Depuis les bancs de la primaire, Samy en pince pour Nadia, mais la belle connaît les mecs du 93, grandes gueules et beaucoup de promesses pour une nuit au pieu et adieu. Samy, lui, flambe d’un amour vrai, beau comme un lever de soleil sur l’Annapurna. Il est prêt à tout pour les beaux yeux de sa belle. Il peut décrocher la lune, affronter une meute de loups sauvages ou de requins, lui qui hait les plages. Un soir de trop, quand le cœur s’emballe et promet n’importe quoi, pour un baiser et un oui pour la vie, il promet de gravir l’Everest. De la montagne, il ne connaît que les étages de la tour la plus haute. Qu’importe, il s’invente un CV béton entre Mont-Blanc et Kilimandjaro, une carte de visite pour entrer au club des concurrents pour le plus haut sommet du monde.
La petite radio locale lui paie un forfait pour retransmettre chaque jour son aventure. Les caïds le conduisent même à la gare pour s’assurer que ce n’est pas du pipeau. Samy est bien décidé à tenter le coup et tant pis s’il y laisse sa peau. Mourir par amour, c’est une belle mort. Le voilà donc à Katmandou mais pas pour trouver l’éveil comme dans les années soixante-dix, même si ses potes lui refilent un peu d’herbe à rigoler. Au début, on marche jusqu’au premier camp de base et les difficultés commencent. Le plus dur reste à venir. De camp de base en camp de base, l’échéance se rapproche, pas question de fuir. L’amour peut-il déplacer des montagnes ou à défaut vous faire grimper l’Everest ?
La nouvelle comédie française continue d’imprimer sa marque. Après Lucien Jean Baptiste Il a déjà̀ tes yeux, avant Alibi.com par l’équipe de Babysitting, L’ascension confirme la bonne santé du genre. Ludovic Bernard est plus proche de Lucien Jean Baptiste, dans le style en demi-tons, aux bons jeux de mots. Il s’inspire de l’histoire vraie de Nadir Dendoune publiée dans Un tocard sur le toit du monde auxéditions Lattès. L’auteur avoue lui-même dans son livre : « J’ai connu la galère, la violence des HLM du 93. J’ai réalisé un tour du monde à vélo, j’ai fait le bouclier humain en Irak, et je suis même devenu journaliste à France 3, alors l’Everest… J’avais tort. Là-haut, j’ai failli laisser ma peau plusieurs fois. » Cet Algérien illettré voulait juste prouver au monde qu’un « tocard », comme ils disent, pouvait tout. Le film reprend le même état d’esprit avec une romance en bonus.
Samy n’est pas un type brillant, tout ce qu’il entreprend se solde par des échecs. Les autres le voient plutôt comme le noob de service. L’objectif de cet exploit est avant tout de prouver son amour mais peut-être au fond de montrer ce qu’il a dans le ventre. Grimper l’Everest, même en voyage organisé avec guide et chemin balisé, n’est pas un déjeuner sur l’herbe. Pour vous en convaincre, il suffit de revoir le film Everest. Il faut du courage, de la peine et de la volonté pour, après une longue marche au cœur de la montagne, affronter le sommet. Les premiers pas sont plutôt ardus, même avec un paquet de bonbons offert par maman. L’équipement au magasin de sport du coin s’avère limite. Samy comprend rapidement que les cartes postales et posters du net lui ont menti. La réalité c’est bien pire. Il est tenu par l’amour, le vrai, celui qui vous accroche des crampons au cœur pour grimper les sommets de l’impossible.
Derrière la blague et les situations cocasses, c’est tout le dépassement de soi que le film valorise. Personne n’a le droit de vous dire non. C’est à vous de choisir votre voie et de la suivre jusqu’au sommet. Dans son combat, il trouve des âmes nobles pour le soutenir, un sherpa fan de Johnny Hallyday par collection de tee-shirts interposée, un guide qui n’est pas dupe de son amateurisme. C’est d’abord la route initiatique de Samy où l’insouciance fait place à un peu plus de raison. Un héros de comédie au grand cœur comme on les affectionne qui se montre beaucoup moins naïf que l’on ne l’imaginait. C’est la plongée dans un univers décalé où il finit par trouver sa place. Enfin, le paysage la montagne, magnifique, entre les vallées perdues du Népal menant au pied du plus haut sommet de l’Everest. Ludovic Bernard, premier assistant réalisateur sur de nombreux films réussit avec succès le passage au premier long, maitrisé, sans faux pas.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : L'Ascension
Réalisation : Ludovic Bernard, assisté de Mathieu Thouvenot et Catherine Gambier
Décors : Sébastien Inizan
Costumes : Claire Lacaze
Photographie : Yannick Ressigeac
Montage : Romain Rioult
Musique : Lucien Papelu , Laurent Savagnac
Casting: Nathalie Chéron
Directeur de production : Philippe Roux
1er assistant réalisateur : Mathieu Thouvenot
2ème assistant réalisateur : Catherine Gambier
Ingénieur du son 1 : Amaury de Nexon
Ingénieur du son 2 : Jean-Paul Hurier
Régisseur : Bertrand Girard
Attachée de presse : Sandra Cornevaux, Audrey Le Pennec
Tournage : La Courneuve, Alpes et Népal1
Productrice : Laurence Lascary
Production : De l’autre côté du périph
Coproduction : France 2 Cinéma
Coproduction : Auvergne Rhône-Alpes Cinéma
Distribution : Mars Films
Pays d'origine : Drapeau de la France France
Langue originale : français
Genre : Comédie
Date de sortie : 25 janvier 2017
Distribution
Ahmed Sylla : Samy Diakhaté
Alice Belaïdi : Nadia
Nicolas Wanczycki : Jeff
Denis Mpunga : Célestin Diakhaté
Maïmouna Gueye : Évelyne Diakhaté
Amir El Kacem : Kévin
Rabah Nait Oufella : Said
Waly Dia : Alex
Fadila Belkebla : Houria (la mère de Nadia)
Umesh Tamang : « Johnny » (le Sherpa)
Rabah Naït Oufella : Saïd
Oscar Copp : Nadir