Madeleine et François cachent un secret bien enfoui au fond de leur âme. Nous sommes en 1947, François sauve le fils de Madeleine de la noyade. Elle est serveuse et lui traine son spleen sur la plage. Ils se découvrent une même douleur laissée par cette guerre qui les a marqués au fer rouge. Peu à peu, ils se rapprochent, s'épousent et lient leurs vies à tout jamais. Ils partent ailleurs, dans une autre ville pour se faire oublier des braves gens qui ne savent pas que... C'est le temps de l'insouciance, du baby-boom. C'est le temps du bonheur d'être vivant, d'aimer. Madeleine finira par connaître le secret de François et lui le sien. Un GI vient se glisser dans leur histoire à la Jules et Jim. Il n'y a pas de chabadabada dans leur relation, juste le temps qui passe et n'efface rien. A la fin, il faudra bien que le monde accepte l'autre avec sa différence et ses erreurs. Ils ne méritent pas les chaînes pour toute une vie.
« Les vraies histoires d’amour, c’est celles que l’on partage. »Katell Quillévéré aime les romances contrariées, les histoires impossibles qui finissent par s'arranger - ou pas. Le point de départ se base sur celle de sa grand-mère, ayant eu une relation avec un soldat allemand à 17 ans, pendant l'Occupation. Elle rencontrera son grand-père sur une plage. Le reste appartient à la fiction. Nous sommes plongés dès le début du film dans le cœur du sujet avec des images d'archives, assez violentes pour certaines. C'est l'arrivée des GI, la liesse de la Libération et l’infamie pour les femmes tondues. La populace, souvent passible pendant la guerre, se lâche pour masquer peut-être son manque de réaction à une époque qui n’était pas formidable. On s’interroge d’entrée sur la place de la barbarie. Est-ce que l’on peut combattre celle-ci et devenir barbare à son tour ?
« Ce qui est intéressant avec les années 1950, c’est qu’il s’agit d’une époque d’après-guerre durant laquelle les gens avaient tous des blessures secrètes. Ils étaient hantés par la mort et par les regrets. C’est une époque qui est très riche en matière de fiction. Mais c’est aussi une époque qui était très corsetée, très puritaine. C’est une sorte d’écrin révélateur pour les problématiques qui sont celles du film : le mensonge, la honte, l’amour et la sexualité. Le film a été pensé comme un dialogue entre le passé et le présent. » Katell QuillévéréEntre Madeleine et François, un lien se crée sur une discrimination qu’il partage, un secret inavouable à l’époque. La guerre est encore dans tous les esprits. On cache sous le tapis la poussière de ce que l’on préfère oublier. Encore aujourd’hui, certains sujets restent tabous même si le temps les exhume peu à peu. Il reste encore un travail d’historien important à réaliser. Est-ce que le bonheur est encore possible ? Madeleine porte une croix marquée à vie dans son cœur. Est-ce l'interdiction d’une vie heureuse ? C’est une question qui semble revenir souvent dans les films de la réalisatrice. Le temps d’aimer n’est pas encore pour demain. Il faudra sans doute effacer hier pour qu'il commence. Partir ailleurs, là où personne ne vous connaît est-il suffisant ? Ils pensent se noyer dans la tourmente de la fête tous les soirs, en s'occupant d'un club à Châteauroux. Le poids des secrets reste toujours présent, tapi dans l'ombre, prêt à ressurgir.
« Le temps de vivre, de vivre à deux et pour l'éternité. Pour croire encore au temps d'aimer » Dalida.Madeleine et François croisent la route de Jimmy, lui aussi discriminé pour la couleur de sa peau. Son arrivée dans le couple sème le trouble. Un climat ambigu s’installe et maintient le mystère de ce temps d’aimer. On pense forcément à Jules et Jim, un autre trio célèbre. La réalisatrice marque son film de symboles, notamment à la fête, comme un double visage, un maquillage, un fantôme. Il y aura bien un moment où les fantômes, les secrets cachés les raisons de ce mariage viendront bousculer le quotidien. Les mots ont toute leur importance et le poids d’une lettre, d’un poème, d’une phrase, d’une chanson viendra éclairer la compréhension de cette histoire qui n’aura d’autre raison que de parler du temps d’aimer, des saisons de l’amour.
Patrick Van Langhenhoven
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :
Titre original : Le Temps d'aimer
Réalisation : Katell Quillévéré
Scénario : Katell Quillévéré et Gilles Taurand
Musique : Amine Bouhafa
Décors : Florian Sanson
Costumes : Rachèle Raoult
Photographie : Tom Harari
Son : Thomas Grimm-Landsberg
Montage : Jean-Baptiste Morin
Production : Philippe Martin, Jean-Yves Roubin, Justin Taurand, David Thion et Cassandre Warnauts
Sociétés de production : Les Films du Bélier, Les Films Pelléas et Frakas Productions ; France 2 Cinéma et Frakas Productions (coproductions)
Sociétés de distribution : Gaumont (France), Cinéart (Belgique)
Budget : 9,2 millions €
Pays de production : France, Belgique
Langue originale : français
Format : couleur
Genre : drame
Durée : 125 minutes
Dates de sortie : 20 mai 2023 (Festival de Cannes) 29 novembre 2023
Distribution
Anaïs Demoustier : Madeleine Delambre, née Villedieu
Vincent Lacoste : François Delambre
Morgan Bailey : Jimmy, le GI
Paul Beaurepaire : Daniel, 18 ans
Josse Capet : Daniel, 10 ans
Hélios Karyo : Daniel, 5 ans
Margot Ringard Oldra : Jeanne, 7/8 ans
Ambre Gollut : Marthe, la serveuse de Beaurivage
Thibault Maunoury : un GI provocateur
Simon Rérolle : un GI
Romain Franscico : l'inspecteur de police
Dylan Hawkes : Rémi
Luc Bataini : le maître d'hôtel Beaurivage
Virginie Tardy : la patronne d'hôtel Beaurivage