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affiche Luca

Luca

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Un film de Enrico Casarosa,
Avec Aloïs Le Labourier Tiêu, Matt Mouredon, Juliette Davis,

Genre : Film d'animation
Durée : 1h36
États-Unis

En Bref

Luca est un jeune monstre marin vivant près de Portorosso, petit village chatoyant du nord de l’Italie. Il doit se cacher du monde des humains ne lui voulant pas forcément  que du bien. Il s’ennuie et rêve d’aventures, d’ailleurs, à la rencontre de ces étranges bipèdes et de leur drôle d’univers. La vie de Luca change lorsqu’il rencontre Alberto, un monstre marin isolé sur une île. Les deux se lient d’amitié. Luca découvre qu’une fois hors de l’eau il se transforme en humain. Avant de rejoindre Portorosso, il doit apprendre à se comporter, marcher comme eux. Alberto et Luca rêvent d’un objet mythique, la vespa.

Elle les conduira à la découverte du monde. Luca a soif de connaissances et est prêt à tout pour agrandir son horizon. Sa famille craintive décide de l’envoyer au fond des abysses chez l’oncle Ugo. Il s’enfuit et, en compagnie de son nouvel ami, débarque en secret à Portorosso. C’est le grand choc, la confrontation avec un monde qui les subjugue de plus en plus. Ils croisent la route d’une nouvelle amie débrouillarde, Giulia. Le trio se lance dans la compétition annuelle, un triathlon particulier dans lequel il faut nager, manger des pâtes et effectuer une course à vélo. Giulia prend la natation, ce qui arrange nos deux compères. L’eau dévoilerait leur vraie nature. Alberto choisit le nouveau met succulent, les pâtes. Luca apprend à tenir sur un vélo, ce qui n’est pas évident. Ils devront vaincre la petite teigne locale et sa bande, Ercole Visconti, le tout sans se faire démasquer.


Derrière Luca se cache Enrico Casarosa qui rend hommage à son pays natal, l’Italie, pour son premier long métrage comme réalisateur. C’est un regard attendri et délicat sur la culture et les coutumes de l’Italie du Nord. Né à Gênes, il construit une belle histoire pleine de bienveillance et de souvenirs d’enfance sur l’amitié, la rencontre avec l’autre, la confrontation avec un autre univers. L’équipe retranscrit avec précision jusque dans les moindres détails le petit village de Portorosso. Nous retrouvons en version animée les maisons pittoresques, le linge pendu au balcon, la mer et les mille couleurs enivrantes. Le résultat donne une animation soignée, très réaliste, pointue jusque dans les textures des bâtiments, des objets et de la mer. Elle s’inspire aussi de la lumière particulière de ce petit paradis. C’est un trio d’étrangers qui se forme avec les deux petits monstres marins et Giulia.

Ils n’appartiennent pas à la communauté et se doivent d’être solidaires. Giulia vient de Gênes et se trouve chez son père chaque été. Elle est une enfant de la ville, débrouillarde, qui veut réussir à battre Ercole Visconti sur son terrain. Luca et Alberto défendent un autre rêve, celui de partir loin grâce à la vespa. Nous retrouvons les principes chers à Disney, le courage et la solidarité. « L’autre » est représenté par plusieurs figures, de l’émigrant jusqu’au monstre inconnu. La rivalité entre les jeunes de Portorosso et cette bande d’étrangers venus d’ailleurs aboutit au partage. La transformation est au cœur du récit. Nous pensons à celle du poisson sortant de l’eau, à l’origine du monde, pour devenir des millions d’années plus tard homo sapiens. Luca est un jeune garçon qui doit apprendre à marcher, faire du vélo et devenir humain.

