Simon et Hélène décident de vendre une cave dans l’immeuble où ils habitent pour financer des travaux dans l’appartement. C’est un couple mixte. Simon est d’origine juive et Hélène chrétienne. Ils vivent sans tenir compte des traditions, contrairement au reste de la famille de Simon. Jacques Fonzic se porte acquéreur du bien pour installer des dossiers et les objets de sa mère décédée. Ils ignorent qu’ils viennent d’ouvrir la porte au diable, le pire des ennemis, un révisionniste. Peu à peu, leur quotidien se transforme en cauchemar sans qu’ils ne puissent expulser le nouveau propriétaire. L’homme fait de cette cave son domicile en utilisant les toilettes de l’immeuble et les bains-douches du quartier. Il profère des idées remettant en cause la Shoah et s’accompagnant d’autres complots du même genre. Le discours est bien rodé et Jacques Fonzic connaît les lois sur le bout des doigts. Cet ancien professeur d’histoire, licencié pour ses idées sombres, n’a pas fini de détruire leur tranquillité. Il ne leur reste bientôt plus que l’espoir ou plus, pour se sortir de ce piège. Il est à craindre que tout ceci ne finisse mal.
Philippe Le Guay, en ces temps de complotisme en tout genre, choisit d’aborder le sujet sous l’angle d’un petit couple ordinaire. Ils ouvrent la porte au chaos bien malgré eux. François Cluzet se coule avec talent dans la peau d’un personnage aux idées noires. Il joue sur la bonhomie du personnage, semblant inoffensif. À l’image du tueur en série, c’est un monsieur tout le monde à l’apparence paisible. C’est quand il dévoile ses idées que tout se complique. C’est un discours bien rodé qu’il déverse à qui veut l’entendre. Le film prend alors les allures d’un thriller psychologique remettant en cause des vérités historiques. Il ne nie pas la Shoah mais en conteste le nombre des victimes et d’autres aspects.
Cela devient terrifiant pour Simon, ramené à un passé douloureux touchant ses ancêtres. Il tente de prendre le chemin de la loi s’avérant plus complexe. Les mots ne suffisent pas pour se débarrasser de son propriétaire menaçant. L’objectif du film est bien de démonter la machine perverse et d’en montrer les rouages compliqués. La tension monte, la loi semble incapable de trouver la faille. Les avocats se succèdent sans grand succès. Le frère de Simon propose même une équipe de gros bras pour régler le problème. C’est le combat de la légalité, souvent bloquée, que choisit Simon. Hélène cherche à entrer dans la tête de Fonzic en tentant de comprendre le cheminement de sa pensée. Le film joue sur toutes ces subtilités, créant une tension qui ne fait que monter jusqu’à l’explosion finale.
La parole se construit entre mensonge et vérité, parfois détournée face à l’innocence bafouée. C’est toute cette machinerie diabolique que Fronzic nous dévoile. Il arrive même à retourner la jeune fille du foyer et certains locataires. L’homme de la cave doit beaucoup au jeu de ses acteurs, loin des travers du sujet. Fronzic évite toute violence et joue les victimes sans scrupule. Philippe Le Gay s’inspire en partie d’une histoire vraie sur la manipulation des idées. L’homme de la cave nous prouve que les idées discriminatoires sont toujours d’actualité et qu’il nous faut rester vigilants.
Patrick Van Langhenhoven
Titre : L'Homme de la cave
Réalisation : Philippe Le Guay
Scénario : Philippe Le Guay, Gilles Taurand, Marc Weitzmann
Costumes : Élisabeth Tavernier
Décors : Emmanuel de Chauvigny
Photographie : Guillaume Deffontaines
Son : Laurent Poirier
Montage son : Vincent Guillon
Mixage : Olivier Goinard
Montage : Monica Coleman
Musique : Bruno Coulais
Production : Les Films des Tournelles
Distribution : Ad Vitam Distribution
Pays d'origine : France
Genre : thriller
Durée : 114 minutes
Date de sortie : France - 13 octobre 2021
Distribution
François Cluzet : Jacques Fonzic
Bérénice Bejo : Hélène Sandberg
Jérémie Renier : Simon Sandberg
Jonathan Zaccaï : David Sandberg
Victoria Eber : Justine
Denise Chalem : Nelly Sandberg
Patrick Descamps : Gérard
François-Éric Gendron : Maître Massard
Laëtitia Eïdo : Maître Vasquez
Martine Chevallier : Maître Rivière
Patrick d'Assumçao : M. Leroux
Éric Génovèse : M. Martini