« Tu t’es dit que, dans ce monde de brutes, il fallait consacrer un peu de son temps aux parias. » Catherine.

Étienne Comar aime la musique. Il ne fait aucun doute que chez lui, elle adoucit les mœurs. Après Django, période sous l’occupation, la musique revient au cœur de son deuxième opus, A l’ombre des femmes. C’est un projet initié avant Django. C’est presque un huis clos sur une histoire simple. Cet atelier de musique lyrique dévoile, au fur et à mesure des séances, les fractures des uns et des autres. La musique devient le chemin de la guérison, de l’éveil et de l’évasion. Le sujet n’est pas nouveau, mais la forme minimaliste creuse en profondeur les âmes blessées. Comment retrouver la voix intérieure bloquée pour Luc, emprisonnée derrière des barreaux invisibles pour les filles ? Cet ensemble de personnalités en rupture qui, pas à pas, se reconstruisent, ouvre des fenêtres et la porte vers l’horizon.

À l’ombre des femmes doit beaucoup à sa réalisation jouant le clair-obscur de la caméra ainsi qu’au jeu des comédiennes et du comédien. Luc avance avec cette mort, lui ôtant la voix et tout désir. La vie s’est arrêtée au décès de sa mère. Cet atelier devient la route qui réveille son chant particulier. Une voix d’ange qui s’envole dans l’espace clos de la prison et surprend ces femmes de tempérament. C’est le moment de bascule. La lumière entre de plus en plus dans le cadre. La nuit aux lueurs des réverbères de Luc s’empare des feux de la rampe pour ranimer la flamme et la voix. Les femmes blessées, perdues, trouvent un espace pour donner un début de sens, un horizon à la vie.

La voix devient guérison de l’âme comme dans le cœur des temples aux origines du monde. Alex Lutz construit un personnage tout en détails et silence brisé sur la fin. Il se libère de sa prison imaginaire comme les filles brisent les murs. Même les plus réticentes finiront par céder au chant magique. C’est dans cette plongée dans les abysses que le film se démarque de ses prédécesseurs du même genre. Étienne Comar confirme la construction d’une œuvre dans laquelle la musique est le chœur antique.

Patrick Van Langhenhoven

    Titre A l’ombre des filles

    Réalisation et scénario : Etienne Comar

    Collaboration au scénario : Didier Vinson / Marine Ninaud / Marcia Romano / Raphaëlle Moussafir

    Directeur de la photographie : Colin Lévêque

    Décors : Paul Rouschop

    Costumes : Oriol Nogues

    Son : Benoit de Clerk - Stéphane Thiébaut

    Montage : Monica Coleman

    Musique : Arthur Simonini

    Production déléguée : Maneki Films & Arches Films

    Productrice : Didar Domerhi

    Co-producteurs : Jacques Henri Bronckart & Gwenaëlle Libert

    Directeur de production : Johanna Colboc

    SOFICA : Manon 10

    Distribution : Ad Vitam

    Ventes internationales : Playtime

    Langue : français

    Format : couleur - 1.33 : Super 16mm - son DTS et Dolby Digital

    Genre : Film musical

    Durée : 106 minutes

    Dates de production : août 2020 - mars 2021

    Date de sortie : 13 avril 2022

Distribution

     Alex Lutz : Luc

    Agnès Jaoui : Catherine

    Veerle Baetens : Carole

    Hafsia Herzi : Jess

    Marie Berto  : Jeannine

    Fatima Berriah : Noor

    Anna Nadjer : Marzena

    Gwen Berrou : sœur de Luc

    Emmanuelle Bonmariage : Benezet

    Michèle Moretti : Vera

    Laura Sepul : serveuse

    Jean-Michel Balthazar : surveillant pénitentiaire