Le monde de Nathan

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Un film de Morgan Matthews ,
Avec Asa Butterfield, Rafe Spall, Sally Hawkins,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h51
Royaume-Uni

En Bref

Depuis toujours Nathan communique avec difficulté, autiste profond il s’enferme dans son monde, refusant tout contact. La mort de son père à laquelle il assiste, impuissant, le traumatisant un peu plus, l’éloigne de sa mère. Il était le seul à pouvoir communiquer avec Nathan, voilà ce dernier de nouveau seul face au monde. Le gamin se réfugie dans les maths et semble trouver l’ordre et la rigueur pour tenir sa place et se confronter à la réalité. La vie pourrait suivre son cours comme une rivière tranquille, sans autre aboutissement que la routine quotidienne à ne jamais briser. L’incompréhension, la barrière infranchissable entre la mère et le fils se creusent chaque jour un peu plus.

L’arrivée de Martin, un génie des maths, comme lui rejeté, marginalisé à cause de sa sclérose en plaques, transforme peu à peu le rapport au monde de Nathan. Ensemble ils bâtissent un rêve, parcourent la route jusqu'à ce concours pour entrer dans l’équipe de maths d’Angleterre pour un concours mondial. Les obstacles franchis, il reste le plus grand de tous, se confronter au monde, partir pour la Chine où se déroule la finale. Cette fois, ils devront affronter le monde l’un comme l’autre, pour la première fois pour Nathan et pour un retour dans la cour des vivants pour Martin. Ils seront aidés par les membres de l’équipe où l’enfant ne dépareille pas, un coach au caractère imperturbable et une jeune ado mathématicienne comme eux. Il est temps de prendre sa vie en main, de lutter contre la maladie et de s’ouvrir à l’amour.

C’était l’une des agréables surprises des XIX^e rencontres de cinéma de Gérardmer au mois d’avril. Le monde de Nathan est un film sur le parcours initiatique tiré d’une histoire vraie. Nous suivons Nathan, magnifiquement interprété par Asa Butterfield (Hugo Cabret et bien placé pour être le prochain Spiderman). Comment un jeune garçon tient le cap grâce à son père et la relation qu’il tisse avec lui pour surmonter son handicap. À la mort de ce dernier, son monde s’effondre et les barrières volent en éclat, l’autisme reprend possession de son territoire. C’est la difficulté d’une mère à communiquer avec ce fils refusant de lui ouvrir la porte de son monde. Sally Hawkins est brillante dans le rôle, dommage que le réalisateur se concentre trop sur Nathan oubliant ses seconds rôles. Alors que Rain Man, un homme d’exception, se concentrait sur le handicap et comment trouver sa place, avec celui-ci, Le monde de Nathan parle plus de la difficulté de s’ouvrir au monde.

Il ressemble plus au Monde de Charlie dans ce sens et possède les mêmes qualités du film d’ados intelligent. Une fois dans l’équipe de maths, il n’apparaît plus comme un être bizarre mais comme un ado semblable aux autres. Un autre autiste se montre plus en décalage et donne lieu à une scène où l’un et l’autre ont compris ce qui les rapprochait et les éloignait en même temps. Nathan lutte pour s’intégrer, trouver un sens à sa vie à travers les chiffres, l’autre refuse l’intégration. Ce sont les chiffres qui l’amèneront à croiser la route d’une jeune fille prisonnière comme lui des traditions de son pays. Ils apprendront à se connaître, avanceront ensemble pour finir par construire quelque chose de plus important que les chiffres, le rapprochement ultime, l’amour. Le dernier personnage qui joue un rôle important c’est Martin (Rafe Spall) son professeur de soutien en mathématiques, lui aussi souffrant d’un handicap.

Il permet au gamin de s’éveiller tout comme l’autre le libère de son échec au concours et de son enfermement. La grande thématique qui touche tous les individus, c’est bien l’enfermement, la prison que l’on se construit ou que la maladie nous impose. Chacun à leur façon, ils devront parcourir la route initiatique pour se libérer et prendre en mains leur destin. C’est le premier film de fiction de Morgan Matthews, venu du documentaire. Il trouve son inspiration lors d’un doc sur les surdoués du concours de maths Beautiful Young minds. En jouant la carte du style documentaire dans une mise en scène sobre et sans esbroufe, il nous coupe d’une certaine empathie. Heureusement, les acteurs arrivent à nous entrainer dans cette histoire qui aurait mérité un peu plus de lyrisme.

Dans l’ensemble, c’est un très bon film. Le côté mathématique de la mise en scène est aussi sa force. Il lui évite de sombrer dans un pathos ou dans trop d’onirisme qui gâche parfois le récit. L’aspect documentaire, visible dans la découverte du monde de son amoureuse et le jeu des comédiens offrent de belles séquences où les sentiments portés par le jeu des acteurs trouvent leur résonnance dans le monde qui les entoure. Le monde de Nathan est un film à découvrir et à soutenir. Morgan Matthews devrait trouver, de fiction en fiction, son style prometteur.

Patrick Van Langhenhoven