Loin dans le cœur du Pacifique, une ile perdue, un petit paradis oublié des hommes. La Seconde Guerre mondiale laisse des séquelles qui ne se refermeront peut-être jamais. Le monde s’en est allé vers un nouvel avenir où la guerre du Viet Nam reste une blessure qui hantera pendant longtemps l’Amérique. Un groupe de soldats et de scientifiques se rend sur notre paradis perdu pour faire avancer la science et la finance par la même occasion. On lance un essaim d’hélicoptères comme des dés qui roulent et bousculent la chance. Un explorateur guide la troupe dans cet inconnu et une journaliste complète le groupe avec la troupe prête à en découvre avec la nuit sombre.
On balance des bombes pour sonder le sol, en oubliant que dans l’ombre, une créature s’éveille et compte bien ne pas laisser ces petits bipèdes déranger sa tranquillité. C’est le premier choc d’une série de nombreuses surprises qui n’en finiront pas de bousculer les convictions d’un monde orgueilleux. Du fond des abimes verts, Kong, le protecteur de l’île, s’acharne sur cet essaim qui trouble une paix fragile. Séparée, l’équipe tente de se retrouver pour fuir la colère d’un monde qu’ils viennent de réveiller. La menace est loin d’être le grand singe, au contraire, il est le gardien protecteur d’une porte que les imbéciles viennent d’ouvrir. Entre l’acharnement du colonel Preston floué de sa revanche au Vietnam et des scientifiques cherchant à préserver une découverte extraordinaire, la course à la survie est loin d’être gagnée. Du fond des cavernes profondes, une entité monstrueuse s’éveille et elle n’est pas contente.
Le premier King Kong de 1933, issu des années trente faites de bric et de broc, possède encore de beaux jours devant lui. La version de 1976 révèle Jessica Lange, celle de 2005 de Peter Jackson est un bel hommage, mais aucune n’efface le film culte. C’est pourquoi sans doute, le jeune réalisateur Jordan Vogt-Roberts s’écarte de l’histoire originale pour fabriquer un mythe nouveau. Visuellement, il remplit son contrat en nous proposant une galerie de monstres impressionnants, comme ce buffle géant sortant de l’eau ou les créatures venues du fond de la terre. Kong n’est pas en reste, sa première apparition est un moment intense. C’est donc d’abord l’image et les décors qui prennent le pas sur l’histoire. Dans la forme, il alterne les ralentis iconiques, l’image s’imprègne du style de l’art pompier avec des plans immersifs terrifiants et des gros plans à la Sergio Leone.
Plus d’une fois, la silhouette de Kong se découpant dans le soleil couchant rappelle la fin d’un univers. La thématique de la Belle et la Bête est à peine esquissée au profit de la théorie de la terre creuse et de la guerre du Vietnam. Le film est plus un hommage à Apocalypse Now avec ses nombreux plans qui rappelleront l’attaque des hélicoptères ou la cité perdue où se réfugie Kurtz. Il oppose la science et la guerre, les uns et les autres ne sont pas très clairs sur leurs motifs et leur façon de procéder. Ils conduisent à réveiller des forces qu’ils ignorent et qui les dépassent. La première séquence rappelle le film Duel dans le Pacifique de John Boorman mais je ne vous en dévoilerai pas plus. C’est avant tout un film de divertissement où le plaisir de l’aventure vous conduit dans des univers fantastiques.
Dans l’esprit de la série B de l’âge d’or, Kong : Skull Island est un bon mixte d’action et de surprise fantastique, d’images impressionnantes, avec un discours de fond pour lier le tout. Nous remarquerons que comme pour le nouveau Godzilla, la créature passe du statut malfaisant à celui de protecteur du monde. Plus qu’un dieu perdu, c’est un gardien d’une porte des ténèbres. Elle reprend l’idée d’une terre creuse où, au cœur des abîmes, la bête attend pour nous dévorer.
Patrick Van Langhenhoven
4K Ultra HD + Blu-ray, UHD Blu-ray, 2 DVD, PAL, Tous publics
Bonus:
Titre original : Kong: Skull Island
Réalisation : Jordan Vogt-Roberts
Scénario : Max Borenstein et Dan Gilroy, avec la participation non créditée de Derek Connolly, d'après une histoire de John Gatins et Dan Gilroy et d'après certains personnages créés par Merian C. Cooper et Edgar Wallace
Décors : Stefan Dechant
Costumes : Mary E. Vogt
Photographie : Larry Fong
Montage : Christian Wagner
Musique : Henry Jackman
Production : Jon Jashni, Mary Parent et Thomas Tull
Producteurs délégués : Alex Garcia et Eric McLeod
Sociétés de production : Warner Bros. et Legendary Pictures
Société de distribution : Warner Bros.
Pays d'origine : États-Unis
Langue originale : anglais
Format : couleur ([procédé]) — son Dolby Digital SDDS
Genre : action, fantastique, aventure
Durée : 120 minutes
Dates de sortie : 8 mars 2017
Distribution
Tom Hiddleston (VF : Alexis Victor ; VQ : Frédéric Millaire-Zouvi) : le capitaine James Conrad
Brie Larson (VF : Élisabeth Ventura ; VQ : Stéfanie Dolan) : Mason Weaver
Corey Hawkins (VF : Diouc Koma ; VQ : Alexandre Fortin) : Houston Brooks
Toby Kebbell (VF : Marc Arnaud ; VQ : Philippe Martin (acteur)) : le major Chapman
Samuel L. Jackson (VF : Thierry Desroses ; VQ : Éric Gaudry) : le lieutenant-colonel Preston Packard
John Goodman (VF : Jacques Frantz ; VQ : Yves Corbeil) : William « Bill » Randa
John C. Reilly (VF : Bruno Abraham-Kremer ; VQ : Yves Soutière) : Hank Marlow
Thomas Mann (VQ : Joakim Lamoureux) : Reg Slivko
Shea Whigham (VF : Eric Herson-Macarel ; VQ : Louis-Philippe Dandenault) : Earl Cole
Jason Mitchell (VF : Mohad Sanou ; VQ : Hugolin Chevrette) : Glenn Mills
John Ortiz (VF : Julien Sibre ; VQ : Manuel Tadros) : Victor Nieves
Richard Jenkins (VF : Philippe Crubézy ; VQ : Jacques Lavallée) : sénateur Willis
Jing Tian : San
John West Jr. : sergent Terry
Eugene Cordero : Reles
Terry Notary : King Kong
Société de doublage : Dubbing Brothers
Directeur artistique : Hervé Rey