: La dernière folie de Claire Darling

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Un film de Julie Bertuccelli,
Avec Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni, Alice Taglioni,

Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h35
France

En Bref

Dans une belle propriété de l’Oise, à Verderonne, une dame d’un certain âge décide de mettre en vente tout ce qu’elle possède, persuadée qu’elle vit le dernier jour de son existence. Cette décision, pour le moins excentrique, provoquera le retour de sa fille, partie depuis de nombreuses années et ravivera, par bribes, un passé enfoui d’où le drame n’est pas absent.

Julie Bertuccelli tourne l’adaptation d’un roman américain de Lynda Rutledge, Le dernier vide-grenier de Faith Bass Darling. Dès les premières images, un sentiment d’irréalité flotte sur le film. Quelque chose de gentiment désuet semble enkysté dans cette demeure un peu fanée qui tient plus de l’antre d’un antiquaire que d’une habitation. Madame Darling elle-même parait sortir d’une autre époque, sensation accentuée par ses légères absences dont on ne sait s’il s’agit de pure fantaisie, de distraction ou d’un état plus grave.

Les gens s’affairent, tourbillonnent autour de Claire, installant cette brocante géante dans le jardin. Puis les chineurs, tels des vautours, viennent acheter tout ce qui peut se monnayer, d’autant que la propriétaire se fiche de l’argent comme d’une guigne.

Mais rapidement, cette espèce de kermesse privée se clôt et on voit poindre ce qui a conduit la douairière à cette folie. Julie Bertuccelli choisit de faire se croiser le présent et le passé dans un jeu d’allers retours bien orchestrés dans lequel les personnages croisent leurs doubles du passé. Et le passé, comme les placards, recèle souvent des cadavres et des histoires peu aimables. Derrière la fantaisie, il y a de la souffrance, une tragédie familiale qui a poussé la fille de Claire à partir, loin, et pensait-elle, définitivement.

Malgré un soin méticuleux accordé à la décoration, aux costumes, et un jeu d’acteurs irréprochable, il est difficile de compatir à ce drame. La mise en scène tirée au cordeau laisse finalement peu de place à l’émotion qui pourtant devrait nous envahir. Nous avons bien l’impression de feuilleter un livre de contes ou un album de famille, mais dans un cas comme dans l’autre, on reste un peu étranger à ce qu’il relate. Deneuve évoque parfois Danielle Darrieux (ce qui est un compliment), et nous sommes touchés de voir sa (vraie) fille à ses côtés. Mais cela est-il un argument ? Voilà un film qui est à ranger au rayon des curiosités… comme dans une brocante.

Françoise Poul