Leslie Konda, sous la coupe de Didier, un agent looser, réussit grâce à son talent à s’élever au premier rang, celui d’une probable sélection chez les Bleus. Auréolé de toute cette gloire nouvelle, il débarque dans la terre de ses origines, le Botswanga. Le petit Français revient aux racines de ses ancêtres pour un ultime hommage à sa mère défunte. Il retrouve une nation, sans doute loin de l’image que lui dévoila sa mère, quand elle racontait le rêve perdu d’un monde qui l’avait vue naitre. Didier et Leslie reçoivent un accueil de stars, digne d’un chef d’État. Très vite, ils comprennent les intentions du nouveau leader dictateur de pacotille parano et bon à enfermer à l’asile. Ils ne peuvent émettre un effet de non-recevoir à la demande de voir jouer Leslie dans l’équipe du Botswanga. D’une main, on flatte Leslie en l’emmenant dans le village de ses ancêtres, les grandes oreilles une tribu en lutte contre le dictateur. D’un autre côté, on soudoie sans trop de mal Didier, prêt à tout contre une mallette pleine de billets. Il reste la petite oie blanche, pas avant le mariage, qui séduit notre footballeur par ses yeux de biche enamourée. Pris dans la nasse, notre duo aura bien du mal à sortir du piège, avec en plus, au loin, une bande de dignitaires qui commence à trouver notre Bokassa de pacotille très embarrassant. Nous n’avions pas été sous le charme du premier film de l’équipe issue du Jamel Comedy Club, Case départ, trouvant très vite ses limites caricaturales et sans intérêt. Enfant de Devos, Desproges, Oury, Zidi dans la grande période, nous sommes habitués à une comédie boostée aux bons jeux de mots, aux situations délirantes avec un fond de réflexion sur la société.
Le crocodile du Botswanga se transforme vite en ce qu’il est, une comédie agaçante par sa caricature qui transforme l’Afrique en une image d’Épinal digne des colonies, dans le mauvais sens. Vous me direz, quand le cliché touche à ce point à la stupidité, par un propos rabaissant les personnages au niveau le plus désolant, cela deviendrait presque de l’art négatif. Ramener l’Afrique et ses dictateurs à cette figure de tribu sauvage restée encore à l’époque de la case, sous la coupe du premier imbécile venu, s’avère plus que trompeur. Dans le même ordre d’idées, je lui préfère Le dernier roi d’Écosse, beaucoup plus inquiétant. Certains me diront que c’est une farce potache à prendre au premier degré, juste pour se marrer. Je n'ai pas trop envie de rire sur des clichés que l’Afrique et les Africains tentent de défaire depuis des siècles. Longtemps elle fut réduite à des documentaires prenant pour angle les violences tribales, le trafic de drogue et l’immigration clandestine, grands enfants, massacres interethniques, corruption d’État. C’est tout ce que nous retrouvons dans le film, sous le fard de la comédie. Nous comprenons les références à cette Afrique spoliée par ses soi-disant bienfaiteurs chinois et les plantations de riz, Total, la déforestation, les petits Blancs profiteurs, il manquait de la finesse et un peu d’espoir. Nous avons du mal avec le discours très limite à stature militaire et ses relents racistes envers les Juifs d’Idi Amin Dada d’Ouganda, le côté souverainiste de l’autoproclamé Empereur de Centrafrique Bokassa et enfin Moussa Dadis Camara de Guinée, connu pour son coup de sang envers un homme d’affaires blanc. Que vient faire tout le discours sur la gloire de l'Allemagne fasciste d’un temps que nous ne nommerons pas ? Le crocodile du Botswanga ne représente pas le renouveau de la comédie mais plutôt un genre vieillot voulant rire de tout mais n'y arrivant pas.
Patrick Van Langhenhoven
Réalisateurs : Lionel Steketee et Fabrice Éboué
Scénaristes : Fabrice Éboué et Blanche Gardin
Musique : Guillaume Roussel
Montage : Frédérique Olszak
Chef décorateur : Maamar Ech-Cheikh
Costumes : Pierre-Jean Larroque
Producteur : Alain Goldman
Société de production : Légende Films - coproduction : M6 Films et Mars Films
Distribution : Mars Distribution
Lieu de tournage : Cuba (ICAIC) / Afrique du Sud (Glen Afric) /France (Bry-sur-Marne, studio)2
Genre : comédie
Durée : 90 minutes
Thomas N'Gijol : Bobo Babimbi, le dictateur africain
Fabrice Éboué : Didier, l'agent du jeune fooballeur
Ibrahim Koma : Leslie Konda, le jeune footballeur
Claudia Tagbo : Maman Jacqueline, la Première dame, la femme du dictateur
Franck de Lapersonne : Monsieur Pierre, le conseiller blanc du dictateur
Ériq Ebouaney : Lieutenant Yaya, le bras droit de Bobo
Amelle Chahbi : Karina
Étienne Chicot : Taucard, le patron de Totelf
Pascal N'Zonzi : le ministre des cabinets
Mokobé : l'animateur
Hélène Kuhn : Léa, la fille de Monsieur Pierre
Issa Doumbia : Le gardien