Une fois cette tâche accomplie, il se tourne vers son deuxième rêve, la soif d’apprendre. Elle le conduit à l’école, territoire de formation des connaissances. C’est franchir le feu de bois pour entrer dans la nuit et affronter l’inconnu. Depuis quelques films, Pixar s’intéresse plus à nos sentiments qu’à l’action. Cela donne une tonalité toute particulière à Luca qui les explore à fond. C’est la solitude d’Alberto, celle de Giulia, jeune fille à part, l’envie de l’inconnu et de la connaissance de Luca. C’est aussi les parents inquiets, le père protecteur, le beau gosse prétentieux, etc. La notion de sacrifice est en toile de fond, notamment à la fin. Comprendre nos natures profondes nous aide à mieux affronter le monde. L’amitié et la différence sont le cœur du récit, avec le passage de l’enfance à l’adolescence. Derrière une histoire simple se cache une belle réflexion sur le monde d’aujourd’hui.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, cinéma respecté 2.39, BD-66
Langues Audio : Anglais, Français DTS 5.1
Sous-titres : Français
Edition : Disney

Bonus :

L’Italie source d’inspiration

Secrètement un monstre marin

Meilleurs amis

Bande annonce

Scènes coupées

Avec nous, la productrice Andrea Warren, qui a travaillé sur d'autres films Pixar à succès comme Cars 3, et le réalisateur nommé aux Oscars pour son court-métrage La Luna, Enrico Casarosa. 

 Un film qui donne envie de voyager en Italie… Pourquoi cette décision de réaliser le film dans un décor du littoral Italien.

 Enrico Casarosa: J’ai eu la chance de grandir à Gênes. J’ai passé tous mes étés sur le littoral Italien, en compagnie de mon meilleur ami qui s’appelait vraiment Alberto. 

Nous avons sauté des falaises pour plonger dans la mer ensemble…Enfin, il m’a surtout poussé !  Le littoral en Ligurie a une cote particulière — très escarpée, les montagnes paraissent s’élever droit au-dessus de l’océan. Et j’ai toujours aimé tout particulièrement les Cinque Terre.  On dirait que ces cinq petites villes viennent de sortir de la mer et s'accrochent à la montagne afin de ne pas tomber. C’est un lieu vraiment unique, et ça me semblait être un endroit idéal pour rendre hommage à la culture italienne — la petite ville ouvrière, le bleu de la mer - C'est très particulier, et ça me rappelle mes souvenirs d’enfance, notamment cette notion autour des amitiés qui nous changent et nous font grandir qui est cœur du film. 

Quelles recherches avez-vous faites pour ce film ?

 Andrea Warren: Nous avons envoyé plusieurs équipes aux Cinque Terre. Comme l'a dit Enrico, ce film est une lettre d’amour à l’Italie. J’ai adoré la première question, parce que je pense que tout le monde en ce moment a envie de voyager - n'importe où - mais l'Italie est tellement fabuleuse comme endroit à visiter. Je dis souvent que quand on part en repérage, nos équipes sont les touristes les plus étranges de la Terre… Ils essayent vraiment de capturer l’esprit d’un endroit, et pour cela, ils doivent regarder chaque détail de très très près. Ils avaient leur nez dans les murs en stuc de ces petits villages italiens, dans chaque détail des bâtiments… Ils regardaient les pavés de très près, les cailloux sur la plage….  Cette observation n’est pas importante seulement pour des détails visuels, c’est aussi primordial pour que nos équipes puissent s'imprégner complètement et capturer au mieux l’ambiance qui s’en dégage…  Les sons, la beauté de l’eau, la lumière…On souhaitait découvrir l’été en Italie … La chaleur du soleil qui brille, le ciel bleu et l’eau qui vous invite à vous baigner.  C’est pour ça que c’est tellement important d’envoyer des équipes sur place. Ça leur permet de visualiser tous les détails les plus représentatifs de l’endroit. Nous ne cherchons pas à capturer chaque détail, ce serait trop. Ce qu’on veut en effet c’est créer une ambiance comme un livre d’images, un compte pour enfants... On prend tout ce qu’on apprend sur place, et on le réduit à l’essentiel pour avoir une vision très poétique de l’endroit.

