Jean-Michel Rouche anime une émission littéraire sur le petit écran. Il fait la pluie et le beau temps dans le cercle intellectuel de l’édition, ses avis font et défont les carrières, il est autant admiré que redouté. Voilà qu’un beau jour est exhumé un manuscrit rédigé par un parfait inconnu, Henri Pick, pizzaiolo breton, qui du jour au lendemain devient un best-seller. Trop beau pour être vrai déclare Rouche à l’antenne, signant ainsi son éviction de la télévision. Ce qui déclenche chez lui l’envie de mener l’enquête.
Le film de Bezançon démarre sur des clichés. Pendant une émission consacrée aux livres, les gens sont cultivés donc incompréhensibles, jargonnant de concert dans la plus grande autosatisfaction. Puis fait irruption cet ouvrage inconnu exhumé d’un endroit incroyable : la bibliothèque des manuscrits refusés, quelle belle idée. Or celle-ci se trouve à Crozon, Finistère où, bien sûr, quand notre héros en chute libre arrive, il pleut. Mais le réalisateur est plus fin que cela. Il va nous entrainer dans une enquête échevelée dans laquelle Joséphine-Camille Cottin, fille du désormais célèbre Henri Pick, va accompagner Jean-Michel Rouche-Luchini. Jouer des clichés en est peut-être un, mais tout de même, lorsque Joséphine fait face à Jean-Michel qui nous sert sa traditionnelle mimique de Droopy en lui lançant : « Ah non ! Ne faites pas cette tête-là ! », on sent la jubilation sur le tournage, extrêmement communicative.
Un des ressorts comiques est l’opposition Paris Province, l’autre est de mettre Luchini en position de faiblesse. Son arrogance sur le plateau entraine son licenciement et une séparation qu’il n’avait pas prévue. Comme le ton est à l’optimisme bourru, on découvre des personnages qui sont bousculés par l’intrusion dans leurs vies de ce succès de librairie inattendu. Les voilà réveillés, secoués et c’est ce sentiment de résilience qui donne au film sa patte, son ton. Le duel Luchini Cottin est savoureux. L’actrice prouve qu’elle tient la route sur la durée, qu’elle possède un coffre d’actrice. Elle permet aussi un joli contrepoint au jeu de Luchini qui sinon, parfois aurait tendance à en faire trop.
Le mystère Henri Pick est une comédie originale, bien troussée qui donnera, au choix, l’envie de lire ou d’aller en Bretagne. Et pourquoi pas les deux ?
Françoise Poul
Bonus:
Making of (13')
Bande-annonce
Titre original : Le Mystère Henri Pick
Réalisation : Rémi Bezançon
Scénario : Rémi Bezançon et Vanessa Portal, d'après le roman éponyme Le Mystère Henri Pick de David Foenkinos
Décors : Maamar Ech-Cheikh
Costumes : Marie-Laure Lasson
Photographie : Antoine Monod
Son : Marc Engels, Emmanuel Croset, Anne Gibourg et Olivier Walczak
Montage : Valérie Deseine
Musique : Laurent Perez Del Mar
Production : Éric Altmayer, Nicolas Altmayer et Isabelle Grellat
Sociétés de production : Mandarin Films et Gaumont Production ; France 2 Cinéma (coproduction)
Sociétés de distribution : Gaumont Distribution ; A-Z Films (Québec), Athena Films (Belgique) et Pathé Films AG (Suisse romande)
Pays d'origine : France
Langue originale : français
Format : couleur
Genre : comédie
Durée : 100 minutes
Dates de sortie : 6 mars 2019
Distribution
Fabrice Luchini : Jean-Michel Rouche
Camille Cottin : Joséphine Pick
Alice Isaaz : Daphné Despero
Bastien Bouillon : Fred Koskas
Astrid Whettnall : Inès de Crécy
Josiane Stoléru : Madeleine Pick
Marc Fraize : Jean-Pierre Gourvec
Marie-Christine Orry : Magali Roze
Vincent Winterhalter : Gérard Despero
Louis Descols : Vicomte d'Archiac
Philypa Phoenix : Wendy Bellamy
Annie Mercier : Bénédicte Le Floch
Florence Muller : Brigitte Rouche
Hanna Schygulla : Ludmila Blavitsky