Enzo Ferrari règne en maitre incontesté sur les Vingt-Quatre Heures du Mans. Endetté, mais toujours vainqueur, il se voit offrir une opportunité de partenariat avec Henry Ford Junior. Les Américains sont prêts à tout pour entrer dans la course et gagner. Ford doit trouver un nouveau terrain de jeu pour se développer. Le vieux renard rusé refuse l’offre, dans une habile tactique pour faire grimper les enchères et s’en sortir haut la main. La maison Ford, folle de rage, est prête à tout pour prendre sa revanche. Il en va tout autrement pour créer les bolides monstrueux capables de rivaliser avec l’Italien. La rivalité entre les deux constructeurs prend des proportions de défi pour Henry Junior. Il lui faut trouver le magicien capable de faire des miracles. Ce seront Carroll Shelby et son ami pilote Ken Miles. Ils ne vivent que pour la beauté de la machine et de la victoire. Passionnés, ils n’hésitent pas à emprunter des chemins de traverse pour atteindre leur objectif. C’est la loi des marchands face à l’enthousiasme, la passion qui se joue dans un premier temps. Après quelques échecs, Carroll Shelby obtient la main sur le jeu et la compétition. C’est ainsi que commence l’impossible aventure qui donnera naissance à une voiture mythique et l’une des plus grandes courses automobiles. Tout ceci ne se fera pas sans sacrifice et moult difficultés à relever, mécaniques et techniques. Ils possèdent un atout dans leur manche, un pilote d’exception faisant corps avec le bolide, Ken Miles.
Derrière cette quête de la Ford GT40 se cache un film sur le dépassement de soi marqué par une certaine spiritualité. Loin des machines et de leurs vrombissantes carcasses, c’est l’âme du conducteur lié à la mécanique pour aller plus loin, plus vite. Il n’est pas question de mécanique ni de pièces de métal mais de l’âme mécanique se transformant pour servir l’homme. Ce dernier devient aussi le serviteur du métal, lancé à toute vitesse pour atteindre un point infini où plus rien n’existe. Ni machine ni humain et pourtant ils sont bien là, dirait le maitre. C’est donc à travers ces personnages que le film lance sa route vers la victoire. Elle n’est pas acquise ni gagnée d’avance. Il faudra de la sueur, de l’intelligence et autre chose d’indéfini. C’est une histoire comme l’Amérique les aime, un défi à relever à la face du monde et qu’importe si l’orgueil y est pour une bonne part. C’est la frontière à repousser pour le pionnier, pour atteindre l’inaccessible étoile, le paradis.
L’histoire s’incarne donc dans des figures archaïques, presque bibliques. C’est le vieux sage Enzo Ferrari, maitre du circuit, malin comme un renard. C’est un fils en manque de reconnaissance, Henry Ford, certain de sa victoire, marqué par l’image du père. La cour du roi les conseillera, capable de tout maitriser, maitre de rien. Il faut dépasser la voiture de papa pour voler plus loin, plus haut. Il n’existe rien de mieux que la ferveur des circuits pour sacrifier au veau d’or. C’est cette lutte dans les ombres de la lumière avant qu’elle éclate au grand jour. C’est presque un western crépusculaire, avec la mort en toile de fond. Pour incarner la lutte, il manque deux figures incontournables, le jeune visionnaire sauvage, incontrôlable et le vieux cow-boy revenu de tout. C’est Ken Miles, pilote lié à la machine ne faisant plus qu’un, indomptable forte tête. Il est servi par le jeu tout en fureur lors des confrontations, plus intérieur pendant la course de Christian Bale.
Face à lui, nous retrouvons l’ami de toujours, plus stoïque, en quête de la machine parfaite, Carroll Shelby. Matt Damon, monolithe de doute, ressemble au shérif de Rio Bravo. Il connaît l’issue de la lutte si on ne la laisse pas vous emporter dans sa folie. James Mangold, aux commandes, dirige le bolide sans faux pas, entre éclats de voix, fureur, manipulation, chant du corps comme dans Logan. Il choisit de jouer de la machine comme d’une partie du pilote. Loin des séquences vrombissantes à la Ron Howard, il pénètre dans l’habitacle, dans une valse de métal et de chair. C’était le temps où l’argent n’avait pas encore pris le pouvoir des circuits. Quand l’homme pouvait rêver à quelque chose de plus grand qui le dépasse et en mourir dans la chaleur d’un soir d’été.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Ford v. Ferrari
Titre français : Le Mans 66
Titre québécois : Ford contre Ferrari1
Réalisation : James Mangold
Scénario : Jason Keller, Jez Butterworth et John-Henry Butterworth, d'après Go Like Hell: Ford, Ferrari, and Their Battle for Speed and Glory at Le Mans d'A. J. Baime
Direction artistique : Maya Shimoguchi
Décors : François Audouy
Costumes : Daniel Orlandi
Photographie : Phedon Papamichael
Montage : Michael McCusker
Musique : Marco Beltrami
Production : Peter Chernin, Lucas Foster, James Mangold, Jenno Topping et Alex Young
Producteur délégué : Kevin Halloran
Sociétés de production : Chernin Entertainment ; 20th Century Fox (coproduction)
Société de distribution : Walt Disney Studios Distribution (États-Unis, France)
Budget : n/a
Pays d'origine : États-Unis
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genres : biographie ; drame, sport
Durée : 152 minutes
Dates de sortie : 13 novembre 2019
Distribution
Matt Damon (VF : Damien Boisseau ; VQ : Gilbert Lachance) : Carroll Shelby
Christian Bale (VF : Philippe Valmont ; VQ : Antoine Durand) : Ken Miles
Caitriona Balfe (VQ : Véronique Marchand) : Mollie Miles
Jon Bernthal (VF : Jérôme Pauwels ; VQ : Frédérik Zacharek) : Lee Iacocca
J. J. Feild : Roy Lunn (en)
Noah Jupe : Peter Miles
Josh Lucas (VQ : Patrice Dubois) : Leo Beebe
Tracy Letts (VQ : Daniel Picard) : Henry Ford II
Benjamin Rigby : Bruce McLaren
Jack McMullen (VQ : Xavier Dolan) : Charlie Agapiou
Corrado Invernizzi : Franco Gozzi
Ian Harding : Jimmy
Wallace Langham (VF : Jérôme Keen) : Dr Granger
Ray McKinnon (VQ : Benoît Gouin)