Dans les années soixante-dix, à Hell’s Kitchen, les Irlandais mènent la danse. Les caïds du quartier se retrouvent en prison suite à un mauvais braquage. Ils laissent leurs femmes aux mains du nouveau boss, leur offre quelques biftons pour survivre. Kathy, Ruby et Claire décident de ne pas se laisser faire. Débarrassées de leurs maris encombrants, il n’est plus question de se laisser rabaisser, de subir les coups de ces machos. Elles sont bien décidées à prendre leur avenir en mains et d’instaurer un nouveau règne dans le quartier. À l’image de la mafia, elles prennent soin des habitants, les protégent des petits voyous voraces. Le nouveau patron ne voit pas cette intrusion d’un bon œil. Elles devront passer à la vitesse supérieure. Le retour de Gabriel arrange leur affaire. Il est leur bras armé, aidé par Claire qui passe des coups à l’exécution en bonne et due forme. Kathy et Ruby gèrent le quotidien d’une mafia irlandaise qui prend forme. À la sortie de prison de ces messieurs, il faudra franchir un pas de plus. Est-ce qu’elles en seront capables, les années à vivre à deux, les enfants pèseront-ils dans la balance ?
C’est la première réalisation de la scénariste Andrea Berloff, adaptée du comic book The Kitchen d’Ollie Masters et Ming Doyle. À l’heure de Me Too, d’une révolution importante pour changer l’image de la femme, elle prend le parti d’un certain classicisme. Elle inverse tout simplement les codes du film de mafieux en transposant des figures masculines sur des femmes. C’est Claire, tueuse à gages cynique, au sang-froid glaçant, dure comme la lame de la Faucheuse. Kathy à l’image d’un Brando dans Le Parrain joue la carte de la négociation, jusqu’à un certain point. Ruby se rapproche plus d’Al Capone, teigneuse et sans pitié. Nous retrouvons un cinéma caricatural des années 60, 70, dépassé aujourd’hui.
Le Parrain, Casino enverront le genre aux oubliettes. Melissa McCarthy, Tiffany Haddish, Elisabeth Moss, semblent bridées dans des rôles sans âme aux expressions codifiées. De la même manière, Andrea Berloff choisit le parti d’une narration sans surprise, plus proche de la série B que d’une grande saga bousculant les codes. À l’heure d’une révolution féminine forte, elle passe à côté d’un film ambitieux pour une série B sympathique. C’était l’occasion de créer des portraits féminins remarquables, inoubliables et de bousculer cet univers de gros bras à l’ancienne. On attend de voir la traduction du comic en cours pour tenter de comprendre quand la partie s’égara. C’était enfin l’occasion, dans cet univers d’Hollywood d’où tout est parti, de montrer que le changement ne se contentait plus des mots. Il reste une série B agréable pour ceux qui aiment les films de mafia, même si la route est courue d’avance.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : The Kitchen
Titre français : Les Baronnes
Titre québécois : Les Reines de Hell's Kitchen
Réalisation et scénario : Andrea Berloff, d'après le comic book The Kitchen d'Ollie Masters et Ming Doyle
Montage : Christopher Tellefsen
Musique : Bryce Dessner
Photographie : Maryse Alberti
Production : Michael De Luca et Marcus Viscidi
Sociétés de production : New Line Cinema, DC Vertigo, DC Films, BRON Creative et Creative Wealth Media Finance
Société de distribution : Warner Bros.
Pays d'origine : Drapeau des États-Unis États-Unis
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : thriller
Durée : 102 minutes
Dates de sortie : 21 août 2019 -12 ans
Distribution
Melissa McCarthy : Kathy Brennan
Tiffany Haddish : Ruby O'Carroll
Elisabeth Moss : Claire Walsh
Domhnall Gleeson : Gabriel O'Malley
Bill Camp : Alfonso Coretti
Margo Martindale
Common : Gary Silvers
Brian d'Arcy James : Jimmy Brennan
James Badge Dale : Kevin O'Carroll
Jeremy Bobb : Rob Walsh
Alicia Coppola : Maria Coretti
E.J. Bonilla : Gonzalo Martinez
James Ciccone : Joe Goon
John Sharian : Duffy
Stephen Singer : Herb Kanfer
Brandon Uranowitz : Shmuli Chudakoff
Tina Benko : Donna