Max Lowe, chirurgien doué, ne supporte pas la mort d’une jeune patiente et se renferme sur lui-même. Il ne croit plus en rien, cette envie de sauver des vies le laisse à terre, face à la mort qui gagne parfois. Il s’échappe en Inde, à Calcutta, pays de l’éveil où tout devient possible. Il croise la route de Joan Bethel, une nonne engagée dans la lutte pour sauver les plus démunis au sein de la Cité de la Joie, le bidonville. Dans un premier temps, il refuse de l’aider à sauver des vies. La foi en la médecine abandonne son cœur à tout jamais. Il finit par changer d’avis et se lance dans une lutte contre les parrains locaux et la misère, pour redonner l’espoir. Le chemin est long et difficile, il manque de tout, mais pas de conviction. Il croise la route d’une famille quittant la campagne pour trouver en ville les chances de construire un avenir meilleur. Ce sont eux qui lui redonneront le goût de lutter pour que le monde change. La Cité de la Joie, portée par la volonté des hommes de bien, changera à tout jamais la vie de tous, des plus humbles, lépreux, conducteurs de pousse-pousse, au médecin venu chercher la paix de l’âme. Max trouvera au cœur du pays des miséreux sa rédemption.
« Tout ce qui n’est pas donné est perdu »
La déchirure trois Oscars en 1984, Mission Palme d’or à Cannes en 1986, Les maitres de l’ombre en 1989 confirment ce réalisateur humaniste aux sujets engagés. Après un voyage en Inde, il se lance sur l’adaptation du succès de Dominique Lapierre La Cité de la Joie. Nous sommes en 1992, le cinéma ultra réaliste n’est pas encore à la mode. C’est donc une mise en scène soignée aux éclairages jouant avec l’ombre et la lumière que propose le réalisateur. Il saisit avec conviction ce petit coin perdu de la Cité de la Joie, au cœur d’une ville immense. C’est bien l’âme humaine qui l’intéresse comme pour ses films précédents. Des hommes et des femmes, souvent tombés à terre, se relèvent en sauvant les autres, dénonçant un système corrompu. Il ne tombe pas dans le misérabilisme, la complaisance, le bon sentiment.
C’est le parcours conduisant souvent à la rédemption qui l’intéresse, cette route semée d’espérance, ce lotus jaillissant de la vase. Dans Mission, c’est la prise de conscience de deux prêtres obligés d’abandonner les Guaranis. Comment la voie menant vers l’autre finit-elle par nous éveiller ? Dans La Cité de la Joie, c’est l’histoire d’un homme que la mort jette à terre qui se relève. Il comprend, dans le sourire et la joie de ces hommes qui n’ont plus rien que leur carcasse et leur dignité au sein de ce territoire de misère, que la vie reste toujours victorieuse. C’est une partie de la réalité sublimée qui nous interroge sur ce monde en plein bouleversement. Il est parcouru par une vague humaniste que les films de Roland Joffé incarnent.
Deux histoires tracent la ligne centrale du récit, l’éveil du docteur au cœur de la pauvreté et des lépreux, image biblique, symbolique et christique. Dieu, les Dieux ne sont jamais loin. L’autre partie nous entraine au cœur d’une famille pauvre descendue des campagnes pour trouver l’espoir. Ils devront en passer par le cœur des ténèbres. C’est un chant de révolte, de partage, de rencontre avec l’autre, de la différence qui nous rend plus grands. La Cité de la Joie reste toujours d’actualité dans une Inde en pleine expansion entre traditions et modernité. Elle nous emporte dans une mise en scène lyrique, réaliste, mais bienveillante à la découverte de l’autre.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus : Comme d’habitude chez Pathé, les bonus sont soignés et apportent un vrai plus à la découverte du film et son élaboration. Roland Joffé, prolixe en anecdotes, nous parle de chaque stade de la réalisation et de ce voyage en Inde déclenchant sa passion pour ce pays. Il n’oublie pas le très beau travail de restauration de Pathé. De quoi donner envie de replonger dans les bidonvilles.
Entretien avec Roland Joffé (40'),
L'Inde et le cinéma (3')
Titre français : La Cité de la joie
Titre original : City of Joy
Réalisation : Roland Joffé
Scénario : Mark Medoff, Gérard Brach d'après le roman La Cité de la joie de Dominique Lapierre
Décors : Roy Walker
Direction artistique : Ashoke Bose, John Fenner
Costumes : Judy Moorcroft
Photographie : Peter Biziou
Musique : Ennio Morricone
Montage : Hervé de Luze et Russell Lloyd (montage additionnel)
Production : Alan Marshall
Sociétés de production : Allied Filmmakers, Lightmotive, Pricel
Sociétés de distribution : TriStar Pictures (États-Unis), AMLF, Fox Pathé Europa (France)
Budget : 27 000 000 de dollars
Pays d'origine : France, Royaume-Uni
Langue : Anglais
Format : Couleurs - 1.85:1 - Dolby - 35 mm
Genre : Drame
Durée : 132 min
Date de sortie en salles : 30 septembre 1992
Date de sortie vidéo : 7 décembre 2019
Distribution
Patrick Swayze (VF : Éric Herson-Macarel ; VQ : Bernard Fortin) : Max Lowe4
Om Puri (VQ : René Gagnon) : Hazari Pal5
Pauline Collins : Joan Bethel6
Vishal Slathia : Joey Barton
Shabana Azmi (VQ : Hélène Mondoux) : Kamla Pal
Ayesha Dharker (VQ : Aline Pinsonneault) : Amrita Pal
Santu Chowdhury : Shambu Pal
Imran Badsah Khan : Manooj Pal
Shyamanand Jalan (VQ : Jean-Louis Millette) : Mr. Ghatak, le parrain
Anjan Dutt : Dr Sunil
Art Malik (VQ : Yvon Thiboutot) : Ashoka Ghatak
Nabil Shaban : Anouar
Debatosh Ghosh : Ram Chande
Sunita Sengupta (VQ : Charlotte Bernard) : Purmina
Loveleen Mishra : Shanta
Pavan Malhotra : Ashish