Zoé est à bout, elle commence à craquer avec toutes ces bonnes âmes qui lui rabâchent sans cesse. « C’est normal, t’es jeune ! » Des études qui ne mènent à rien, un petit copain photographe de mode qui la mène en bateau, la vie qui se fout de sa gueule ! Elle balance tout et recommence à zéro, en colocation avec Lucas qui ne la laisse pas indifférente. Elle retrouve une bande de jeunes qui en veulent, prêts à tout pour s’en sortir et affronter la vie. Après tous ses stages nullos, ses petits boulots de merde, ses faux espoirs, ses refus, des promesses non tenues, elle craque. Elle explose et décide de faire la guerre au système. Les galères, les plans foireux c’est fini ! Place à la charte et au combat contre un monde qui abandonne ses jeunes sur le bord de la route. Elle utilise tous les moyens que les plus de vingt ans ne peuvent pas comprendre, réseaux sociaux et autres outils modernes. Très vite elle se retrouve dépassée par son combat relayé par tous les jeunes du monde, prêts ou presque à se donner la main.
Léa Frédeval passe du blog au roman en 2014 et adapte aujourd’hui ce dernier au cinéma. L’idée est originale et pleine de promesses, la lutte des jeunes contre ce monde de vieux. Hier comme aujourd’hui, ils se sont sentis décalés dans cet univers qui les attendait, calibré pour les adultes. James Dean, mai 68 et bien d’autres luttes ont permis de changer le regard sur la jeunesse et à celle-ci de prendre son destin en main. Aujourd’hui, dans une société sans horizon, ils ont bien du mal à regarder l’avenir avec confiance. Comment se construire dans un monde qui ne sait plus où il va ? Hélas, la réalisatrice lâche une bonne idée pour s’enfermer dans un film plus caricatural.
On retrouve les figures incontournables du genre, le beau gosse qui couche, la pauvre fille débordée par ses élèves, le banquier qui rêve comme le sous-préfet aux champs d’autre chose. Louane, en roue libre comme le reste de l’équipe, porte le film sur ses épaules. Je ne doute pas un instant de ses capacités à nous surprendre et à devenir une actrice qui compte. Il faut juste laisser le temps au temps et que la jeune novice gagne de l’expérience. Elle tente avec toute sa bonne humeur et sa bonne volonté d’emporter cette équipe de seconds rôles portés trop tôt sur le devant de la scène. La mise en scène est un métier et un autre exercice que le blog ou le roman. La guerre des générations n’aura pas lieu, le sujet principal, la révolte des jeunes, demeures la partie la plus pauvre du récit. En attendant, il nous faudra rester affamés…
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Les Affamés
Réalisation : Léa Frédeval
Scénario : Bastien Daret et Léa Frédeval, d’après le livre éponyme de Léa Frédeval (2014)
Décors : Samantha Gordowski
Costumes : Charlotte Vaysse
Photographie : Gordon Spooner
Montage : Béatrice Herminie
Production : Charles Philippe et Lucile Ric
Sociétés de production : Les films du clan ; France 2 Cinéma et Studiocanal
Société de distribution : Studiocanal
Pays d’origine : France
Langue originale : français
Format : couleur
Genre : comédie
Durée : 95 minutes
Date de sortie : 27 juin 2018
Distribution
Louane Emera : Zoé
François Deblock : Lucas
Nina Melo : Chris
Rabah Nait Oufella : Jonathan
Bruno Sanches : Arthur
Marc Jarousseau : David
Souheila Yacoub : Eva
Agnès Hurstel : Maud
Léon Garel : Max
Pierre-François Martin-Laval : Marc
Rafaël de Ferran : Paul
Anne Depétrini : Isabelle
Alex Vizorek : le directeur des ressources humaines / conseiller de Pôle Emploi
Cédric Ben Abdallah : le manager de McDonald's
Victoria Erulin : Gaëlle