« La grande leçon de la vie, c’est que parfois, ce sont les fous qui ont raison. » Winston Churchill
En 1938, Neville Chamberlain, Édouard Daladier et Adolf Hitler signent les accords de Munich scellant le sort de la république tchécoslovaque. Mussolini leur sert d’intermédiaire. Adolf Hitler ne compte pas s’arrêter là. Il rêve de dominer toute l’Europe. Le dix mai 1940, Neville Chamberlain démissionne du poste de Premier ministre du Royaume Uni sous la poussée de l’opposition et dans l’incapacité de créer une coalition à la Chambre. L’Allemagne nazie avance à grands pas, envahissant la Belgique et la France, repoussant les armées britanniques sur Dunkerque. Il faut un tribun, un rassembleur d’hommes pour mener le pays à la victoire et sortir de cette souricière se resserrant de jour en jour.
« Vous aviez à choisir entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre. » Winston Churchill
Les conservateurs n’ont pas d’autre choix que d’appeler le Vieux Lion. Certes, il reste le lourd souvenir des Dardanelles. C’est dans une ambiance tendue et une atmosphère sombre que Winston Churchill prend ses fonctions avec la ferme intention de ne pas pactiser avec le diable. Les heures sombres s’annoncent au-dessus de l’Angleterre. Winston Churchill devra faire appel à tous ses talents politiques pour éloigner la tempête et relever la tête d’une nation désespérée. La tâche est rude, le roi George VI n’est pas convaincu que la Résistance est le bon chemin. Neville Chamberlain mène encore la danse et complote pour imposer des pourparlers de paix par l’intermédiaire de Mussolini. Winston Churchill possède plus d’un atout, sa femme Clémentine et le peuple d’Angleterre bien décidé à résister coûte que coûte. Comme le dit le Vieux Lion : « On ne négocie pas avec un tigre quand on à la tête dans sa gueule. »
« Je n’ai rien à offrir, que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur. » Winston Churchill
Winston Churchill, le Vieux Lion revient en force sur le devant de la scène au cinéma et à la télévision. Les heures sombres se placent en tête, suivi de Churchill avec un autre dilemme, celui du débarquement et pour finir, le portrait de la reine Elizabeth avec la série The Crown en DVD. Le film se situe un peu avant celui de Christopher Nolan Dunkerque. Il reprend ce moment où, faute de mieux, les conservateurs appellent à la rescousse le Vieux Lion. La bataille fait rage sur le vieux continent en Flandre et dans le nord de la France. Les armées tentent de ralentir la poussée des nazis, mieux équipés et galvanisés par un petit caporal illuminé. La Bête avance avec les crocs ouverts, folle et prête à tout pour dévorer et transformer le monde pour mille ans. C’est dans ce contexte que Winston Churchill devient Premier ministre. Il possède la lourde tâche de porter l’espoir et la lumière au cœur d’une nation sous le choc pendant que les soldats se pressent vers Dunkerque où la maigre flotte anglaise doit les rapatrier. Le Vieux Lion s’interroge sur le sens du sacrifice d’une nation et le meilleur moyen de rapatrier les survivants. C’est ainsi qu’il lance l’opération Dynamo, des milliers d’embarcations civiles, de bric et de broc sauveront l’honneur de l’Empire.
« Si Hitler avait envahi l’enfer, je me serais débrouillé pour avoir un mot gentil pour le Diable. » Winston Churchill
C’est au cœur de ses propres rangs que le combat est le plus violent. C’est toute la force des mots pertinents, faisant mouche comme la balle hurlante surgie du canon. Au silence de Christopher Nolan, Joe Wright oppose le choc et la fureur d’un fleuve de mots. Tout se déroule en grande partie dans l’ombre des sous-sols, métaphore d’une nation qu’un rien peut jeter aux mâchoires de l’enfer. Dans le cœur de la terre nait la lave du volcan qui jaillit en pleine lumière. C’est dans son ventre que Churchill mène la bataille pour éclater à la surface, au cœur de la Chambre. Le film devient le théâtre subtil d’une pièce où se joue le sort de l’humanité. Les rouages délicats de la politique, du choix des actes et des mots, deviennent une danse au cœur de laquelle se décide la victoire de l’ombre ou de la lumière.
« Il n’y a qu’une réponse à la défaite, et c’est la victoire. » Winston Churchill
Il fallait un acteur de poids s’effaçant dans le costume, porté par la verve et la fureur. Gary Oldman est magnifique, entre le doute et la nécessité de ne pas faiblir. Il prend toutes les nuances du sens et choisit des phrases justes pour nous offrir un personnage plus vrai que nature. Il faut plus de trois heures de maquillage pour donner forme à une silhouette ressemblant à celle du massif Premier ministre. Joe Wright retrouve la promesse et l’originalité de ses débuts avec Hanna et Anna Karénine qu’il avait un peu perdues pour un cinéma plus consensuel. La mise en scène fait preuve d’audace avec des raccords jouant de gros plans de visages, métaphore de la mort et de la vie cœur du récit. Elle joue de l’ombre et de la lumière, des pâlottes ampoules électriques tremblotantes aux lustres des palais. Elle prend le parti de l’histoire et de la fiction avec entre autres, une séquence métaphorique ingénieuse dans le métro londonien. Elle utilise le regard d’une secrétaire pour les non-dits. Les heures sombres sont un beau moment d’histoire et une belle performance d’acteur. Que demander d’autre ?
Patrick Van Langhenhoven
Bonus:
"Dans les Heures Sombres"
Titre original : Darkest Hour
Titre français : Les Heures sombres
Réalisation : Joe Wright
Scénario : Anthony McCarten
Direction artistique : Nick Gottschalk
Décors : Sarah Greenwood
Costumes : Jacqueline Durran
Photographie : Bruno Delbonnel
Montage : Valerio Bonelli
Musique : Dario Marianelli
Production : Tim Bevan, Lisa Bruce, Eric Fellner, Anthony McCarten et Douglas Urbanski
Producteur délégué : James Biddle
Société de production : Working Title Films
Sociétés de distribution : Focus Features (États-Unis) ; Universal Pictures International
France (France)
Pays d'origine : Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : drame historique
Durée : 125 minutes
Dates de sortie1 : 3 janvier 2018
Distribution
Gary Oldman (VQ : Manuel Tadros) : Winston Churchill
Ben Mendelsohn : Le Roi George VI
Kristin Scott Thomas (VQ : Anne Dorval) : Clementine Churchill
Lily James (VQ : Kim Jalabert) : Elizabeth Nel
Ronald Pickup (VQ : François Sasseville) : Neville Chamberlain
Stephen Dillane (VQ : Daniel Picard) : Edward Frederick Lindley Wood
Charley Palmer Rothwell : Miles Aldridge
Hannah Steele : Abigail Walker
Nicholas Jones : Sir John Simon
Richard Lumsden : Hastings Lionel Ismay
Brian Pettifer : Lord Kingsley Wood
Philip Martin Brown : Sawyers
Jordan Waller : Randolph Churchill
Hilton McRae : Arthur Greenwood
Mary Antony : Mary Churchill
Paul Leonard : Dudley Pound
Samuel West (VQ : François-Simon Poirier) : Sir Anthony Eden