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affiche L'Echappée belle

L'Echappée belle

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Un film de Paolo Virzì ,
Avec Helen Mirren, Donald Sutherland, Christian McKay,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h53
Italie

En Bref

Le temps s’efface, se lasse et passe annonçant les vieux jours et la dernière porte donnant sur la lumière et l’oubli. Il ne restera rien de cet amour et des beaux jours quand la Faucheuse jouera sa musique fatale. Il ne restera rien de nos espoirs et de nos désirs, que la chanson du vent dans les peupliers un soir d’été. C’est peut-être ce que se disent Ella et John Spencer en embarquant dans le vieux camping-car des jours heureux. Ella entraine pour une dernière balade son vieux complice de toujours, son amour qui déraille. John garde encore quelques bribes de lucidité, comme si le soleil voulait pointer le bout de son nez dans la bourrasque de l’Alzheimer. Pour le reste, il oublie et mélange hier et demain. Même le visage d’Ella, sa tendre et douce, s’évanouit de sa mémoire. Ella ne dit rien mais cache sous une perruque un mal qui finira par lui faire la peau. C’est une dernière balade sur la route des souvenirs d’hier, un dernier regard à la mer embuée d’étoiles pour finir leur course au cœur de la Voie lactée. Elle emmène John, le vieux professeur spécialiste d’Hemingway, concrétiser un rêve, voir en Floride la maison de son écrivain préféré. Est-ce l’ultime tour de piste avant de tirer sa révérence et de s’endormir à jamais ?


Paolo Virzì nous entraine dans un deuxième road movie, après Folles de joie. Cette fois, la route ne sert pas à s’éveiller mais à solder les comptes avant de s’endormir. La réalisation emprunte le chemin du néoréalisme italien pour cette première incursion en Amérique. Elle se ponctue de rencontres avec hier, comme cette élève qui peut enfin remercier son professeur. Ce sont des vérités qui tombent comme la pluie en hiver quand la saison est moins sage. Elles bousculeront cette randonnée des cœurs heureux. Elles bousculeront l’idée du bonheur parfait. Je vous laisse découvrir cette révélation sans trahir le récit. Elle nous vaut l’une des meilleures séquences du film.

Pour le reste, nous retrouvons ces vies sur le fil, qui basculent pour un rien, comme le réalisateur les aime. Elles nous échappent, nous ramènent à l’essentiel. Que ce soit l’infarctus, Angelo et Alberto, Question de cœur, deux folles en ballade, Folle de joie, le désir d’enfant, Chaque jour que dieu fait, et La prima cosa bella. C’est toujours un petit grain dans la vie qui apporte un vent de folie. Paolo Virzì  s’en empare pour nous narrer la joie de vivre et le bonheur des élans du cœur. Les petits riens de tous les jours deviennent une histoire qui fait palpiter notre âme. Souvent c’est la route qui compte et le but n’est que le prétexte à ce qu’elle éveille ou, comme ici, réveille. Elle en dit plus sur cette famille et ses non-dits, ses oublis, comme l’Alzheimer de John. Pendant que le fils panique, la fille accepte l’escapade de ses parents.

Le film aborde la maladie et son ultime chant du cygne qui l’accompagne. Très vite, nous comprenons que John est atteint de la maladie d’Alzheimer et ça lui jouera un mauvais tour. Ella porte une perruque et son crâne rasé nous indique que le crabe ne lui laisse aucune porte de sortie.  Elle refuse que la fin de la route s’achève dans les couloirs gris des hôpitaux et les maisons spécialisées pour John. Nous ne choisissons pas toujours notre vie, elle nous échappe, s’amuse de nos rêves et de nos désirs.

C’est ce qui fait tout son charme à cette garce, comme le chantait Reggiani. Nous pouvons décider de notre mort et le film pose la question ouvertement. Il doit beaucoup aux deux monstres sacrés Helen Mirren et Donald Sutherland. Ils lui donnent toute la force de ses échanges sur l’existence entre amour, mensonges et trahisons que la route révèle. Leurs échanges sont magnifiques et d’une force profonde, comme la fin, que je ne dévoilerai pas. Les ombres d’Hemingway qui se suicidera en bout de course et de James Joyce avec Ulysse son roman planent sur tout le film. L’Echappée belle est un beau voyage dans ce sens.

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


•  Titre français : L'Échappée belle

    •       Titre original : The Leisure Seeker

    •       Réalisation : Paolo Virzì

    •       Scénario : Paolo Virzì, Stephen Amidon, Francesca Archibugi et Francesco Piccolo d'après le roman de Michael Zadoorian (en)

    •       Pays d'origine : Italie

    •       Format : Couleurs - 35 mm - 1,85:1

    •       Genre : aventure, drame, romance

    •       Date de sortie : septembre 2017 (Mostra de Venise 2017), 3 janvier 2018

Distribution

     •       Helen Mirren (VF : Sylvie Genty) : Ella Spencer

    •       Donald Sutherland : John Spencer

    •       Janel Moloney (VF : Anneliese Fromont) : Jane Spencer

    •       Kirsty Mitchell (VF : Ludmila Ruoso) : Jennifer Ward

    •       Joshua Mikel :

    •       Robert Walker Branchaud (VF : Jean-Luc Atlan) : un policier

    •       Christian McKay : Will Spencer

    •       Raegan Millican : Jane Spencer jeune

    •       Joshua Hoover : le caissier à Chesapeake

    •       Chelle Ramos : Marcia, une infirmière

    •       Robert Pralgo : Phillip

    •       Mark Ashworth : le jeune chauffeur en colère

    •       Helen Abell : la fermière

    •       Ahmed Lucan : le pompiste syrien

    •       Dick Gregory : Dan Coleman

    •       Elijah Marcano : un adolescent

    •       Matt Mercurio : Evan, le réceptionniste

    •       John Archer Lundgren : un pensionnaire du centre de soins

    •       Carl Bradfield : un vieillard

    •       Cecil M. Henry : le policier à moto

    •       Karen Valero : l'infirmière cubaine