Atticus Freeman, un jeune Afro-Américain, s’en revient de la guerre de Corée. Il découvre que son père, Montrose, a étrangement disparu, ne lui laissant qu’un mot mystérieux. En compagnie de son amie Laetitia et d’oncle George, il se lance sur sa piste. Dans une première partie, Lovecraft Country déroule un long road-movie à travers les Etats-Unis au milieu des années cinquante, au cœur des lois ségrégationnistes dites Jim Crow. Le retour au pays installe une atmosphère complotiste et raciste, entre fantastique et science-fiction. Ils devront lutter contre un monde où les Afro-Américains ostracisés trouvent difficilement leur place. Cette époque souffle un vent de révolte qui explosera bientôt avec Rosa Parks. C’est au cœur d’une quête mystique, sur fond de racisme et d’hommage aux pulps et à la science-fiction des années 1950, que se trouve le Saint Graal de la série.
Le pays de Lovecraft perd très vite sa raison d’être pour élargir son discours à d’autres rives. Derrière le fantastique, la science-fiction, se dissimule une réflexion sur une société ségrégationniste. La guerre de Sécession et les grands mouvements des droits civiques naissants ne sont pas loin. La Deuxième Guerre mondiale et celle de Corée n’ont pas changé grand-chose. Atticus découvre que son pays a peu de reconnaissance pour ses héros. Il aime la lecture des pulps de science-fiction, surtout avec leurs mondes merveilleux et leurs ambiances peu ordinaires. La présence de l’autre, l’extraterrestre, le monstre n’est jamais loin et symbolique. Ces livres reviennent souvent dans les lectures des personnages en toile de fond, comme l’espérance en un monde meilleur au sens propre, planète et univers mystérieux et figuré, celui d’Aldous Huxley. Cette thématique se divise en deux parties, ténèbres le roman gothique, Dracula principalement, Lovecraft légèrement ; l’autre lumière, l’espérance d’un monde nouveau. C’est une société vampirique face à une autre brassée par les univers parallèles et ses multiples possibilités. Chacun possède une part d’ombre qu’il dissimule aux autres.
Il finit par apparaître au grand jour pour transformer les uns et les autres et les changer à jamais. La métamorphose revient régulièrement. Elle permet à Rudy de se transformer en blanche et de faire l’expérience d’une autre peau. La série possède peu de liens avec l’univers du maitre de Providence. Dès les deux premiers épisodes, les monstres, prétextes aux grands anciens, quittent la scène. Nous les retrouverons dans le dernier avec un clin d’œil à La Belle et la Bête clôturant la saison un. Du livre de Matt Ruff, Lovecraft Country dont s’inspire la série, les auteurs ne gardent que l’hommage aux pulps et à la science-fiction des années cinquante. Chaque épisode est un fragment, un clin d’œil à ces romans de l’âge d’or d’un genre revenant aujourd’hui à la mode. C’est plus l’aspect social qui intéresse le réalisateur Jordan Peele, comme dans Get Out, US. Dans un premier temps, c’est le prétexte à découvrir une société ostracisant toujours les Afro-Américains.
Dans un second, la bataille se déroule au cœur des villes sur fond d’eugénisme, d’immortalité avec les Fils d’Adam. Il déroule quelques thématiques de la science-fiction de l’époque. Lovecraft Country est une série agréablement foutraque qu’il ne faut pas lâcher d’un pouce, sous peine de très vite se perdre dans ses chemins de traverse. Les acteurs, excellents, nous servent de guide dans ce labyrinthe des idées peut-être parfois simplistes. Il est toujours bon de rappeler que nous ne sommes qu’un grain de poussière au sein de l’univers. Que le meilleur des mondes passe d’abord par le vivre ensemble plus riche que la haine. Il faut gratter sous cette boutique surchargée, bordélique parfois, cachant des pistes de réflexion à méditer. Lovecraft Country reste une série intéressante. La deuxième saison devrait être plus compréhensible au commun des mortels avec son ouverture aux mondes parallèles.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus :
Orithyia Blue et l’imagination de Diana Freeman (11’).
Lovecraft Country : un recueil des horreurs (12’).
Bâtir Lovecraft Country (28’).
Au coeur de Lovecraft Country (8’).
L’art de Lovecraft Country (5’).
Titre original et français : Lovecraft Country
Création : Misha Green
Réalisation : Daniel Sackheim, Yann Demange, Cheryl Dunye, Victoria Mahoney et David Petrarca
Scénario : Misha Green, Jonathan I. Kidd, Matt Ruff, Sonya Winton, Shannon Houston, Kevin Lau, Wes Taylor et Jordan Peele
Direction artistique : Audra Avery, Elena Albanese, Mari Lappalainen et Nathan Krochmal
Décors : Kalina Ivanov
Costumes : Dayna Pink
Photographie : Tat Radcliffe et Robert McLachlan
Montage : Marta Evry, Chris Wyatt, Joel T. Pashby et Bjørn T. Myrholt
Musique : Laura Karpman et Raphael Saadiq
Production : Christina Varotsis et Dana Robin
Production déléguée : Misha Green, J. J. Abrams, Jordan Peele, Yann Demange, David Knoller (pilote), Bill Carraro, Ben Stephenson et Daniel Sackheim
Sociétés de production : Monkeypaw Productions, Bad Robot Productions et Warner Bros. Television
Sociétés de distribution : HBO (États-Unis) ; OCS (France)
Pays d'origine : Drapeau des États-Unis États-Unis
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : drame horrifique
Nombre de saisons : 1
Nombre d'épisodes : 10
Durée : 53–68 minutes
Première diffusion: 2020
Sortie vidéo : 17 février 2021
Acteurs Principaux
Jurnee Smollett-Bell (VF : Laëtitia Lefebvre) : Letitia « Leti » Lewis
Jonathan Majors (en) (VF : Daniel Njo Lobé) : Atticus « Tic » Freeman
Aunjanue Ellis (VF : Annie Milon) : Hippolyta Freeman
Courtney B. Vance (VF : Thierry Desroses) : George Freeman
Wunmi Mosaku (VF : Fily Keita) : Ruby Baptiste
Abbey Lee Kershaw (VF : Victoria Grosbois) : Christina Braithwhite
Jamie Chung (VF : Sylvie Jacob) : Ji-Ah / le Kumiho
Jada Harris (VF : Aurélie Konaté) : Diana Freeman
Michael K. Williams (VF : Jean-Paul Pitolin) : Montrose Freeman
Acteurs récurrents
Jordan Patrick Smith (VF : Eilias Changuel) : William
Jamie Neumann (VF : Marie Tirmont) : Dell / Hillary
Erica Tazel (VF : Aurélie Konaté) : Dora Freeman
Mac Brandt (en) (VF : Fabrice Lelyon) : le capitaine Seamus Lancaster
Tony Goldwyn : Samuel Braithwhite
Deron J. Powell : Tree
Épisodes
La première saison est composée de dix épisodes.
Coucher de soleil (Sundown)
titre français inconnu (Whitey's on the Moon)
Fantômes martyrs (Holy Ghost)
titre français inconnu (A History of Violence)
L'Étrange cas (Strange Case)
Le Chant de Daegu (Meet Me in Daegu)
Je suis (I Am.)
Gé-bobo-là (Jig-A-Bobo)
Retour en 1921 (Rewind 1921)
Retour aux sources (Full Circle)