Le répit n’aura duré que très peu de temps, les dinosaures retournés à leur nature sauvage craignent une nouvelle menace. Le volcan d’Isla Nublar se réveille et remet en cause leur destinée comme autrefois un autre cracheur de feu ou une météorite. Le monde se partage en deux groupes. Le premier souhaite laisser le chaos décider de la route à suivre sans intervenir. Le deuxième, plus écolo, veut évacuer les grosses bestioles sur une autre île dans nouveau paradis perdu. Ils pourraient couler des jours heureux avant que le temps ne les enfouisse dans les entrailles de Gaïa. Pour Ian Malcolm, adepte de la théorie du chaos, laissons la nature suivre son cours sans intervenir, désormais nous devrons compter avec de nouveaux prédateurs dans le paysage. Le chaos joue aux dés avec son pote le hasard et le résultat n’est pas sans conséquence.
Benjamin Lokwood décide de donner un coup de pouce, en exportant les créatures sur une île mystérieuse. Il demande à Claire de retrouver et convaincre Owen de participer à cet exode. C’est ainsi qu’ils se retrouvent pour ramener le seul « raptor » dressé, Blu et les derniers survivants. L’objectif, les embarquer sur la nouvelle arche de Noé. La colère du volcan et la cupidité des hommes cachent des objectifs bien plus troubles. Chaos et hasard bousculent l’ordre établi. Détournés de leur destination par l’appât du gain, ils se retrouvent dans le manoir de Benjamin Lokwood, dans le sous-sol où tout commença. Ils seront mis aux enchères pour une sombre destinée et des collectionneurs. Owen et Claire seront aidés par la nièce de Lockwood, Maisie. C’est une jeune fille particulière, rêvant de dinosaures et d’aventures, comme son oncle. Ils auront fort à faire pour sauver les géants antédiluviens des humains prêts à tout pour détenir une arme incomparable. Il reste, comme le dit Ian Malcolm, l’effet du hasard et du chaos pour tout chambouler.
Un premier volet est salué par la critique comme une nouvelle piste intéressante, et aujourd’hui renié par certains. Jurassic World proposait une relecture de Jurassic Park, plus moderne, assez sympathique et pas inintéressante (voir notre critique). Juan Antonio Bayona, réalisateur espagnol d’un cinéma fantastique privilégiant l’atmosphère et les petits humains confrontés à l’inexpliqué est choisi pour ce nouvel opus. Nous lui devons l’excellent l’Orphelinat, et le superbe Quelques minutes après minuit, et pour son passage à Hollywood l’honorable The impossible. Jurassic World — Fallen Kingdom déstabilise le public de la franchise, habitué à une balade dans un grand parc à la Thoiry avec, comme attraction, des mastodontes pas sympa. La nouvelle saga s’affranchit de cette piste pour emprunter celle du cinéma fantastique en lorgnant du côté de Godzilla, King Kong et autres univers avec leurs créatures géantes.
C’est plus fun que Rampage et cela traite aussi de la manipulation génétique, dans l’air du temps. La palette des créatures est plus vaste et pas besoin d’en rajouter, la galerie est suffisamment imposante pour trouver grosse bébête à son pied. Juan Antonio Bayona joue sur l’atmosphère du cinéma fantastique des origines avec ses ombres glissant sur les murs et ses monstres incontrôlables. Il oscille entre L’île du Docteur Moreau et ses monstres créés de toutes pièces, et les séries B avec dinosaures et autre Godzilla. On frémit, on hurle, on court et on découvre que les hommes ne sont pas à une folie près. L’atmosphère est plutôt réussie et nous emporte ailleurs, sur les territoires de notre cerveau reptilien aux origines du monde. La génétique trouve facilement sa place. Les constructions électriques gigantesques avec la foudre pour énergie laissent la place aux éprouvettes. La fin, en ce sens, est intéressante. Elle nous interroge sur ce que nous enfantons en nous prenant pour des créateurs à l’image de Dieu.
Avec les deux interventions de Ian Malcolm, en prologue et en épilogue, c’est bien la génétique qui est au cœur du sujet. Il n’est pas nécessaire de rappeler que c’est le cœur de la saga. Pour le reste, le film emprunte la piste du cinéma d’action avec hurlements et grosses créatures en prime. Nous découvrons l’Indoraptor, nouvel hybride conçu à partir de l’ADN de l’Indominus Rex, prélevé sur l’ossement, et d’un vélociraptor. La fin, trois Ptéranodons survolant Las Vegas et Wu s’emparant de quelques éprouvettes donne le ton pour la suite. Il y a fort à parier que nous retrouverons le bon vieux savant fou et la menace de l’apocalypse planant sur les cités des hommes. Jurassic World — Fallen Kingdom, dans les choix qu’il propose, n’est pas désagréable, sans égaler le premier opus, indétrônable.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus:
Titre original et français : Jurassic World: Fallen Kingdom
Titre québécois : Monde jurassique : Le royaume déchu
Réalisation : Juan Antonio Bayona
Scénario : Derek Connolly et Colin Trevorrow, d'après certains personnages créés par Michael Crichton
Direction artistique : Jason Knox-Johnston
Décors : Andy Nicholson
Costumes : Sammy Sheldon
Photographie : Oscar Faura
Montage : Bernat Vilaplana
Musique : Michael Giacchino
Production : Belén Atienza, Patrick Crowley, Frank Marshall
Producteurs délégués : Steven Spielberg, Colin Trevorrow et Thomas Tull
Coproducteur : Thomas Hayslip
Sociétés de production : Amblin Entertainment, Apaches Entertainment, Legendary Pictures et Universal Pictures
Sociétés de distribution : Universal Pictures (États-Unis), Universal Pictures International (France)
Budget : 170 millions de dollars
Pays d'origine : États-Unis
Langue originale : anglais
Genre : Action, aventure, science-fiction
Durée : 128 minutes
Dates de sortie3 : 6 juin 2018
Distribution
Chris Pratt (VF : David Krüger ; VQ : Philippe Martin) : Owen Grady
Bryce Dallas Howard (VF : Barbara Beretta ; VQ : Mélanie Laberge) : Claire Dearing
Rafe Spall (VF : Arnaud Bedouët ; VQ : Daniel Roy) : Eli Mills
Justice Smith (VF : Julien Crampon ; VQ : Louis-Philippe Berthiaume) : Franklin Webb
Daniella Pineda (VF : Flora Kaprielian ; VQ : Aurélie Morgane) : Zia Rodriguez
James Cromwell (VF : Michel Ruhl ; VQ : Marc Bellier) : Benjamin Lockwood
Toby Jones (VF : Loïc Houdré ; VQ : François Sasseville) : Gunnar Eversol
Ted Levine (VF : François-Eric Gendron ; VQ : Jean-François Blanchard) : Ken Wheatley
B. D. Wong (VF : Daniel Lafourcade ; VQ : Renaud Paradis) : Dr Henry Wu
Isabella Sermon (VF : Laurie Sanial) : Maisie Lockwood
Geraldine Chaplin (VF : Catherine Salviat ; VQ : Claudine Chatel) : Iris Carroll
Jeff Goldblum (VF : Richard Darbois ; VQ : Jean-Luc Montminy) : Dr Ian Malcolm
Kevin Layne