Notre histoire commence en hiver, un matin tranquille, sur une autoroute embouteillée sous le soleil de Californie. Une jeune femme s’élance hors de son véhicule, chante et danse, entrainant les automobilistes à jouir de la vie. Mia est attirée par une petite ritournelle répétitive au cœur des klaxons et, dans un bar, comme les éphémères par le néon du soir. C’est un air du destin joué pour le hasard. C’est celui d’une route embouteillée ce matin où rien ne va plus à la loterie de la vie. Deux cœurs perdus dans la grande ville où tout devient possible quand le jazz et la vieille comédie musicale de l’âge d’or donnent de l’espoir.
Ils vont devoir accorder leurs violons pour chanter la même chanson. De hasard en hasard, de rencontre en rencontre, ces deux-là finissent par jouer la même partition où l’amour est fécond. Chacun partage le rêve de l’autre et le nourrit à sa façon, une boîte de jazz et un « woman show ». Sebastian veut rouvrir le vieux club de jazz devenu un cabaret salsa. Elle rêve de monter sur les planches ou de faire face à la caméra, quand l’art vous porte à vous dépasser. Elle court les castings, le cœur à la dérive. Il joue du piano pour nourrir ses rêves. Ça fait tilt entre leurs deux petits cœurs battant le rythme d’une chanson éternelle, l’amour. La vie les ramène à la réalité. Pour voler de ses propres ailes, il faut en payer le prix. Et si le temps nous oublie, il restera toujours une belle histoire d’amour que personne ne pourra nous voler.
Petit bijou de cinéma relevant le défi de faire du neuf avec des vieux airs de jadis. Sur une trame simple au tempo jazzy, Damien Chazelle concrétise son rêve d’une comédie musicale. Elle débute aux allures des Demoiselles de Rochefort et de Fame éclaboussant l’écran de soleil et du bonheur de vivre. L’histoire n’a pas besoin de prendre des chemins complexes. Elle épouse le tempo de la vie, deux cœurs qui s’aiment et rêvent d’une autre vie. C’est un hymne au cinéma et au jazz, les deux passions du réalisateur. Nous suivons leur histoire de petits Poucet à la recherche du bonheur. La caméra explore leurs âmes et la ville, troisième personnage avec ses rues, ses points de vue, l’observatoire de Los Angeles, ces lieux mythiques que le cinéma immortalise.
Parfois l’imaginaire s’empare de l’histoire pour la sublimer, l’emporter sur deux pas de danse au-dessus de la ville, dans une soirée, dans les rues prenant l’espace de l’imagination un instant. Elle saisit les musiciens de jazz dans la note ultime, fragile, trompette, piano, batterie deviennent la vie. La fureur de vivre débouche sur une magnifique séquence de comédie musicale onirique. C’est un moment magique où les danseurs finissent par se perdre dans les étoiles. Les robes de couleur, le Paris sublimé avec l’horloge d’Un américain à Paris, nous rappelle l’âge d’or de la comédie musicale. Quand l’insouciance prenait le pas sur le malheur pour nous rappeler combien l’existence est belle.
Le film se remplit de fantômes et de moments magiques, les studios où naissent les enfants des grands écrans, deux amoureux et la ville à leurs pieds, une jetée et un couple qui danse, etc. C’est autant de petites perles jaillies du passé recomposé, réinventé pour faire La la Land. C’est une belle déclaration d’amour à la ville imprégnée de toute cette histoire du cinéma et du jazz. Faut-il abandonner son rêve pour plaire au plus grand nombre ? Qu’est-ce qui fait une vie ? La satisfaction d’un petit ronron pépère ou celle d’accomplir son destin ? L’essentiel c’est de se sentir bien dans son âme et son corps, de faire ce qui nous fait vibrer et regarder les étoiles.
Merci aux doux rêveurs même s’ils nous laissent songeur. Il faut un petit grain de folie pour donner des couleurs à la vie. La La Land devient un magnifique mélange de poésie et de cinéma. Nous n’avons qu’une envie, accompagner les pas des danseurs et nous perdre dans le ciel de minuit.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : La La Land
Réalisation et scénario : Damien Chazelle
Direction artistique : Austin Gorg
Décors : David Wasco
Costumes : Mary Zophres
Photographie : Linus Sandgren
Montage : Tom Cross
Musique : Justin Hurwitz
Production : Fred Berger, Gary Gilbert, Jordan Horowitz et Marc Platt
Producteurs délégués : Michael Beugg, Mike Jackson, John Legend et Ty Stiklorius
Sociétés de production : Black Label Media, Gilbert Films, Impostor Pictures et Marc Platt Productions
Sociétés de distribution : Lionsgate (États-Unis), Entertainment One, (Canada), SND (France)
Budget : 30 millions de dollars
Pays d'origine : États-Unis
Langue originale : anglais
Format : couleur - 2.55:1 (CinemaScope) - 35 mm
Genre : film musical, comédie dramatique
Durée : 126 minutes
Dates de sortie3 : 25 janvier 2017
Distribution
Ryan Gosling (VF : Alexandre Gillet ; VQ : Guillaume Champoux) : Sebastian Wilder
Emma Stone (VF : Élisabeth Ventura ; VQ : Catherine Brunet) : Mia Dolan
John Legend (VF : Diouc Koma) : Keith
J. K. Simmons (VF : Philippe Catoire ; VQ : Pierre Chagnon) : Bill
Callie Hernandez : Tracy
Jessica Rothe : Alexis
Sonoya Mizuno : Caitlin
Rosemarie DeWitt : Laura, la sœur de Sebastian
Jason Fuchs (en) : Carlo
Anna Chazelle : Sarah
Terry Walters : Linda
Finn Wittrock (VF : Fabrice Trojani) : Greg
Josh Pence : Josh
Miles Anderson (VF : Patrice Dozier) : Alistar, le photographe
Valarie Rae Miller : Amy Brandt
Tom Everett Scott : David
Meagen Fay : la mère de Mia