Sam fait croire à sa petite amie de la haute qu’il est le roi des traders. La réalité est moins brillante. Il joue les pères Noël dans un grand magasin pour gagner sa pitance. Il se retrouve à raconter une histoire à une bande de mioches survoltés. Il choisit celle d’Aladin, au désespoir de la marmaille qui voulait Blanche-Neige. Il était une fois un arnaqueur sympathique, voleur à la petite semaine, rêvant d’épouser une princesse. Une façon de travestir sa vie pour l’enrober des mille et une nuits de l’imaginaire. Notre Aladin nouvelle version, loin du voleur romantique version cinéma, traficote tant bien que mal pour survivre avec son pote Khalid.
Les deux lascars se retrouvent en mauvaise posture et pas loin de la case cachot du vizir. Ce dernier, fils d’Iznogoud, se verrait bien calife à la place du calife. N’oublions pas une princesse amoureuse d’un voleur croisé lors d’une de ses escapades dans Bagdad, et un roi qui aimerait un gendre plein d’oseille pour renflouer ses coffres vides. Le vizir échafaude tout un plan en transformant Khalid en neveu plein aux as revenu des Indes ! L’arnaque se trouve légèrement modifiée avec la venue en ville du beau et magnifique prince Aladin. Ce dernier découvre dans une vieille caverne d’Ali Baba perdue, une lampe à deux balles.
En frottant la vieille relique, un génie apparaît et se met à vos ordres pour un certain nombre de voeux. Apprenant que la princesse dont il rêve comme le jeune ado, la chanteuse de ses posters est en ville, il s’invente, s’intronise Prince des milles et nuits. Qui triomphera pour épouser la princesse, le mensonge ou le cœur ?
Premier long métrage d’Arthur Benzaquen Les nouvelles aventures d’Aladin est une comédie populaire plaisante qui ravira les fans de Kev Adam et la jeune génération. Le film se situe dans l’esprit de la nouvelle comédie française avec des clins d’œil à l’actualité, comme un long délire sur Star Wars et je suis ton père. Elle permet un à un jeune sans casbah de trouver son palais. Le conte se joue à la fois dans la réalité où Sam s’invente une vie de prince pour conquérir sa belle et le conte où un jeune voleur devient prince pour les beaux yeux de l’amour. Jean Paul Rouve campe un vizir retors et sournois dans l’esprit des Robin des bois.
Michel Blanc en guest star interprète un calife un peu dépassé et dupé par son vizir. Éric Judor s’amuse à jouer de la parodie dans son rôle de génie coiffé à l’indienne et à l’accent des îles bien amusant. Dans l’esprit de la BD ou des dessins animés, on ne meurt pas vraiment. L’esprit du film joue la carte de l’univers BD, couleurs vives et univers fantasmé sortis des cases d’Iznogoud ou Astérix. La réalité rejoint la fiction, le pauvre garçon sans un sou épousera peut-être la belle fille riche. C'est beau les contes des mille et une vies ! Qu'importe la fortune si on a le cœur noble et amoureux, car il triomphe de tout.
Nous pourrions nous lamenter sur « il est loin l’âge d’or de la comédie française » pour trouver des manques et des défauts. Ce que la majorité de nos confrères choisit dans un haro sur le baudet qui n’amuse pas et est exagéré. La vieille génération se trouve dépassée, larguée, aujourd’hui la comédie est légère, se concentre sur un acteur à mettre en avant et oublie bien souvent le fond, et alors ? Dans l’esprit de la série B de ma jeunesse, le film trouve sa place et s’adresse avant tout à un public d’ados. Il respecte les codes de l’histoire d’Aladin, le conte des mille et une nuits le plus réécrit. Andersen le transforme dans l’un de ses premiers contes, Le briquet. C’est sans peine que nous retrouvons la thématique centrale de l’ascension sociale. Aladin est un personnage insolent, paresseux, gaspillant ses qualités pour une vie facile, mais pauvre.
Il est d’abord désigné par un magicien qui souhaite la lampe pour le pouvoir absolu. Est-ce plus honorable que la conquête de l’amour et de la richesse pour Aladin ? « Les voies du Seigneur sont impénétrables ». Ce chemin mythique transforme le personnage et lui permet de dévoiler ses qualités intérieures. Ce n’est pas l’argent qui crée le sage, le héros, l’homme de bien. Dans ce sens, la comédie suit à sa façon édulcorée les voies du conte. Il faut bien nous résigner, le fond se laisse déborder par la forme.
N’oublions pas non plus que les Aladin d’autrefois tenaient en partie à la présence d’Errol Flynn, Douglas Fairbanks, pourquoi pas Kev Adams ? Dans le paysage désolant de la comédie française qui connaît quelques petites perles ces derniers temps, Les nouvelles aventures d’Aladin ne mérite pas l’acharnement de certains. Il remplit son rôle, celui de divertir sans révolutionner le genre, il se laisse voir et basta !
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Les Nouvelles Aventures d'Aladin
Réalisation : Arthur Benzaquen
Production : Daniel Tordjman
Scénario : Daive Cohen
Montage : Brian Schmitt
Directeur de la photographie : Pierre Aïm
1er assistant réalisateur : Valérie Othnin Girard
Musique : Michael Tordjman, Maxime Desprez
Chansons : Black M, Michael Youn
Société de production : Pathé, 74 Films, M6 Films, Artémis Productions
Distributeur de distribution : Pathé Distribution
Pays d'origine : Drapeau de la France France
Langue d'origine : français
Genre : Comédie
Durée : 104 minutes
Date de sortie : 14 octobre 2015
Distribution
Kev Adams : Aladin / Sam
Jean-Paul Rouve : le vizir
Éric Judor : le génie
Michel Blanc : le sultan
Vanessa Guide : la princesse Shallia
Audrey Lamy : la servante
William Lebghil : Khalid / le faux neveu du vizir
Cyril Hanouna : la petite voix de radio
Arthur Benzaquen : le vieux magicien fou
Nader Boussandel
Rania Adnan
Fatsah Bouyhamed