Le prix du succès
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En Bref
Brahim est désormais sur le sommet de la montagne, il est temps de choisir son horizon. Le spectacle de stand-up trouve enfin son public et lui ouvre la voie du succès. Il le doit à la qualité de son humour et à Linda qui vient d’entrer dans sa vie. L’amour semble le porter. Il est temps de repenser sa carrière et d’évoluer pour quitter le cercle des pubs minables et des petites salles. Brahim comprend que l’heure de définir une nouvelle voie sans se compromettre sonne ! Sur les conseils de Linda, il prend Hervé comme agent et prépare un nouveau spectacle pour la rentrée dans une grande salle. C’est sans compter avec son frère Mourad, compagnon de galère des débuts. Brahim découvre le poids de la famille qui espère bien profiter de la donne. Plus que la concurrence, elle se montre vorace et sans compromis. Elle s’arroge le droit des liens du sang pour tout se permettre et réclamer sa part du succès. Les méthodes parfois radicales de Mourad n’ont plus leur place dans la nouvelle vision de la carrière de Brahim. Les coups de poing et les petits arrangements sur le dos de la vedette trouvent leur limite. Il est temps pour elle de changer d’équipe si elle souhaite s’envoler vers les sommets. Hélas, la famille ne lâche pas le morceau et se sent plus solidaire de Mourad rejeté que de Brahim. Peu à peu s’installe une ambiance où les coups bas mèneront les deux frères autrefois solidaires vers les chemins de la haine. C’est l’heure des choix de toute une vie et la violence parle un autre langage qui jettera tout le monde au tapis.
Teddy Lussi-Modeste sortait en 2011 un premier long métrage Jimmy Rivière sur la difficulté d’échapper à sa famille en suivant sa propre route. Fils de Forain formé à la FEMIS, sa famille voit d’un mauvais œil son choix d’embrasser une carrière cinématographique. Le Prix du Succès est le prolongement de sa réflexion autour de la famille confrontée à la gloire de l’un des siens. Il est peut- être inspiré par Jamel Debbouze, évoquant en partie la thématique dans le documentaire Jamel en vrai en 2002. Teddy Lussi-Modeste nous dit dans l’interview accompagnant la sortie du DVD qu’il a rencontré des rappeurs, des humoristes et des acteurs pour construire son scénario. Le choix d’une famille d’origine maghrébine renforce les liens du clan comme chez les gitans de Jimmy Rivière. Il choisit une famille dévorante et envahissante qui accepte mal qu’on l’écarte. Plus que les années de galère partagées, c’est le poids d’un frère qui entraine Brahim dans une voie sans issue. Les mauvais choix de Mourad forcent Brahim à choisir sa carrière contre son frère.
Il n’avait pas prévu les réactions violentes de celui-ci qui vont crescendo. Elles renvoient à une autre thématique déjà présente dans le premier long métrage, l’émancipation. Elle est vue d’un mauvais œil par la famille qui ne conçoit pas que l’un de ses membres devienne indépendant. La vie ne se conçoit qu’à l‘intérieur du clan. L’émancipation de Brahim se traduit par sa volonté de vivre seul avec Linda, de voler de ses propres ailes, de choisir son style. Tout ceci n’est pas sans conséquence. Il comprend que son pire ennemi est peut-être au sein de la famille, plus qu’à l’extérieur. Teddy Lussi-Modeste nous interroge sur le succès et ses conséquences, les compromis, l’authenticité pervertie, le sacrifice, et bien d’autres sous-entendus.
La gloire n’est pas forcément un cadeau quand les remous qu’elle crée portent à la destruction et au chaos. Le réalisateur choisit une mise en scène sans compromis portée par ses trois acteurs principaux. Roschdy Zem compose un personnage complexe, à la violence rentrée, qui ne demande qu’à exploser. Il sème le doute dans son attitude entre l’image du grand frère protecteur et celui à qui tout est dû. Tahar Rahim, tout en finesse, semble mené par la situation dans un premier temps avant de nous surprendre. Maïwenn dévoile une autre facette de son talent dans un personnage tout en douceur et retenue. Le Prix du Succès confirme un jeune réalisateur prometteur qui a eu raison d’imposer ses choix contre vents et marées.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus :
Interview : Réalisateur Teddy Lussi-Modeste
Tahar Rahim, Roschdy Zem,
Titre français : Le Prix du succès
Titres de travail : Ça c'est la famille puis Un vrai bâtard1
Réalisation : Teddy Lussi-Modeste
Scénario : Teddy Lussi-Modeste et Rebecca Zlotowski
Montage : Julien Lacheray
Direction de la photographie : Julien Poupard
Musique :
Production : Jean-Christophe Reymond et Amaury Ovise
Format : Couleur - Ratio : 2,35:1 - Son : Stéréo DTS
Distributeur : Ad Vitam
Pays d'origine : Drapeau de la France France
Genre : Drame
Durée : 92 minutes
Dates de sortie : 30 août 2017
Distribution
Tahar Rahim : Brahim
Roschdy Zem : Mourad
Maïwenn : Linda
Grégoire Colin : Hervé
Ali Marhyar : Lenny
Camille Lellouche : Camille
Saida Bekkouche : Wassila
Meriem Serbah : Inès
Salma Lahmer : Meriem
Kader Kada : Kader
Malika Birèche : Malika
Hocine Choutri : Hocine
Steve Tientcheu : Doumams
Akim Chir : Walid
Abdelkader Hogguy : Mehdi
Abdoulaye Fofana : l'imam
Walid Afkir : le Fâcheux
Inès Rau
