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affiche L’homme du président

L’homme du président

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Un film de Woo Min-ho,
Avec Lee Byung-Hun, Sung-min Lee, Do-Won Kwak,

Genre : Espionnage
Durée : 1h54
Corée du Sud

En Bref

Que reste-t-il de la révolution des années soixante ?

Les héros d’hier semblent oublier les raisons de leur engagement de l’époque. C’est en partie ce que s’apprête à dénoncer l’ex-chef de la KCIA, Park Yong-gak, dans ses mémoires. Réfugié aux Etats-Unis, il se pense intouchable et libre de la parole. Le président Park Chung-hee demande au nouveau maitre de la maison secrète, Kim Gyu-pyeong, d’enquêter et de stopper l’infâme traitre. Ce dernier promet de révéler tous les scandales et activités illégales du gouvernement. L’affaire devient le Koreagate, impliquant le président et les Etats-Unis. Comment les nobles résolutions de la révolution s’oublient-elles, se dispersent-elles dans l’eau du fleuve séparant les amis d’hier ?

Dans l’ombre du président Gwak Sang-cheon, le chef de la sécurité pousse à l’intransigeance et la mort du traitre. Kim, en souvenir des idéaux et de l’amitié d’hier qu’il porte toujours dans son cœur, décide de rencontrer son vieil ami. La petite graine du doute pousse dans son âme et Park Yong-gak apporte de l’eau à son moulin. Peu à peu, une autre idée se forge dans l’esprit du chef du KCIA, de plus en plus poussé vers la porte de sortie. Il comprend que les idées d’hier se transforment en dictature. Il serait peut-être temps de mettre fin à une époque avant que le pouvoir ne se transforme en terreur. Il lui reste peu de temps et peu de soutien pour mener à bien sa dernière mission, sauver le pays.


« Ce qui s’est réellement passé ce jour-là et ceux qui l’ont précédé, demeure assez confidentiel. Je voulais enquêter au plus près de la réalité des événements et voir ce que je pouvais en tirer. » Woo Min ho réalisateur.

 Le réalisateur Woo Min ho est un habitué des films historiques dénonçant les fractures du système comme Inside Men en 2015. Il s’inspire de l’ouvrage du journaliste Kim Choong-seek. C’est un long travail de recherche et de documentation pour tenter de comprendre cette période obscure. Il ne reste rien des années sombres de la KCIA et des raisons de l’assassinat du président Park Chung-hee. Celui-ci met fin à 18 ans de dictature. On ignore les raisons poussant Kim Gyu-pyeong à passer à l’acte. Le réalisateur choisit l’image d’un homme qui vacille et qui est encore porté par les idéaux d’hier. L’acteur international Lee Byung-jun, remarquable dans un rôle intériorisé, en livre les raisons dans une confrontation finale. L’homme du président suit les codes du film d’espionnage classique. Il s’appuie surtout sur la partie d’échecs que se livrent les protagonistes. Il décortique les rouages de la machine et s’interroge sur l’avenir de la révolution.

Aujourd’hui, les nouveaux historiens s’appuyant sur l’expérience de la Révolution française se demandent si la terreur et la dictature ne sont pas un passage incontournable à toute révolution. C’est bien à cette question - et d’autres - que tente de répondre le film. Le pouvoir finit par corrompre les individus et leur faire oublier la noble cause des premiers jours de la révolte, quand le printemps fleurissait. Il ne reste plus que l’hiver amer et la désillusion dans les cœurs. Cette révolution qui rassemble écartèle les héros d’hier, les transforme, les rapproche des tyrans qu’ils destituent. C’est au cœur des palais que se joue cette tragédie antique d’un vieux roi à bout de souffle, d’un César tué par Brutus, couloirs gris, images à l’ancienne nous rappelant Bons baisers de Russie. La caméra quitte le huis-clos pour des extérieurs automnaux, des bureaux feutrés d’ambassadeurs manipulateurs.

C’est la fin d’une époque quand les choix s’avèrent difficiles et la trahison incontournable. Nous sommes loin des courses poursuites et coups de flingues à tous les étages. Le film explore les rouages du secret avec un troisième personnage mystérieux, chargé de surveiller les collaborateurs de la première heure. Kim doute de tout et de tous sans savoir sur qui s’appuyer véritablement. C’est une bataille des mots pour soigner les maux d’un pays qui se livre au cœur du palais maudit. Elle repose sur le jeu et le choix des acteurs, excellents. L’homme du président a été choisi pour représenter la Corée du Sud aux Oscars, ce qui est une preuve de sa qualité. Il rejoint Les hommes du président, Les trois jours du Condor dans la longue liste des films d’espionnage.

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo : Pal, Couleur, Stereo
Langues Audio : français - anglais Dolby digital 5.1
Sous-titres : Français
Edition : Jocker


    Titre : L'Homme du président

    Titre original : 남산의 부장들 (Namsanui bujangdeul)

    Réalisation et scénario : Woo Min-ho

    Production : Sarah Kang, Kim Won-guk, Ben Koh et Woo Min-ho

    Société de distribution : Showbox (Corée du Sud), Capelight Pictures (États-Unis)

    Pays : Drapeau de la Corée du Sud Corée du Sud

    Genre : Historique et thriller

    Durée : 114 minutes

    Dates de sortie : 4 novembre

Distribution

    Lee Byung-hun : Kim Kyu-pyeong (inspiré de Kim Jae-gyu)

    Lee Sung-min : le président Park (inspiré de Park Chung-hee)

    Kwak Do-won : Park Yong-gak (inspiré de Kim Hyong-uk)

    Lee Hee-joon : Kwak Sang-cheon (inspiré Cha Ji-chul, garde du corps du président Park)

    Kim So-jin : Deborah Shim

    Éric Bernard : l'homme de main français