Il y a de ça 10 ans, le public français tombait sous le charme d’un quatuor de copains fort attachant, j’ai nommé Bernard Campan, Jean-Pierre Darroussin, Marc Lavoine et Gérard Darmon. Héros du premier film de l’ancien critique Marc Esposito, ces joyeux lurons avaient conquis par leur sensibilité, leur bienveillance, leur franche camaraderie et l’universalité de leurs histoires. Quatre ans plus tard, c’est avec bonheur donc qu’on les retrouvait dans les salles sombres pour une suite construite à l’identique du premier mais qui commençait déjà à en user les ficelles narratives. Aujourd’hui, on rempile pour un troisième, Gérard Darmon a cédé sa place à Eric Elmosnino pour d’obscures raisons et la sauce semble avoir tourné.
Alex, Antoine et Manu rencontrent Jean, un solitaire, qui ignore les plaisirs de l'amitié. Peu à peu, ils apprennent à se connaître, à s'apprécier. Jean est touché par la complicité et l'affection qui nourrit leur relation, il découvre le bonheur d'être ensemble. Quand leurs aventures sentimentales et les épreuves de la vie les bousculent, ils se regroupent pour les partager, pour se tenir chaud. De confidences en éclats de rires, le trio redevient un quatuor.
A force de courir après l’esprit des films d’Yves Robert, Marc Esposito semble prendre du plomb dans l’aile avec, pour ce troisième opus, un scénario à bout de souffle qui a bien du mal à se renouveler. En effet, si le premier du nom pouvait flirter avec les comédies des années 70 comme Un éléphant ça trompe énormément, celui-ci a bien du mal à se trouver une identité et à s’élever. La faute à une époque, peut-être, où le cinéma s’agglutine sans se réinventer. En tout cas, Esposito met les pieds joints dans cette monotonie du cinéma français et souffre ainsi de certaines comparaisons faciles avec Amitiés sincères ou encore le récent Le grand méchant loup, à l’écriture et la réalisation autrement plus enlevées et grinçantes. Pour boucler son scenario, Esposito se contente souvent de broder autour de vagues histoire de coucheries (un peu prise de tête dans le cas d’Alex) sans franchement prendre le temps de développer ses personnages, leurs conflits et leurs dilemmes. Il préfère rester dans la couche primaire, en façade. Dés lors, l’hypocrisie de l’ensemble agace. Ok, les hommes se féminisent, se font la bise et se confient leurs petits secrets à l’occasion de week-ends à la mer ou de rendez-vous course réguliers au parc Monceau mais pourquoi diable une telle inconséquence avec la tromperie et l’engagement ? De plus, dans un schéma qui traine en longueur, Esposito enchaine les situations sans raccord narratif, de la découverte d’un fils de 10 ans pour le coureur de jupon Alex à l’apparition de l’ex de Jean, dépressive. Jusqu’à revendiquer des références aux anciens volets en évoquant à deux reprises l’amitié perdue de Jeff (Darmon) ne manquant pas de le personnifier en la personne de Zoé Félix (son ancienne compagne dans le film), presque (si ce n’est totalement) dispensable. Cet assemblage de situations et de personnages archétypaux traités en surface ne parvient jamais à prendre ni à émouvoir. Sans compter sur une laideur formelle que l’on retrouve aussi bien dans la direction artistique, la bande son omniprésente et indigeste et le montage champ-contrechamp bien du connu du cinéaste.
Pourtant, on a bien du baume au cœur à retrouver ces trois personnages qu’on a tant aimé regarder se débattre avec leurs péripéties amoureuses et familiales. C’est vrai que le casting charismatique aide un peu à faire abstraction des béances narratives et structurelles. Même si chacun récite toujours le même texte depuis trois films, leur capital sympathie n’a pas pris une ride. Et on accueil avec plaisir le petit nouveau Eric Elmosnino qui joue sa partition de père célibataire effrayé par l’engagement sans fausse note. Du côté des femmes, c’est un peu plus nuancé. Si on a grand plaisir à retrouver Florence Thomassin ou Lucie Phan, d’autres comme Zoé Félix, Valérie Stroh ou Julie Bernard, ne font pas d’étincelles, ou n’en ont simplement pas le temps.
Après le quasi bide de La vérité si je mens 3, Le cœur des hommes 3 est une preuve de plus que l’expression « jamais deux sans trois » ne s’applique pas au cinéma, du moins, en ce qui concerne nos productions bien gauloises. L’ensemble mise tout sur l’interprétation en perdant de vue son sujet et en empilant les évènements. Pronostic ? Très réservé au vu de l’électrocardiogramme vraisemblablement plat du Cœur des hommes (3).
Eve BROUSSE
Bonus
Making of (30')
Modules web
Scènes coupées
Bande-annonce