À bord du Titan, dans la boite d’acier, chacun mène une vie de reclus. Chanteraide est l’Oreille d’or. Sur lui repose la vie des camarades. Il est capable d’isoler et de reconnaitre chaque son. En pleine mission d’extraction en Syrie, il croit percevoir dans l’onde un bruit improbable, le fantôme d’une autre époque. Est-ce une erreur d’interprétation, le retour d’un vieux fantôme qui n’existe plus, reliquat d’une guerre dépassée ? Grandchamp, le commandant, ne doute pas de son oreille qui, jusqu’à maintenant, lui a sauvé la vie sur bien des coups. Dans l’ombre des baleines, au fond des océans, personne ne vous entend crier, sauf l’Oreille d’or. De retour à terre, Grandchamp prend le commandement de l’Effroyable, un sous-marin de dissuasion nucléaire. Son Second devient le chef du Titan dans un climat sous tension extrême. Le monde est au bord de l’apocalypse, quand le président, sous la menace d’un missile atomique, donne l’ordre ultime. Il est trop tard pour arrêter l’Effroyable. Une fois l’ordre lancé, personne ne peut stopper l’apocalypse, même si la vérité dit le contraire. L’amitié, la confiance, les liens créés pendant des mois sous l’océan seront-ils suffisant pour éviter le pire ? Le silence est de mise et la mort une surprise.
Les films de sous-marins ne se ramassent pas à la pelle. Pour les plus emblématiques, nous citerons A la poursuite d’octobre rouge, Dast Boot, Abyss, USS Alabama, Péril en mer, L’espion qui m’aimait, 20 000 lieues sous les mers, Destination Zebra station polaire, et pour le fun Opération Jupons. Comparable aux huis clos, c’est un genre assez difficile où le réalisateur doit faire preuve d’un sens aigu de la mise en scène et de l’image. On salue la prestation sans faute pour un premier film d’Antonin Baudry. Il sait non seulement manier le suspense avec aisance mais aussi nous offrir du grand spectacle avec une certaine réflexion en fond. La première séquence installe l’ambiance et permet de dévoiler les protagonistes du drame dans leurs caractères bien fouillés. Dans la tension de l’extraction d’un commando face à la menace, tout est dit de ces hommes courageux. Le film prend plus des allures de crise par la suite, dans la grande tradition du genre, apocalypse, menace nucléaire.
Dans ce climat tendu, il glisse une enquête du jeune Chanteraide persuadé du bien fondé de ce que son oreille d’or a perçu. C’est ce chant du loup, cette chimère, cœur du jeu machiavélique se jouant à la surface. La vie à bord d’un sous-marin se transforme en découverte complexe de la stratégie de défense et de dissuasion des nations. Une fois l’ordre donné de lancer l’arme nucléaire, il entre en silence et ne répond plus. Pour faire simple, il ira jusqu’au bout. La fin se joue sur la notion d’humanité, d’obéissance aux ordres. Qui reste aux commandes de la machine, un robot sans âme qui exécute la mission ou un homme ? Sous ses airs de blockbuster réussi se cache une réflexion sur notre humanité et les liens que nous tissons avec les autres. Est-ce qu’ils sont plus forts que l’apocalypse ? C’est un régal pour le spectateur. L’autre partie est plus sonore et c’est un monde insoupçonné que nous découvrons. Il existe des oreilles d’or capables de repérer au cœur de la cacophonie, du silence bavard des profondeurs, le son d’un sous-marin, d’un navire, d’un dauphin ou d’une baleine.
C’est du cinéma qui vous emporte et vous transporte dans un autre univers, tout en titillant vos neurones. Reda Kateb confirme encore et encore sa capacité, comme Mathieu Kassovitz et Omar Sy, à tout jouer. François Civil rejoint le groupe des acteurs à suivre qui pourrait bien nous surprendre à l’avenir. Ce premier film ne restera pas silencieux par la promesse d’un réalisateur osant se confronter à des sujets difficiles, avec un sens aigu de la mise en scène et de la narration.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Le Chant du loup
Titre international : The Wolf's Call
Réalisation et scénario : Antonin Baudry
Décors : Benoît Barouh
Costumes : Mimi Lempicka
Photographie : Pierre Cottereau
Son : Nicolas Cantin, Thomas Desjonquères et Raphaël Mouterde
Montage : Nassim Gordji Tehrani et Saar Klein
Musique : Tomandandy
Production : Alain Attal, Hugo Sélignac et Jérôme Seydoux
Coproducteur : Ardavan Safaee
Sociétés de production : Les Productions du Trésor, Pathé Production et Chi-Fou-Mi Productions ; Jouror Productions (coproduction)
Sociétés de distribution : Pathé Distribution (France) ; Alternative Films (Belgique), Pathé Films AG (Suisse romande)
Genre : drame, guerre
Pays d'origine : France
Langue originale : français
Budget : 20 millions d’euros
Format : couleur
Genre : drame
Durée : 115 minutes
Dates de sortie : 20 février 2019
Distribution
François Civil : Chanteraide, l’opérateur sonar, oreille d'or
Mathieu Kassovitz : l’amiral commandant les forces sous-marines et la force océanique stratégique (ALFOST)
Omar Sy : D'Orsi, le commandant en second du sous-marin nucléaire d'attaque Le Titane
Reda Kateb : Grandchamp, le commandant du sous-marin nucléaire lanceur d'engins L'Effroyable
Paula Beer : Diane
Étienne Guillou-Kervern : le maître de central
Damien Bonnard
Jean-Yves Berteloot : le commandant en second du sous-marin nucléaire lanceur d'engins L'Effroyable
Alexis Michalik