 E.C:  En ce qui concerne les villes qui nous ont inspirés, il y avait bien sûr Vernazza - une des villes les plus célèbres des Cinque Terre. En effet, nous avons créé notre propre sixième ville, Porto Rosso, inspirée de tous les Cinq Terre.  Une autre ville qui m’est très chère est Camogli. Ce n’est pas loin de Gênes… Ils ont le meilleur focaccia du monde ! Porto Venere est une autre belle ville...Portofino… Il y a aussi des îles incroyables juste en face de Porto Venere qui ont inspiré notre île. Et Tellaro - cette incroyable petite ville connue pour cette légende d’une énorme pieuvre qui est sortie de l’eau afin de sauver la ville de l’invasion des pirates…  Partout dans la ville on trouve des motifs de pieuvres. C’est un petit bijou, et ce genre d'histoires nous a inspiré pour nos monstres des mers. Tout le littoral italien est agréable à visiter.

Quelle était la chose la plus difficile à animer d’un point de vue technique ?

 A.W:  Moi, je dirais la transformation. Il y avait tellement d'équipes qui ont travaillé dessus, et c’est une partie tellement importante de l’histoire qu’on ne pouvait pas se tromper. On ne voulait pas que ce soit étrange ou faire peur… Nous voulions que ce soit magique et sympa, mais aussi très concret…une transformation qui pourrait servir de base pour le reste du film. Pour moi c’était ça le plus compliqué, d’autant plus qu’on voulait que ça se répète plusieurs fois dans le film. Il ne fallait pas seulement créer et comprendre comment illustrer cette transformation une fois, mais plusieurs fois, dans des circonstances différentes...

 E.C: Effectivement, c’était compliqué sur plusieurs niveaux. Déjà il fallait qu’on donne le contrôle artistique aux animateurs pour qu’ils puissent trouver ces aspects concrets, ces qualités physiques de la transformation.  Dans un premier temps nous avons demandé aux animateurs de travailler dessus afin de vraiment créer cette transformation et ça a demandé beaucoup de travail d’un point de vue technique. Ensuite, le côté créatif était très intéressant aussi… On a fait beaucoup de recherches sur les calamars et comment leurs cellules pigmentaires peuvent changer de couleur.  Ces toutes petites cellules sublimes s’appellent les chromatophores est elles sont presque comme des petites aquarelles qui fondent dans l’eau. Donc le défi était de trouver ce mélange entre le côté physique et le côté magique. Ce processus était vraiment sympa et excitant. On voulait aussi faire comprendre que cette transformation était quelque chose qui avait évolué avec ces monstres marins dans le temps afin de les aider à se protéger.

Vous avez travaillé sur ce film pendant la pandémie. Parlez-nous de vos plus gros défis Covid… 

 A.W: Le confinement est venu pile au moment où on allait  commencer le shotwork pour  le film, et on était donc tous obligés de quitter nos bureaux... À l'époque, on n’avait aucune idée de ce qui allait venir. Je me rappelle le moment où j’ai quitté mon bureau, je me suis dit, “Est-ce qu’il faut que je ramène cette plante avec moi ?”  Et je suis contente de l’avoir fait car elle a survécu. Mais c’est vrai - il y avait tellement de petits hics pour lesquels il fallait trouver des solutions.  Par exemple - l'enregistrement des voix.  Le confinement a démarré au moment où on avait vraiment besoin de nos acteurs. Nos équipes étaient obligées de créer un nouveau système de télé-enregistrement avec des microphones et des iPads qu’on a envoyés à nos acteurs. Plusieurs d'entre eux étaient obligés de s’enregistrer dans leurs placards à la maison avec des couvertures attachées au mur afin d’isoler le son. Puis de temps en temps on leur disait. “Eh… ton bras est en train de frapper les cintres et ça fait du bruit… “ C’est clair ce n’était pas évident. Mais je pense que la chose la plus difficile pour nous tous était de ne plus avoir un réel contact les uns avec les autres— nous avons tous besoin de l’interaction humaine ! On s’est vraiment rendus compte à quel point toutes ces petites discussions dans les couloirs à l’improviste sont importantes et nous aident à avancer plus vite. Je pense que c’est ça qui nous a le plus manqué. Mais nos équipes ont fait preuve de résilience. Et on a tout de même pu se connecter et avoir ces échanges grâce à Zoom. Enrico a passé des heures et des jours sur Zoom…Nos équipes étaient vraiment incroyables... Ils ont travaillé dans des circonstances très compliquées et ils ont réussi.  C’est clair qu'on a tous envie de revenir à la normale, mais nous sommes aussi tellement fiers de ce qu’ils ont fait vu les circonstances. 

