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affiche Lillian

Lillian

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Un film de Andreas Horvath ,
Avec Patrycja Planik,

Genre : Drame psychologique
Durée : 2h08
Autriche

En Bref

Lilian, jeune Russe de 19 ans, est prête à tout pour embrasser le rêve américain. Elle commence par un entretien d’embauche pour des films hardcore porn, sans succès. Le réalisateur lui conseille de retourner en Russie, nouvelle terre de tous les possibles. Sans argent, son passeport périmé depuis un bail, elle décide de rejoindre son pays à pied et sans un sou. C’est ainsi qu’elle se lance dans un voyage sans retour. Elle affronte la solitude des grands espaces et celle de son être intérieur, confrontée à cette Amérique profonde des oubliés comme elle. Elle croise la mort d’un rêve d’un ailleurs meurtri. C’est la longue litanie d’un requiem de maisons abandonnées, routes épousant l’infini, parcelles de vie perdues dans ces déserts urbains. Elle trace la longue ligne de survie au cœur des paysages où l’on se perd facilement. Elle affronte les intempéries, écho de cette mort annoncée d’un monde que le rêve des jours meilleurs fuit. Au bout du chemin elle sait qu’elle changera pour toujours si la vie lui en laisse le temps.


C’est le premier long métrage de fiction du réalisateur autrichien Andreas Horvath. Il mélange avec habileté, autour de son unique actrice, la fiction d’un road movie et les rencontres occasionnelles, documentaires, nourrissant la trame originelle. Il s’inspire d’une histoire vraie, celle de Lilian Alling en 1927. On perd sa trace au Canada. Ce pourrait être un western contemporain avec cette errance, voyage vers la terre mère d’une jeune femme en quête d’avenir. La première séquence est une confrontation avec un réalisateur de hardcore porn. Elle affronte le regard du mal comme elle affrontera la route plus tard avec ténacité. On ne sait pas très bien ce qui motive Lilian, quitter un monde qui n’offre plus de rêves, revenir au pays ou tester un ailleurs différent. Cet espace intérieur devient une page blanche où chacun écrira son propre texte. Le regard reste buté, obsédé par sa quête intérieure.

Elle ne parle jamais, répond aux questions par la fuite, le silence. On imagine un abandon du monde qui n’offre plus rien, que des ruines, celles qu’elle traverse espérant peut-être trouver ailleurs une terre d’abondance. Elle refait la route inverse des premiers habitants, ceux qui traversèrent le détroit de Béring aux premiers frémissements du monde. Ils étaient peut-être poussés par l’espoir d’un pays où construire sa vie. Les dernières rencontres ne sont pas innocentes. Elles nous ramènent à cette thématique avec les Amérindiens et leur refus d’un homme blanc qui les a spoliés de leurs terres, de leurs vies. La dernière est celle des Inuks en Alaska, fils de la baleine, voir le film pour la légende. Dernière image, un Inuk regarde en face la Russie. La route commence au cœur des villes à moitié en ruines, loin d’une Amérique grandiloquente et insolente. C’est une vision d’apocalypse, de guerre. Les inondations, les conditions climatiques poussent les populations à l’exil. Lilian traverse ce trou noir. C’est la terre des hillbillies, rednecks, white trash, les petits Blancs pauvres, oubliés de l’Oncle Sam. À l’urbain, la fumée des usines, les ponts et routes sans fin, répondent l’espace naturel, le frémissement des champs de maïs, les forêts profondes de l’oubli et les fleuves sauvages.

C’est le désert de sel blanc, les montagnes fracturées, champ de chaos au sein duquel les animaux sont souvent morts. C’est une route de perdition, sans retour en arrière qui conduit de l’espoir au désespoir. Comme les saumons, elle remonte la rivière de la vie. C’est une belle séquence ce regard sans vie, mutin qui s’interroge sur ce saumon qui, dans un fond d’eau, tente de remonter vers le lieu de ses amours. Ailleurs, un ours croise son regard, marque une symbolique parfaite, tout est dit. Il faut saluer la performance de Patrycja Planik, souvent sous la pluie, dans la tempête car le temps est aussi celui de l’apocalypse, comme si plus rien n’était à sauver. Pourtant la dernière image laisse une part d’espoir en marquant le retour aux origines et à l’harmonie. La caméra oscille entre contemplation, morosité, naturalisme, vérité sans artifice. Lilian est un film à méditer qui nous offre un visage de l’état du monde qui est déjà celui d’aujourd’hui. Lilian est riche de ces questions profondes qui animent notre société actuelle et que nous ne voulons pas forcément voir.

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


 

Titre Lilian

Réalisation: Andreas Horvath

scénario : Andreas Horvath

image: Andreas Horvath

son : Klaus Kellermann

Mixage: Ulrich Grimm

montage: Michael Palm, Andreas Horvath

musique : Andreas Horvath

production : Ulrich Seidl Filmproduktion GmbH

Musique:Andreas Horvath

Directeur de production: Tanj Hausner

Distributeur France: Nour Film

genre : Aventure

Durée: 2h08

Sortie France : 11 décembre 2019

Actrice: Patrycja Planik