La légende commence par des éléphants titanesques et un mage noir, Mordred, en un temps où la magie et les anciens dieux cohabitaient encore. Assoiffés de pouvoir, conduits par Mordred, ils mènent une guerre de chaos où le frère trahira le frère. L’épée ne protège peut-être plus personne des années sombres à venir. Merlin abandonne le monde à sa déchéance. Il sait que bientôt un temps nouveau soufflera pour chasser la brume noire. Uther met fin à la cohorte des mages sombres en tuant Mordred. De l’ombre sort un frère, Vortigern, assoiffé de puissance. Il tue Uther Pandragon et condamne son fils à l’oubli avant de s’emparer du trône.
L’enfant se retrouve au cœur des rues de la cité où il devient le roi des voleurs et des manants. Vortigern vole les enfants et pousse son peuple à construire une tour pour tutoyer le ciel. Son ambition grandit de jour en jour. Il n’est plus rien qui l’arrêtera dans sa folie. La tour achevée, la nuit s’abattra sur le royaume. Le destin et les dieux en décident autrement. Une main jaillit de la foule des parias et ôte Excalibur de la roche. Alors le temps du renouveau s’annonce, poussent les blés et les ruisseaux de nouveau à l’abondance des saisons. Le monde possède un nom pour clamer son espoir, Arthur. Commence un chemin de douleur, avec des compagnons d’infortune, et le dernier mage blanc, commandant à la nature et aux animaux pour guide. La route est longue et le mal possède plus d’un atout pour bloquer la reconquête du trône de son père.
Commençons par le contre, cette version sans saveur et sans intérêt du mythe de la légende du Roi Arthur. Une épée dans un rocher, une table ronde et quelques noms ne font pas une légende. Nous n’avons rien contre le fait de réinterpréter les mythes mais pas le grand n’importe quoi bordélique. Arthur devient le prince des voleurs. L’usurpateur Vortigern est le frère d’Uther Pendragon. Merlin est rayé de la carte et Excalibur un bout de ferraille dans un rocher. Il ne reste presque plus rien de la Dame du lac, de Morgan. Mordred est un vague mage noir sans lien avec Arthur. On passera sur les incohérences tellement nombreuses dans la filiation des personnages et le rapport au mythe originel. Je pourrais continuer comme cela avec un rien de colère en reprenant tout le film. Le défaut du Roi Arthur La Légende d’Excalibur, c’est bien son titre et son attachement à un mythe fondateur. Oui nous pouvons réinterpréter une légende, mais certaines mérite plus de respect que d’autres. Au passage, nous noterons que de plus en plus dans la société il revient sous une forme ou une autre.
La colère étant mauvaise conseillère disent les anciens, regardons le sous un autre angle, celui de l’heroic fantasy, sous-genre de la fantaisie mettant en scène une histoire épique avec un héros central pour faire simple. C’est bien de ce côté que le film trouve ses références et son inspiration, de façon assez classique. Nous retrouvons le traitre conspirateur et manipulateur poussé par les ombres noires comme dans Le seigneur des anneaux. La tour est une référence à ce dernier. Elle-même reprise du mythe d’Arthur avec la tour construite par l’usurpateur Vortigern qui tua Pendragron. C’est Merlin qui dévoile l’énigme de sa construction en perpétuel recommencement. Sous la tour, deux dragons, un blanc et rouge, s’affrontent. Toujours dans l’esprit de l’heroic fantasy, nous retrouvons la figure du roi déchu devenu voleur et ignorant ses nobles origines. C’est l’idée d’un roi vivant au cœur de son peuple, qui en connaît les souffrances et les espoirs, pour mieux le guider par la suite. Merlin et les druides de la mythologie celtique sont remplacés par des mages, personnages incontournables de l’heroic fantasy.
C’est donc à ce genre qu’emprunte la majorité du récit de ce Roi Arthur : La Légende d’Excalibur avec un soupçon de mythologie antique. On se dit : « bienvenue dans une saga bling-bling », série B sympa avec une touche de film de gangsters propre au réalisateur. Le bestiaire démoniaque cool est hélas assez restreint et peu exploité. Le cinéma hollywoodien, en manque de contenus, privilégie la forme plus que le fond. Guy Ritchie impose son style speed, en forme de clip, caméra sous acide, enlevée et rythme soutenu, ce qui n’est pas pour déplaire. Certaines séquences sont même assez bien troussées pour rester dans l’esprit d’un moyen-âge fantastique. Nous trouvons un clin d’œil au cinéma d’arts martiaux avec un maitre venu de l’Extrême-Orient et son école de combat. Vu sous cet angle et avec un autre titre, le film serait assez prenant. Conclusion, nous dirons non à un roi Arthur, oui à une série B d’heroic fantasy sympathique.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : King Arthur: Legend of the Sword
Titre français : Le Roi Arthur : La Légende d'Excalibur
Titre de travail : Knights of the Roundtable: King Arthur
Réalisation : Guy Ritchie
Scénario : Joby Harold, Guy Ritchie, David Dobkin et Lionel Wigram, d'après une histoire de Joby Harold et David Dobkin
Direction artistique : Thomas Brown
Décors : Gemma Jackson
Costumes : Annie Symons
Photographie : John Mathieson
Montage : James Herbert
Musique : Daniel Pemberton
Production : Akiva Goldsman, David Dobkin, Joby Harold, Guy Ritchie, Tory Tunnell et Lionel Wigram
Producteurs délégués : Bruce Berman et Jeff Kleeman
Coproducteur : Max Keene
Sociétés de production : Safehouse Pictures, Village Roadshow Pictures, Warner Bros., Weed Road Pictures et RatPac-Dune Entertainment
Distribution : Warner Bros.
Budget : 102 000 000 USD
Pays d'origine : États-Unis, Royaume-Uni et Australie
Langue originale : anglais
Genre : aventure, action
Durée : 126 minutes
Dates de sortie : 17 mai 2017
Distribution
Charlie Hunnam (VF : Julien Allouf) : le Roi Arthur
Àstrid Bergès-Frisbey (VF : Élisabeth Ventura) : La Mage
Djimon Hounsou (VF : Frantz Confiac) : Bédivère
Aidan Gillen (VF : Yann Guillemot) : Bill Graisse d'oie
Jude Law (VF : Alexis Victor) : Vortigern
Eric Bana (VF : Julien Kramer) : Uther Pendragon
Mikael Persbrandt : Kjartan
Kingsley Ben-Adir (VF : Mohad Sanou) : Tristan dit "bâton mouillé"
Neil Maskell (VF : Jérôme Pauwels) : Fesse d'huître
Michael McElhatton (VF : Jean-Bernard Guillard) : Œil de Jack
Geoff Bell : John
Tom Wu : George
Freddie Fox : Rubio
Craig McGinlay : Perceval
Peter Ferdinando (VF : Sylvain Agaësse) : Le comte de Mercie
Katie McGrath (VF : Julia Boutteville) : Elsa
Annabelle Wallis (VF : Dorothée Pousséo) : Maid Maggie
Hermione Corfield (VF : Émilie Beauregard) : Syren
Lorraine Bruce : Syrena
Millie Brady : Princesse Catia
Kamil Lemieszewski : Merlin
Poppy Delevingne : Ygraine
Rob Knighton : Mordred
Peter Guinness : un Baron
David Beckham : Trigger