Enrico, vous avez dit que ce film est un hommage aux films de Fellini et Miyazaki. Est-ce qu’on retrouve des influences de Porco Rosso ou Le Vent se Lève dans Luca ? 

 E.C: Je suis fan de Miyazaki depuis toujours — Conan le Fils du Futur était l’un des dessins animés que je regardais étant gamin. Il faisait partie de tous ces incroyables dessins animés japonais qu’on regardait en Italie dans les années 80. Je pense qu’il y avait le même phénomène en France aussi. Des années plus tard, je me suis rendu compte que oui, il y avait quelque chose d’assez intéressant dans ses dessins animés - un aspect visuel un peu différent - et que c’était Miyazaki. Porco Rosso est important à citer car ça se passe en Italie, et c’est typique de cet amour pour l'Europe qu’on voit dans beaucoup de ses films….   Donc oui, bien sûr, Miyazaki et quelqu’un que j’admire depuis le début. J’ai eu la chance de lui montrer mon court métrage La Luna il y a quelques années et de le regarder à ses côtés. J’ai pu discuter avec lui.   Ce qu’il fait est vraiment magique. C’est unique. Ce que j’aime le plus sont ses observations et son appréciation de la beauté de la nature, son œil pour les détails de la nature, et son sens de l’imaginaire. C’est pour ça que je l’adore et j’aime bien mettre ces mêmes idées dans mon travail aussi. Ça se voit par exemple quand Luca, qui est vraiment un poisson en dehors de l’eau, remarque le vent dans les arbres… Ça m'a donné l’opportunité d’ajouter ces rêveries vers la nature que j’adore. Luca est aussi le personnage parfait pour montrer ces petites villes italiennes car on les découvre à travers ses yeux. On retrouve beaucoup de Miyazaki dans ses observations de la nature. Ensuite, je m’identifie beaucoup à Miyazaki dans le fait qu’il adore dessiner. Moi aussi j’adore ça. Je viens du story board - j’aime raconter des histoires visuellement - donc là aussi il y a un parallèle. Miyazaki est vraiment unique et il continue à travailler encore aujourd’hui, c’est incroyable. Il y a même un petit lien entre Pixar et Miyazaki car quelques personnes de Pixar ont travaillé sur les doublages de ses films. 

Comment travaillez-vous tous les deux ensemble en tant que productrice et réalisateur ? 

 A.W:  Parfois on me demande, “C’est quoi le rôle d’une productrice ?”  Et moi je dis, “Quand le studio me dit ‘Enrico va réaliser un film qui doit sortir à telle date - mon travail est de m’assurer que tout est fait pour que ça sorte en temps et en heure."   J’aime bien travailler avec Enrico, nous sommes assez similaires dans notre façon de travailler et de faire les films, donc ça nous laisse la liberté de se focaliser sur le film en soit et pas sur comment nous allons faire le film. Tous les deux, on apprécie énormément nos équipes à Pixar qui sont des vrais experts et nous avons décidé ensemble d’ouvrir davantage le projet aux équipes…de bien écouter leurs idées.  Le rôle d’Enrico est de s’occuper de ce qu’il va y avoir dans le film. C’est à moi de m’assurer qu’il comprenne les limites de ce qu’on peut faire. Et en fin de compte, les limites ne sont pas toujours négatives. Elles peuvent nous aider à faire des bons choix.  L’essentiel c’est de toujours bien communiquer. 

Pixar a fait plusieurs films qui tournent autour de l’eau (Nemo, etc.) Comment est-ce que Luca se différencie ? 

