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affiche Latifa le cœur au combat

Latifa le cœur au combat

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Un film de Olivier Peyon, Cyril Brody ,
Avec Latifa Ibn Ziaten,

Genre : Documentaire
Durée : 1h37
France

En Bref

Le onze mars 2012, le cœur d’une mère s’est mis à pleurer. Elle aurait pu choisir la haine et la rancœur pour soutenir sa douleur. Elle préfère prendre son bâton de pèlerin et partir sur les routes pour recomposer le dialogue meurtri par la folie. La caméra suit au plus près le combat d’une mère pour que la mort de son fils ne soit pas inutile, dans les écoles, les assemblées parfois initiées par d’autres, ailleurs, pour que les mots soignent les maux de l’âme. Dans ce monde qui perd la tête, où la religion est prise en otage par des fanatiques, elle porte la parole de clémence et ouvre la voie au partage, à la rencontre. Elle n’évacue rien, répond à tout sans avoir à se justifier. C’est ce combat que les réalisateurs souhaitent mettre en avant dans leur portrait d’une mère courage.

La parole est touchante, jamais agressive, toujours dans la tendresse d’une mère pour tous ces enfants perdus. Elle arpente aussi bien les écoles, les prisons, les cercles de femmes. Le dialogue s’ouvre, se libère. Il n’est jamais dans un sens, elle écoute autant qu’elle transmet. Elle répond à tous, à toutes les questions, parfois gênantes, troublantes, son foulard, ses choix de combattre, son refus de la vengeance, etc. Elle peut parfois apparaître naïve et simpliste, sa force c’est le cœur d’une mère qui se met à nu. Il est touchant et sincère et réussit là où les discours ambigus, plus tarabiscotés ont échoué. Le film est à la fois le portrait d’un combat et celui d’une femme pleurant au Maroc sur la tombe d’un fils. Latifa le cœur au combat ne peut que nous toucher.


Il ose la réconciliation là où d’autres plantent la graine de la haine. Olivier Peyon, Cyril Brody  la suivent à travers cette démarche pure et sincère, captant ce regard humaniste face aux enfants, agacé devant les laïcs réactionnaires. C’est une séquence qui m’agace particulièrement, des acariâtres centrés sur eux-mêmes, oubliant les valeurs de la liberté de 1789. Ils oublient que la laïcité se base sur la Déclaration des droits de l’homme qui, dans ses articles un et cinq nous dit. Art. 1er. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. Art. 5.  La Loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société. Tout ce qui n’est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas. C’est bien ce que défend Latifa, ses rencontres avec l’autre, celles du partage et de la compréhension.

Il est important dans cette époque de fanatiques de tout bord souhaitant nous entrainer au pays de la haine et de la mort, de nous le rappeler. C’est un discours simple qui peut déjà faire beaucoup. Dans la forme, c’est une caméra vraie qui saisit chaque instant dans sa nature originelle pour un film sans fioriture ni mensonge. Nous avions rencontré Olivier Peyon pour Une vie ailleurs, un long métrage de fiction où déjà la mère était au centre du récit dans un autre combat. Le film évacue parfois les difficultés à monter un voyage entre enfants palestiniens et israéliens en France. Il mériterait un film à lui seul. Nous voyons bien que le dialogue rompu est une cause importante de cette incompréhension ici et ailleurs. Je laisserai la conclusion à un extrait d’une chanson de Gilles Servat : Où nous entraine la haine ? « Où nous entraine, où nous entraine la haine ? Que deviendrai-je, si dans ses bras obscurs je m’abandonne ? Je ne trouverai la paix que si je pardonne. »

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


Réalisation : Olivier Peyon et Cyril Brody

Scénariste : Olivier Peyon et Cyril Brody

Compositeur : Fabien Kourtzer

Producteur délégué : Carole Scotta, Laurence Petit (II), Julie Billy

 Equipe technique

Directeur de la photographie : Cyril Brody et Olivier Peyon

Chef monteur : Lizi Gelbert et Catherine Birukoff

Mixage : Dominique Vieillard