La belle et la belle

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Un film de Sophie Fillières ,
Avec Sandrine Kiberlain, Agathe Bonitzer, Melvil Poupaud,

Genre : Comédie
Durée : 1h35
France

En Bref

Margaux et Margaux se croisent lors d’une fête, un beau soir quand la vie prend le temps de vous jouer des tours. Elles finissent par comprendre à travers leur échange informel qu’elles ne sont que le reflet l’une de l’autre. Margaux, 45 ans, croise donc Margaux, 25 ans. C’est l’occasion de regarder en arrière et de bouger la ligne frontière du futur. C’est l’occasion pour la plus âgée de reprendre en main les rêves de la petite fille d’hier. Entre les deux, Marc tape le tempo du temps qui pourrait être. C’est le premier amour pour la plus jeune, libre comme l’air, fragile, en quête de ce grand amour indicible. Pour la plus âgée, c’est une vieille liaison qui n’en finit pas de cicatriser. Il leur faudra trouver le sens du tourbillon de la vie pour renouer avec la Margaux rêvée qui restera seule face au miroir. Derrière, Esther la meilleure copine et sa maladie petit crabe vicieux qui s’invite à la danse des vivants pour nous rappeler le poids de la mort. La vie, la mort, le rêve, la magie du merveilleux finissent par avoir raison de la raison pour construire une nouvelle route.

La belle et la belle est une petite comédie amoureuse, merveilleuse, plongeant au fond de notre âme, entre hier et aujourd’hui pour renouer avec la vie. C’est le même destin qui s’entrecroise pour fabriquer une nouvelle symphonie de la vie. L’intelligence de la réalisatrice, c’est de jouer plus dans la veine d’Un jour sans fin dans le registre de la délicatesse et de la tendresse. Réflexion sur soi par soi. Comment modifier la ligne sans la briser, sans perturber la longue spirale temporelle ? À la fin, dans ce jeu cosmique, la petite Margaux dessine une autre temporalité dans un univers peut-être parallèle pour une autre route. Quant à la plus grande, elle reprend sa vie en main, relance les cartes pour inventer un autre futur. Dans ce sens, la mise en scène s’appuyant sur ses deux actrices semble beaucoup plus innovante.

Elle ne se contente pas d’un présent qui modifierait son passé pour inverser la roue du temps. Nous revenons à ce miroir du début, jeu des silhouettes se contemplant dans le reflet et finissant par se reconnaître et se perdre l’une dans l’autre. Elles finissent par s’influencer autant l’une et l’autre, avec Marc en point pivot pour faire bouger le cercle d’un présent sans fin. Entre la nuit où dansent les lumières au-delà de l’ombre, un train qui file et la neige, page blanche où tout peut s’écrire et disparaître sous le soleil, le ton est donné. C’est le dialogue subtil et cocasse, parfois tendre, douloureux, magique qui devient la fondation de cette histoire nouvelle. C’est une belle page à découvrir sur le temps qui passe et finit par nous rappeler qu’hier est bien moins que demain et jamais plus qu’aujourd’hui.

Patrick Van Langhenhoven