 E.C: Oui, c’était intéressant d’avoir Nemo et Dory avant nous. Je pense que d’abord on a cherché la spécificité de la mer ligurienne - Les couleurs et la texture de l’eau. C’est pour ça qu’on a envoyé nos équipes sur place pour qu’ils puissent comprendre l’eau de là-bas. Ce n’est pas du tout une eau tropicale avec cette lumière spécifique et ces couleurs vives. On avait l’envie de montrer une autre mer dans une autre partie du monde. Ensuite notre grand défi était de montrer le monde de Luca qui est aussi incroyable, mais moins expansif. Le film raconte l’histoire d’un gamin qui sent vraiment les limites de son monde. Du coup on a beaucoup joué avec un phénomène naturel qui arrive dans la mer ligurienne - l'obscurité. C’était important qu’on ne voie pas trop loin dans ces eaux... On voit des belles images des rochers dans la distance, mais l’image n’est pas nette, c'est un peu flou. Donc on a beaucoup joué avec cette idée et le contraste une fois que Luca monte à la surface. Tout d’un coup, il peut voir très très loin et tout devient très net, le monde là-haut lui paraît plus grand. Notre défi était de rendre la mer pleine de couleurs, mais quand même un peu limité pour ce gamin. Et puis on s’est beaucoup amusés à trouver le contraste dans sa façon de bouger. Les monstres marins glissent sous l’eau. Alors qu’à la surface, le style d’animation change un peu et tout devient plus percutant et rigolo.   Enfin, on est partis sur cette notion très bizarre de faire de l’agriculture sous l’eau. On cherchait à montrer que c’était une communauté pastorale, un peu simple mais belle.

Luca parle beaucoup des amitiés de jeunesse qui nous marquent profondément. Pourriez-vous nous parler des amitiés qui vous ont marqués dans vos jeunesses ?

 A.W: Je pense que ces amitiés de jeunesse nous parlent tous. Pour moi, ma meilleure copine d’enfance s'appelait Patty Anne. Elle était peut-être moins folle qu’Alberto, c’est-à-dire qu’elle ne me poussait pas des falaises… mais c’était la personne avec qui j’ai eu cette sensation comme dans le film, quand Luca dit,  “Est-ce que j’en fais trop? Je suis de trop ?”  C’est uniquement dans ce genre d’amitiés qu’on peut se sentir vulnérable. Quand on peut montrer nos vraies passions et les choses qui nous touchent le plus à quelqu’un d’autre...et l’autre personne vous comprend parfaitement et les aime aussi. Je pense que c’est surtout vrai pour les enfants. Ce sont ces moments de connexion qui nous aident à construire notre confiance en soi. Ça nous donne la possibilité de se dévoiler et de devenir qui on est réellement. Donc je dirais que c’est ça qui m’a touché le plus personnellement.  Et en regardant tout au long de ma vie - mes amis du lycée, de l’université... je vois tous ces points de connexion qui pour moi étaient les moments clés de ma vie et de ma maturité.

Enrico, parlez-nous de votre ami d’enfance qui s’appelle Alberto comme dans le film ?

 E.C: J’ai rencontré mon ami Alberto quand j’avais 11 ou 12 ans. C’était quelqu’un de très libre. Sa famille était un peu moins présente dans sa vie. On a fait les 400 coups ensemble et on a pris quelques risques...C'était quelqu’un d’incroyable qui allait toujours au-delà de ses peurs. Je me rappelle une fois qu'il s’est acheté un python ! Et il s’est promené au lycée avec ce serpent sur lui. Puis, il m’a enfin avoué il y a quelques années qu'il demandait à sa petite sœur de donner à manger au python parce qu’il avait tellement peur de le faire lui-même. C’était quelqu’un qui n’a pas seulement poursuivi ses passions mais qui a fait face à ses peurs aussi. On était tellement différent. Il avait toujours plein d’idées pour de nouvelles aventures tous les jours. Je pense que parfois ma mère aurait préféré que je ne l’ai pas suivi dans ses aventures un peu farfelues. Mais je me pose souvent la question :  Est-ce que j’aurais été capable de quitter mon pays et poursuivre mes rêves si je ne l’avais jamais rencontré ?  Et c’est vraiment ça l'idée du film.

