Notre vie n’est-elle faite que de désir, celui de l’autre, le nôtre ? Il nous emporte parfois sur des terres mystérieuses, audacieuses, honteuses quand le sexe domine tout. C’est ce qui arrive à ces petits couples qui sont en quête d’autres sensations pour éveiller tous les sens. Il faut parfois en passer par quelques fantasmes pour relancer la libido perdue, naissante, fatiguée du flonflon du quotidien. C’est ainsi que six couples se lancent dans six parcelles interdites de ce territoire mystérieux. Mon premier s’invente des histoires quand chacun porte un masque et devient le bon docteur et sa patiente, le pompier, et autres rôles en costumes. Mon deuxième aime sa sœur plus que sa compagne. Mon troisième adore les larmes ouvrant la porte à des embruns, des tempêtes de désir. Mon quatrième hante les enterrements pour jouir de la vie. Mon cinquième ne ressent plus rien, ce qui est bien embêtant. Nous le savons, du rien peut naitre le tout ! Mon dernier passe à la version vidéo finissant par lui échapper sur les réseaux. Une comédie des sentiments et des désirs pour retrouver la joie de vivre à deux.
Ni comédie érotique, ni comédie porno, Les fantasmes regarde plus, à l’intérieur de notre âme, nos désirs inavoués. C’est une balade entre comédie et humour sur un échantillon de fantasmes, des plus connus, le jeu de rôle, la vidéo, au plus surprenant, aimer la sœur de sa femme. Le spectateur avide d’expérience trouvera dans les salles un petit dictionnaire des fantasmes. Chacun s’amusera de ces clefs d’éveil à la libido, parfois étonnantes et vraies. Depuis La délicatesse, Jalouse, le désir et les sentiments questionnent nos deux auteurs. Le film à sketches est un exercice difficile, souvent à risque. Après Les monstres de Dino Risi en 1963, Le plus vieux métier du monde de Claude Autant-Lara, les frères Foenkinos surfent de nouveau sur le sexe pour regarder le monde. C’est souvent ce qui revient, avec l’horreur, dans le film à sketches. Nous le savons, nos désirs mènent souvent la danse de notre vie.
C’est l’occasion de regarder le couple de l’intérieur, au plus proche de ses passions. Comment réinventer l’histoire pour bousculer l’habitude qui nous joue des mauvais tours, pour ne pas se perdre ni s’oublier. Dans ces six histoires, le fantasme permet parfois à chacun de trouver sa voie. Le meilleur exemple en est ce premier couple où le mari finit par devenir comédien. Il se découvre une passion pour l’art dramatique, abandonne tout et se lance sur les planches. On croit aimer quelqu’un, mais voilà que dans l’ombre, au jeu des sept familles arrive la sœur. Notre instinct ne nous avait pas mis sur la bonne piste. La thanatophilie, être excité par la mort, pousse deux des plus belles femmes du monde à hanter les cimetières en quête d’enterrement. À travers la mort et le sexe, c’est sans aucun doute la quête, l’amour de la vie.
Chacun cherchera ce que cache chaque fantasme, l’envie de s’exposer aux regards des autres pour exister, la tristesse pour trouver la joie, le vide pour ouvrir la boite de Pandore du plein. C’est bien le désir et le sentiment, plus que les corps, qui sont mis en avant dans cette balade. Ils sont servis par un jeu d’acteurs sans crainte de la mise à nu, excellents dans leur partition. Nous décernerons une mention particulière au couple formé par deux des plus belles femmes du monde, Carole Bouquet et Monica Bellucci, ce n’est pas moi qui le dis mais le réalisateur. La palme du couple le plus décomplexé et hilarant ira à Karin Viard et Jean-Paul Rouve surprenants. On sent le plaisir de chacun à jouer des rôles inhabituels en donnant cette forme particulière, ni porno, ni érotique, juste une fragrance de vie avec un soupçon d’humour. Voici donc, à la foire de l’existence, un échantillon de fantasmes à consommer sans modération. Je ne doute pas que chacun trouvera celui qui lui convient.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Les Fantasmes
Réalisation : Stéphane et David Foenkinos
Scénario : Stéphane et David Foenkinos et Sean Hogan
Photographie : Alexis Kavyrchine
Montage : Dorian Rigal-Ansous
Décors : Stanislas Reydellet
Costume : Emmanuelle Youchnovski
Musique : Julien Grunberg et Paul-Marie Barbier
Producteur : Nicolas et Éric Altmayer
Société de production : Mandarin Production et France 2 Cinéma
Société de distribution : Gaumont
Pays d'origine : France
Langue originale : français
Format : couleur - 2,35
Genre : Comédie romantique
Durée : 102 minutes
Dates de sortie : 25 août 2021 (en salles)
Distribution
Karin Viard
Jean-Paul Rouve
Ramzy Bedia
Joséphine Japy
Suzanne Clément
Denis Podalydès
William Lebghil
Joséphine de Meaux
Nicolas Bedos
Céline Sallette
Alice Taglioni
Corentin Fila
Carole Bouquet
Monica Bellucci
Shirine Boulette
Alain Doutey