Tout commence dans la chaleur de Jérusalem devant le mur des Lamentations. Hercule Poirot réunit les trois sommités religieuses de la ville sous l’œil du représentant de l’armée de Sa Gracieuse Majesté. Une relique sacrée disparaît et les soupçons se portent sur l’un ou l’autre des hommes de Dieu. L’affaire est résolue avec brio par notre ami aux petites manies encombrantes, nous le verrons par la suite. Un pauvre gamin court par deux fois pour apporter à notre enquêteur des œufs parfaits. C’est ainsi qu’Hercule Poirot embarque dans l’Orient- Express pour revenir au pays. Le petit homme souhaite goûter un repos mérité et refuse de protéger Edward Rachett, le milliardaire menacé de mort par lettre interposée. Celle-ci n’était pas de vaine parole mais bien à prendre avec sérieux. Suite à sa mort dans sa cabine par le plus grand des mystères, Hercule ne peut ignorer cet odieux crime à résoudre. C’est avec tout son talent, ses petites manies et son arrogance, qu’il se met en quête du coupable. C’est au cœur des gens de la bonne société qu’il se fraye un chemin jusqu’au coupable, en évitant le scandale. C’est un jeu délicat dans lequel notre détective agite ses fameuses cellules grises pour cerner la personnalité du meurtrier et, dans un dernier coup d’archet, confond le coupable. Il ignore que cette enquête le place face à une vérité qu’il devra finir par assumer.
«Hercule Poirot est né de la plume d’Agatha Christie. Il est « le plus illustre détective du monde », dixit Poirot lui-même. Policier belge à la retraite, il exerce à Londres la profession de détective, flanqué de son ami et associé, le fidèle Hastings. Il est célèbre pour son crâne en forme d’œuf, sa moustache cirée, ses manies qui confinent à la maniaquerie, sa démarche en ciseaux et ses fameuses « petites cellules grises » qui lui permettent de venir à bout des énigmes et des meurtres les plus mystérieux ». Christophe Petit Génération Séries.
Nous nous souvenons de la version avec Albert Finney réalisée par Sydnet Lumet en 1974 ; Agatha Christie trouvait que la moustache manquait d’ambition. C’est le seul commentaire négatif qu’elle fera. Peter Ustinov endosse les habits du détective à plusieurs reprises. Il nous laisse l’image d’un personnage haut en couleur. Les fans ne semblent pas priser son interprétation. Kenneth Branagh détrônera-t-il, dans le cœur des amoureux de Poirot, David Suchet ? C’est à travers la série télévisée qu’il construit les codes du personnage très proche de celui d’Agatha Christie. L’histoire reprend la trame originale avec quelques variations, comme l’ouverture imaginée par Kenneth Branagh à Jérusalem. Elle présente un Hercule Poirot plus proche de la réalité de la romancière, arrogant, sûr de lui et maniaque jusqu’au bout des ongles. C’est bien le personnage de Poirot que nous découvrons sous un autre aspect.
Le réalisateur acteur s’intéresse à l’âme de celui-ci, une certaine mélancolie, et à la fin de l’enquête, le doute ? Le crime de l’Orient-Express dévoile un homme qui pensait tout connaître du crime et de ses petites affaires. Il pensait qu’un criminel ne méritait que la corde de la potence pour ses actes ignobles. C’est de façon imperceptible que s’ouvre une route initiatique qui finit par le transformer au fond de son âme. Il remet en cause son assurance et peut-être son arrogance face aux coupables. Et si la victime se montrait encore plus diabolique que ses assassins ? C’est bien ce que nous démontrent les douze coups de couteau. Ils posent la question de la justice. C’est en développant toutes ces pistes que cette nouvelle version prend une autre voie pour nous entrainer ailleurs. Kenneth Branagh est aidé par l’interprétation de ses acteurs portés par le film. C’est donc derrière les apparences qu’il nous faudra chercher la réponse à des questions que nous nous posons encore aujourd’hui. Et cette fois, Madame Agatha Christie aurait sans doute été enchantée de la moustache de notre détective belge.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Murder on the Orient Express
Titre français : Le Crime de l'Orient-Express
Réalisation : Kenneth Branagh
Scénario : Michael Green, d'après Le Crime de l'Orient-Express d'Agatha Christie
Direction artistique : Dominic Masters
Décors : Jim Clay
Costumes : Alexandra Byrne
Photographie : Haris Zambarloukos (en)
Montage : Mick Audsley
Musique : Patrick Doyle
Production : Kenneth Branagh, Mark Gordon, Judy Hofflund, Simon Kinberg, Michael Schaefer (en), Ridley Scott, Aditya Sood
Production déléguée : James Prichard et Hilary Strong
Sociétés de production : Genre Films (en), Scott Free Productions et The Mark Gordon Company
Société de distribution : 20th Century Fox
Budget : 55 millions de dollars
Pays d'origine : États-Unis
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : policier
Durée : 114 minutes
Dates de sortie : 13 décembre 2017
Distribution
Kenneth Branagh (VF : Renaud Marx ; VQ : François Trudel) : Hercule Poirot
Tom Bateman (VF : Damien Ferrette ; VQ : François-Simon Poirier) : M. Bouc, directeur de la ligne « Orient-Express », ami de Poirot
Lucy Boynton (VF : Leslie Lipkins ; VQ : Catherine Brunet) : Comtesse Andrenyi
Olivia Colman (VQ : Manon Arsenault) : Hildegarde Schmidt
Penélope Cruz (VF : Ethel Houbiers ; VQ : Viviane Pacal) : Greta Ohlsson
Willem Dafoe (VQ : Sylvain Hétu) : détective Gerhard Hardman
Judi Dench (VQ : Élizabeth Chouvalidzé) : Princesse Dragomiroff
Johnny Depp (VF : Bruno Choël ; VQ : Gilbert Lachance) : Samuel Ratchett, la victime
Josh Gad (VQ : Olivier Visentin) : Hector MacQueen, secrétaire de Ratchett
Manuel Garcia-Rulfo (VQ : Frédérik Zacharek) : Marquez
Derek Jacobi (VQ : Hubert Fielden) : Edward Masterman, valet de chambre de Ratchett
Marwan Kenzari (VQ : Nicolas Charbonneaux-Collombet) : Pierre Michel, employé du wagon-lits
Leslie Odom Jr. (VQ : Marc-André Bélanger) : Docteur Constantine
Michelle Pfeiffer (VQ : Élise Bertrand) : Mme Hubbard
Sergei Polunin (VQ : Christian Perrault) : Comte Andrenyi
Daisy Ridley (VF : Jessica Monceau ; VQ : Laurence Dauphinais) : Mary Debenham