D’où viennent vos inspirations pour les monstres marins ? Un journaliste mentionne que ça lui faisait penser à L’étrange Créature du Lac Noir des années 50…? 

 E.C: En effet, on s’est inspirés de beaucoup d'images différentes. En premier on a regardé des vieilles cartes marines des années 1700. Là-dedans on retrouve plein de petits navires entourés d’une baleine bizarre par exemple ou un Léviathan, un kraken ou un serpent de la mer qui les attaque. On a repris la forme des spirales et d’autres notions qui viennent de ces cartes pour les nageoires par exemple.  Ensuite on a regardé les monstres des mers plus “modernes.”   Et puis il y a un autre élément très important.  Quand on crée un personnage, on pense à son essence même. Donc Luca par exemple avait besoin d’avoir de très grands yeux et un visage qui est ouvert au monde. C’était pareil avec le petit garçon dans mon court-métrage La Luna.  C’est pour ça qu’on voulait des très grands yeux pour Luca. Alberto est beaucoup plus lisse, joueur.  Il rappelle un poisson plus puissant comme un thon. Il fallait montrer qu’il est plus fort et qu’il a quelques années de plus que Luca. Il fallait que ça se voit. Par contre, pour les monstres marins plus anciens comme la grand-mère ou la mère, on s’est inspirés des monstres vus dans ces anciennes cartes marines. Après cela, il fallait s’assurer que les monstres soient attachants. Il fallait trouver le juste milieu entre un look intéressant et sympathique.  On a trouvé une solution avec leurs cheveux par exemple. On les appelle les pagailles car ils flottent dans l’eau. On y est arrivé après beaucoup de recherches. Au début on a pensé aux tentacules pour leurs cheveux… mais quand on a essayé, on a vu qu’ils ne sont pas très attirants, donc c'était non. 

L’univers du film est assez différent de ce qu’on voit d’habitude chez Pixar. Comment avez-vous fait pour aller dans cette nouvelle direction ? Etait-ce difficile ? 

 A.W:  Oui c’est un grand challenge de trouver un nouveau style, mais je pense que ce défi a beaucoup inspiré nos équipes. Puis les dessins que Enrico a fait au début nous ont servi de guide dans nos recherches pour ce nouveau look. On voulait que ce soit comme un livre d’images pour enfants, une ambiance qui donne vraiment envie de plonger dedans et qui était différente. C’est amusant et sympa et ça va bien avec l’esprit du film qui parle des enfants et leur monde. On voulait vraiment mettre en avant le côté sympa de tout ça. Nous avions surtout envie de capturer l’essence même de l’endroit.  Donc, au lieu d'avoir des effets spéciaux hyper complexes pour l’eau, on était obligés de demander à nos équipes de trouver des versions beaucoup plus simples de ce qu’ils nous ont présenté au début…  Quand vous regardez le bateau qui passe dans l’eau, le sillage est dessiné par des formes circulaires très jolies. C’était un vrai choix d’ajouter ces images poétiques pour qu’on puisse faire grâce au CG.  C’est une des parties les plus sympa de l’animation. Vous pouvez créer votre propre monde unique avec ses propres règles de design. Donc on avait envie de vraiment aller jusqu’au bout de cette idée.  Enrico, est-ce que tu voudrais ajouter quelque chose ? Ça vient de toi…

E.C: Tu l’as vraiment bien expliqué. Je dirais que ça venait aussi de La Luna dont on s’est beaucoup inspirés des textures qui sont faites à la main. On retrouve de la chaleur humaine dans ces imperfections. J’avais envie de pousser cette idée encore plus loin dans Luca. Et on avait plus de ressources pour pouvoir le faire, donc ça c’est toujours bien ! On voulait travailler comme des peintres, d’une manière plus poétique, un peu comme un saut vers un autre monde. C’était aussi un vrai choix de s'éloigner de tout ce qui est très réaliste. Les ordinateurs vous donnent des dessins hyper réalistes d’office parce que tous les grands films d’action sont faits avec les mêmes logiciels.  C'était aussi un défi pour nous. Souvent le premier jet d’un décor était hyper précis avec 15 000 gouttes d'eau, et nous on disait, “Non, ce n’est pas exactement ce qu’on veut.” On cherchait plutôt un monde comme si c’était dessiné à la main. J’espère que c’est ce que l’on ressent quand on regarde le film… Comme si on avait sauté dans l’eau, ou dans un livre pour enfants.

