sara. Hugo et sa bande de cousins sont bien décidés à le capturer et sauver leur grand-mère de ses griffes. Mais vous l’avez compris, le loup est bien autre chose, que rien ne peut vaincre.
« Le temps passe trop vite. Le temps est là. C’est nous qui passons trop vite »
Adriàn Garcia ne quitte pas tout à fait l’animation avec ce premier film en prises de vue réelles. Entre conte et réalité, il nous entraine dans une variation autour de la mort. Si personne ne prononce son nom, elle est bien là, tenace, réclamant son dû. Il est un temps pour tout, rire, se saouler de la vie et mourir la besace pleine. La mort n’est pas une crevarde, ombre griffue sur les murs, qui vous guette en ricanant. Elle est un brave loup des contes de notre enfance, et voilà tout. Pendant qu’à l’extérieur de la maison la vie continue, les fils se chamaillent, les enfants jouent dans la prairie. Les adultes comprennent qu’ils n’y peuvent rien, sauf jouer la mélodie de l’ignorance. Les enfants croient encore au loup des contes, aux monstres sous le lit que l’on chasse. La grand-mère sait que nous passons trop vite.
Il est temps de se préparer au dernier voyage, à franchir la porte vers on ne sait où. C’est donc un conte tout en douceur, sans heurt sauvage, ni violence ni cris que nous narre Adriàn Garcia. Il coupe le film de morceaux d’animation sur certains moments du passé, comme la rencontre magique de Sara et de son mari. Si certains trouvent pleinement leur place, d’autres cassent le rythme. On trouvera des figures incontournables, comme le fils prodigue, de retour, rejetant une famille bien barrée, l’amoureux secret noyant sa vie dans l’alcool. Pour le reste, le ton est juste et nous rappelle que nous n’échapperons pas à la Morrigan, l’Ankou, la Faucheuse, quel que soit le nom qu’on lui donne. Profitons de chaque instant avant qu’il ne meure à jamais.
Dans Ma famille et le loup, la vie et la mort se croisent dans une symphonie de l’espace à ciel ouvert pour rire, chanter et, au cœur de la grotte, pleurer. La maison devient une métaphore de cette famille au bord du chaos qui finit par se souder face à l’inéluctable. On a plaisir à retrouver Carmen Maura en grand-mère sage, loin des rôles bouillonnants de Pedro Almodovar. Nous sommes loin de l’image sombre et carnassière de la muerte. C’est une image optimiste que nous renvoie l’espace extérieur, le ciel, les paysages. Pour faire frémir nos âmes, il reste les fissures sur la maison, la grotte du loup qui, au dernier moment, se couvrira de fleurs et non de crânes morbides. C’est une comédie sympathique pour finir l’été, nous rappelant que le meilleur moyen d’entrer dans la lumière est d’accepter de faire le premier pas.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Ma famille et le loup
Réalisation : Adriàn Garcia
Scénario : Valérie Magis, Stéphane Malandrin, Victor Maldonado, Christine Ponzevera et Alfredo Torres
Décors : Anaïs David et Clément Langelin
Costumes : Charlotte Pecquenard
Photographie : Christophe Duchange
Montage :
Musique : Stephen Warbeck
Producteur : Damien Brunner, Didier Brunner et Christine Ponzevera
Producteur associé : Philippe Logie
Producteur délégué : Thibaut Ruby
Sociétés de production : Folivari, La Compagnie Cinématographique et Panache Productions
Société de distribution : Apollo Films
Pays d'origine : France
Langue originale : français
Format : couleur
Genre : Comédie dramatique
Durée : 80 minutes
Dates de sortie : 21 août 2019
Distribution
Carmen Maura : Mamie Sara
Pierre Rochefort : Arno
Bruno Salomone : Léon
Enzo Ingignoli : Hugo
Tatiana Gousseff : Tina
Franc Bruneau : Saul
Baptiste Sornin : Orlando
Véronica Novak : Tatika
Wim Willaert : Bulliard