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affiche Les fantômes d'Ismaël

Les fantômes d'Ismaël

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Un film de Arnaud Desplechin ,
Avec Mathieu Amalric, Marion Cotillard, Charlotte Gainsbourg,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h54
France

En Bref

Les histoires s’entremêlent, s’interpellent, se racontent sur des chemins différents pour aboutir à un même carrefour, Ismaël. Il est le point central de ces chaos, soleil entouré de planètes énigmatiques ou dévoilant leurs âmes. C’est Carlotta, la première femme perdue, la première douleur, disparue un jour où le temps se fige pour longtemps. Il n’existe pas de corps où pleurer l’absence des vivants. Bloom, le mentor, le beau-père muet dans sa souffrance de la perte d’une fille aimée. Les deux hommes tentent de se reconstruire au cœur de l’oubli et du désespoir. C’est ainsi qu’apparaît dans ce théâtre de l’existence d’Ismaël, la timide Sylvia. Nouvelle planète, le nez dans les étoiles, astrophysicienne, c’est l’amour qui chante à nouveau. Le bonheur semble s’accrocher et prendre ses aises.

C’est cet instant que choisit Carlotta pour réapparaitre. Elle revient d’entre les morts, du territoire de l’oubli pour réclamer sa place. Spectre farceur ou être vivant perdu, elle retrouve la route de la maison sur la plage pour bousculer l’insouciance du printemps. Sylvia devra lutter ou disparaître, comète amoureuse s’évanouissant au cœur du cosmos. Dans ce chaos des cœurs s’inscrit un autre récit, fiction, réalité, apparences, récit fantôme ou vérité cachée. C’est au spectateur de dérouler le fil d’Ariane pour sortir du labyrinthe et trouver le Graal promis. L’histoire, en même temps, développe la trame d’une vie, celle d’Yvan, faux diplomate, vrai espion, peut-être un pauvre garçon emporté dans la tourmente de la raison d’État. Tous ces personnages, vrais ou faux, se retrouvent dans le grand livre d’Ismaël, amoureuse, femme disparue, mentors blessés, frère diplomate. C’est encore la vie, dévoilant sa tapisserie des existences qu’elle anime, petites marionnettes emportées par le destin, hasard ou coïncidence ?


Le nouveau film d’Arnaud Desplechin nous entraine dans la galaxie de l’auteur, entre son cinéma et ses mentors, Hitchcock, Truffaut, Bergman. Le film mélange la réalité et la fiction. Qu’est-ce qui appartient à la biographie, au mensonge de l’écriture ? Au centre de ce maelström, c’est l’amour et la vie qui jouent leur partition dramatique. Comment vivre avec ce nouvel amour, cette promesse d’un avenir où le bonheur éclaire l’âme du voyageur ? Carlotta, la femme double, empruntée à Vertigo d’Hitchcock, revient de l’ombre pour rappeler à Ismaël le poids de cet amour ancien. Il ne peut pardonner toutes ces années d’incertitude où la douleur nichait dans son cœur. Leur romance appartient à une histoire ancienne, révolue, qui n’a plus de prise sur le présent.

Il faut pourtant que Sylvia lutte avec ce fantôme, au risque d’abandonner la partie. C’est le récit d’une rencontre, d’un jeu des séductions et des regards, accrochant le tempo d’un futur heureux. Deux figures apparaissent dans ce songe, cette histoire fantasmée, peut-être autobiographique. Les pistes se brouillent comme une galaxie en perpétuel mouvement. Deux figures de femmes se dévoilent dans le cœur du récit, la volontaire Carlotta, silhouette revenue d’entre les morts. Est-ce un fantôme du bonheur ancien troublant le jeu du présent pour finir par s’évanouir dans les limbes ? Sylvia semble plus fragile mais dissimule une volonté plus tenace, semblable au cosmos qu’elle étudie. Ce dernier est peut-être l’ensemble de tous ces fils que tend Ismaël dans son grenier et son étude de l’influence de l’art.

C’est un jeu de miroirs qui renvoie au film que réalise Ismaël sur son frère Dédalus, un jeune diplomate du quai d’Orsay, prisonnier d’un jeu chimérique entre mensonge et réalité. Il renvoie à l’idée du dédale dans lequel évolue le film, cachant peut-être un Minotaure, mais représenté par qui ? Nous retrouvons l’humour corrosif du réalisateur dont la première victime est son double, Ismaël. Il est un personnage à l’image du film, brouillant les cartes, entre amoureux passionné et créateur dépressif, obsédé par la différence entre Fra Angelico, la douce Sylvia et l’art flamand, Carlotta. Le spectateur devra être attentif aux signes, aux symboles que dévoile le film comme aux dialogues où les mots en disent beaucoup plus derrière la ligne. Le mélange des genres est habilement mené par Arnaud Desplechin car il touche au cœur de nos questions essentielles sur l’amour, la mort, l’absence, le temps qui passe, la vie en quelque sorte. En conclusion, c’est un film riche, à plusieurs niveaux de lecture et à revoir encore et encore !

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support :
3
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 2.35
Langues Audio : Français Dolby Digital 5.1
Sous-titres : français pour malentendants
Edition : Le Pacte

Version longue

bonus :

Un entretien de 15 minutes avec Arnaud Desplechin

Bande annonce

    •       Réalisation : Arnaud Desplechin

    •       Scénario : Arnaud Desplechin, Léa Mysius et Julie Peyr

    •       Production : Why Not Productions, France 2 Cinéma, Le Pacte et Wild Bunch

    •       Lieux de tournage : Roubaix, île de Noirmoutier3.

    •       Musique : Grégoire Hetzel

    •       Image : Irina Lubtchansky

    •       Décors : Toma Baqueni

    •       Son : Nicolas Cantin, Sylvain Malbrant, Stéphane Thiébaut

    •       Distribution : Le Pacte

    •       Date de sortie : 17 mai 2017

Distribution

    •       Mathieu Amalric : Ismaël Vuillard

    •       Marion Cotillard : Carlotta

    •       Charlotte Gainsbourg : Sylvia

    •       Louis Garrel : Ivan

    •       Alba Rohrwacher : Arielle / Faunia

    •       Laszlo Szabo : Bloom

    •       Hippolyte Girardot : Zwy

    •       Jacques Nolot : Clairevoie

    •       Catherine Mouchet

    •       Samir Guesmi : Le médecin

    •       Bruno Todeschini

    •       Merouan Talbi