Pour finir, est-ce qu'on retrouve des Easter eggs dans le film ?

 E.C:  Il y en a beaucoup ! Il faut d’abord regarder des panneaux. Il y a plein de petits secrets là-dedans. Il y a aussi un cinéma dans la ville et il faut regarder les affiches des films.  Ils sont faciles à trouver. Il y a beaucoup de Easter eggs dans la chambre de Giulia… beaucoup d’hommages à l’âge d’or du cinéma. Je suis un grand fan d’Italo Calvino donc vous verrez peut-être son nom ou ses livres quelque part. Il y a des images de Mastroianni et plus particulièrement de Divorce à l'Italienne...Il y a beaucoup de choses que les fans du cinéma et du néo réalisme vont tout de suite voir !

Titre : Luca

    Réalisation : Enrico Casarosa

    Scénario : Jesse Andrews et Mike Jones d'après une histoire originale d'Enrico Casarosa, Jesse Andrews et de Simon Stephenson

    Production : Andrea Warren

    Production exécutive : Pete Docter, Peter Sohn et Kiri Hart

    Musique : Dan Romer

    Société de production : Pixar Animation Studios

    Pays d'origine : États-Unis

    Format : couleur — 1,85:1 — Dolby Digital

    Genre : animation

    Dates de sortie : 18 juin 2021 sur Disney+2

    Dates de sortie vidéo:

Distribution

Voix originales

    Jacob Tremblay : Luca Paguro

    Jack Dylan Grazer : Alberto Scorfano

    Emma Berman : Giulia

    Maya Rudolph : Daniela, la mère de Luca

    Marco Barricelli : Massimo, le père de Giulia

    Jim Gaffigan : Lorenzo, le père de Luca

    Saverio Raimondo : Ercole Visconti

    Peter Sohn : Ciccio

    Lorenzo Crisci : Guido

    Marina Massironi : Signora Marsigliese

    Gino La Monica : Tammaso, vieux pêcheur

    Giacomo Gianniotti : Giacomo jeune pêcheur

    Sandy Martin : grand-mère Paguro

    Elisa Gabrielli : Concetta Aragosta

    Mimi Maynard : Pinuccia Aragosta

    Sacha Baron Cohen : oncle Ugo

    Francesca Fanti : Maggiore, la Policière

    Jonathan Nichols : Prêtre

    Enrico Casarosa : Joueur de cartes / Pêcheur mécontent

    Jim Pirri : M. Branzino

Voix françaises

    Aloïs Le Labourier-Tiêu : Luca Paguro

    Matt Mouredon : Alberto Scorfano

    Juliette Davis : Giulia Marcovaldo

    Chiara Mastroianni : Daniela Paguro, la mère de Luca

    Serge Biavan : Massimo Marcovaldo, le père de Giulia

    Pierre Margot : Lorenzo Paguro, le père de Luca

    Oscar Douieb : Ercole

    Tom Trouffier : Ciccio

    Maleaume Paquin : Guido

    Isabelle Ferron : Signora Marsigliese

    Paul Borne : Tammaso (vieux pêcheur)

    Anne Canovas : grand-mère Paguro

    Alexis Victor : Giacomo (jeune pêcheur)

    Marion Posta : Concetta Aragosta

    Marie-Laure Dougnac : Pinuccia Aragosta

    Jérôme Pauwels : oncle Ugo

    Sandie Masson : Maggiore (Policière)

    Thierry Ragueneau : Prêtre

    Mathieu Albertini : Joueur de cartes / Pêcheur mécontent

    Guillaume Bourboulon : M. Branzino

Doublage

    Direction artistique : Claire Guyot

    Adaptation : Houria Belhadji