Dans une reconstitution impeccable qui fleure bon la nostalgie des années 50 et 60, nous allons assister à une histoire vraie, un morceau de bravoure et une bonne dose de pédagogie à l’usage des jeunes Américains, comme aime à les dispenser Steven Spielberg.
En pleine guerre froide, un avocat d’assurances plus familier des litiges entre firmes et clients que de politique étrangère, se retrouve commis d’office pour défendre un espion russe. La situation est assez inattendue, et l’on découvre l’arrière-plan cynique d’une certaine forme de diplomatie. On fournit au traitre coco un avocat pour montrer au monde entier que les USA sont une grande démocratie qui défend même ceux qui veulent sa perte. Mais on n’en prend pas un qui soit trop compétent, il faut que le coupable paie ses crimes tout de même. Pour James Donovan (Tom Hanks) impossible de refuser une telle mission, il doit servir son pays et en être fier. Seulement, le voilà exposé à la vindicte populaire (complice des rouges !) et sa famille menacée. Pis, en bon adepte du droit, une fois lancé, il va se mettre à vouloir défendre selon tous les moyens de la loi et la constitution son client, au grand dam du juge et de la CIA qui pensaient le manipuler.
Dans une reconstitution impeccable qui fleure bon la nostalgie des années 50 et 60, nous allons assister à une histoire vraie, un morceau de bravoure et une bonne dose de pédagogie à l’usage des jeunes Américains, comme aime à les dispenser Steven Spielberg.
En pleine guerre froide, un avocat d’assurances plus familier des litiges entre firmes et clients que de politique étrangère, se retrouve commis d’office pour défendre un espion russe. La situation est assez inattendue, et l’on découvre l’arrière-plan cynique d’une certaine forme de diplomatie. On fournit au traitre coco un avocat pour montrer au monde entier que les USA sont une grande démocratie qui défend même ceux qui veulent sa perte. Mais on n’en prend pas un qui soit trop compétent, il faut que le coupable paie ses crimes tout de même. Pour James Donovan (Tom Hanks) impossible de refuser une telle mission, il doit servir son pays et en être fier. Seulement, le voilà exposé à la vindicte populaire (complice des rouges !) et sa famille menacée. Pis, en bon adepte du droit, une fois lancé, il va se mettre à vouloir défendre selon tous les moyens de la loi et la constitution son client, au grand dam du juge et de la CIA qui pensaient le manipuler.
En assureur zélé, voilà que Donovan, pour sauver la peau de son espion, va suggérer qu’il pourrait être maintenu en vie plutôt qu’exécuté, devenant ainsi une monnaie d’échange virtuelle au cas où des p’tits gars bien de chez nous se feraient prendre à leur tour dans les griffes de l’ours de Moscou. Et c’est ainsi que James Donovan devient un négociateur malgré lui pour échanger à Berlin Est, sur le fameux pont de Glienicke, son protégé non pas contre un mais deux Américains.
Spielberg a toujours alterné des films de divertissement (ET, Les dents de la mer) et des films historiques (La liste de Schindler, Il faut sauver le soldat Ryan) destinés à raviver la mémoire ou éduquer les jeunes, public auquel il s’adresse volontiers, en inculquant des valeurs à travers des destins héroïques.
Le pont des espions se situe dans la deuxième catégorie. Dans une image léchée, rétro, aux couleurs d’automne et voitures d’époque, nous plongeons avec délice dans un récit construit, peu connu et plein de rebondissements. Tom Hanks est magistral dans son rôle. A la fois homme ordinaire et plein de courage car porté par son sens moral que rien ne peut décourager, il va traverser les épreuves contre tous les supérieurs qui voudraient le freiner. Mark Rylance campe un espion russe imperturbable, forçant le respect par sa façon de ne manifester ni peur ni espoir ni agitation, quel que soit son sort (« pourquoi, ça aiderait ? ») au point que son attitude finit par avoir une résonnance drôle sur le mode pince-sans-rire. On est moins étonné lorsque l’on voit que les frères Coen sont crédités au scénario.
Bien sûr on n’échappe pas au couplet sur la famille et sur quelques traits manichéens, si l’Amérique a des teintes dorées, tout ce qui se passe à l’est prend des couleurs vert-de-gris. Mais au-delà de ces quelques conventions, ce qui perce c’est bien la dénonciation de la violence faite aux hommes par leurs semblables (évocation de la torture et des assassinats de ceux qui essaient de franchir le mur de Berlin). Et avant tout, le credo de Spielberg, ce qu’il veut nous enseigner, c’est qu’il faut rester fidèle à ses valeurs, résister aux pressions et que, même si l’on ne réussit pas toujours, au moins, au fond de soi, on sait qu’on a raison.
Dans notre époque agitée, on a déjà entendu des raisonnements plus spécieux.
Françoise POUL
Bonus:
Titre original : Bridge of Spies
Titre français : Le Pont des espions
Titre provisoire : St. James Place
Réalisation : Steven Spielberg
Scénario : Matt Charman et Joel et Ethan Coen
Direction artistique : Anja Müller et Marco Bittner Rosser
Décors : Adam Stockhausen
Costumes : Kasia Walicka-Maimone
Photographie : Janusz Kamiński
Montage : Michael Kahn
Musique : Thomas Newman
Production : Kristie Macosko Krieger, Marc Platt et Steven Spielberg
Coproducteur : Christoph Fisser, Henning Molfenter et Charlie Woebcken
Producteurs délégués : Daniel Lupi et Adam Somner
Sociétés de production : Amblin Entertainment, DreamWorks SKG, Fox 2000 Pictures, Studios de Babelsberg, Reliance Entertainment, Marc Platt Productions et Participant Media1
Distribution : Walt Disney Studios Motion Pictures (États-Unis), 20th Century Fox France (France)
Pays d’origine : États-Unis, Allemagne, Inde
Langues originales : anglais, allemand et russe
Durée : 141 minutes
Budget : 40 millions de dollars
Format : Couleur - 2.35:1 - 35 mm / son Dolby Digital
Genre : thriller d'espionnage
Dates de sortie : 2 décembre 2015
Distribution
Tom Hanks (VF : Jean-Philippe Puymartin) : James B. Donovan (en)
Mark Rylance (VF : Gabriel Le Doze) : William Fischer / Rudolf Abel
Victor Verhaeghe : Agent Gamber
Eve Hewson (VF : Anne-Charlotte Piau) : Jan Donovan
Amy Ryan : Mary Donovan
Alan Alda : Thomas Watters
Billy Magnussen : Doug Forrester
Edward James Hyland : Earl Warren
Sebastian Koch : Wolfgang Vogel
Peter McRobbie : Allen Dulles
Austin Stowell : Francis Gary Powers
Domenick Lombardozzi : agent Blasco
Michael Gaston : agent Williams