Dans le petit port d’attache du sous-marin Kursk, on se marie malgré les salaires qui n’arrivent pas. Il faut rester honorable et fier comme l’âme du pays. La flotte russe n’est plus ce qu’elle était, « le Kursk ne peut riposter qu’avec des peccadilles » dit l’amiral. La vie ressemble à celle de tant d’autres, calme et joyeuse avant la tempête. Dans l’ombre, les moteurs surchauffent, le nucléaire n’est pas si stable. La vétusté du matériel commence à se faire sentir. Pendant des essais de tir, la torpille s’agite et fait des siennes, explose. C’est le drame. Les survivants s’organisent pendant qu’en haut on tente tout pour les sauver.
Dans les profondeurs de la mer de Barents, ce 12 août 2000, un sous-marin est en détresse. Les hommes se réfugient sur ce qui reste du navire, avec l’oxygène qui diminue et égrène les minutes avant l’asphyxie. L’amiral de la mer du nord est prêt à demander l’aide des Anglais, pour lui la vie passe avant tout. Le haut commandement à Moscou n’est pas de cet avis. Le K-141 "Koursk" est un navire récent et performant. Il n’est pas question qu’il tombe entre les mains des autres nations. On préfère le sacrifice à la patrie au sauvetage des marins perdus. Jusqu’à quand les hommes en sursis tiendront-ils ? La course est lancée avec pour objectif secourir les marins et les secrets des machines.
Dans les faits, le 12 août 2000, le Koursk, sous-marin de 154 m de long, sombre avec les cent dix-huit membres de son équipage. Les vingt-trois survivants seront sacrifiés par leurs supérieurs refusant l'aide internationale. Le Koursk, lancé en décembre 1994, représentait la fierté et le renouveau de la flotte soviétique. C’est d’abord la notion de devoir qui prime. « La Marine fera son devoir, le vôtre est d’attendre » dira l’amiral en chef de Moscou, prêt à sacrifier aux noms des intérêts de la nation la vie des hommes. Les familles grondent, se révoltent et le temps compte les secondes avant le couperet final. Les sous-mariniers ne possèdent aucun moyen pour communiquer avec la surface. D’heure en heure, ils frappent le marteau sans la faucille pour signaler leur présence.
C’est un suspense cruel qui s’installe dans lequel, le spectateur pris dans les filets ne peut se débattre, tout comme les marins perdus. Thomas Vinterberg, le réalisateur de Festen, est plus habitué au cinéma intimiste qu’au spectaculaire et jeux du suspense. Il finit par se perdre dans une mise en scène sans surprise ni rebondissement. Il trouve sa voie avec les familles et la première partie du petit bonheur à terre. Dès qu’il aborde le drame et le temps suspendu à la délivrance, il n’en prend pas la démesure. Dans ce ballet ordinaire, les acteurs essayent de donner un peu de consistance, sans réussite. Dans ce genre de film, quand l’issue est connue du spectateur, il est important de l’entrainer dans un compte à rebours sur le fil de la vie et du temps.
Plusieurs pistes s’offrent au réalisateur, jouer avec un montage rapide et déstructuré. Prendre la route linéaire de l’évènement, mais jouer sur la tension et l’extérieur pour rebondir et maintenir celle-ci. C’est loin des habitudes de Thomas Vinterberg, plus à l’aise dans l’intime, les liens tissés par les personnages. C’est d’ailleurs là qu’il marque des points sur les parties consacrées aux familles, la solidarité des marins et les figures des hauts dignitaires sans âme. Kursk est donc un film sans surprise où la force du drame est absente, il ressemble à la décision prise par Moscou.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Kursk
Réalisation : Thomas Vinterberg
Scénario : Robert Rodat, d'après le roman A Time to Die de Robert Moore
Photographie : Anthony Dod Mantle
Décors : Thierry Flamand
Direction artistique : Virginie Hernvann
Montage : Valdís Óskarsdóttir
Post production : Mélodie Stevens
Musique : Alexandre Desplat
Production : Ariel Zeitoun
Coproduction : Fabrice Delville
Production déléguée : Luc Besson, Lisa Ellzey et Thomas A. Giovine
Production exécutive : Laurent Hanon et Clément Sentilhes
Sociétés de production : EuropaCorp, Belga Productions et VIA EST
Pays d'origine : France, Belgique, Luxembourg
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : drame historique
Durée : 117 minutes
Dates de sortie : 7 novembre 2018
Distribution
Matthias Schoenaerts : Mikhail Kalekov
Colin Firth : David Russell
Léa Seydoux : Tanya Kalekov
Max von Sydow : Boris Yeltsin
August Diehl : Anton Markov
Matthias Schweighöfer : Pavel Sonin
Peter Simonischek : Amiral Gruzinskiy
Fedja Stukan : Goncharov
Miglen Mirtchev : Captain Timoshenko
Tom Hudson : Boris
Paul Ceau : un matelot russe
Ilyas Hamzi : Green officier OTAN
Jérémy Cavron : un officier russe
Mathieu Lurton : un matelot russe