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affiche JSA Joint Security Area

JSA Joint Security Area

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Un film de Park Chan-wook ,
Avec Song Kang-Ho, Byung-Hun Lee, Yeong-ae Lee,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h50
Corée du Sud

En Bref

  « Ici on préserve la paix tout en cachant la vérité ! »

Notre histoire débute à la frontière la plus tendue du monde, entre la Corée du Sud et celle du Nord. Un jeune sergent court sur le petit pont de pierre pour fuir la mitraille de l’ennemi et rejoindre son camp. Est-ce un héros de guerre ou un soldat inconscient du fait qu’il peut déclencher le chaos infernal ? Lee Soo-hyeok vient d’échapper aux griffes de tortionnaires aux ordres d’un dictateur fou. Il laisse derrière lui, dans le poste frontière, un tas de cadavres qui demande réparation. Nous sommes aux portes d’une nouvelle guerre. Une jeune inspectrice suisse, d’origine coréenne, est mandatée pour faire toute la lumière sur cette affaire. Peu à peu, la jeune fille soulève le voile des apparences et découvre une vérité dérangeante. Plus elle avance dans son enquête et plus elle comprend que la vérité est bien plus explosive que le mensonge. Nous découvrons en même temps la vraie histoire d’un sergent revenu d’entre les morts derrière les lignes ennemies. C’est un autre message que celui de la haine et la mort qu’il porte dans son cœur. Il n’est pas certain que ce soit celui que les puissants souhaitent entendre.


« Mon film traite de la tension, du sentiment d’instabilité psychologique extrême, juste avant qu’une guerre n’éclate. Les deux Corées ont la même inquiétude : que l’autre côté les attaque en premier (…) Toute l’histoire du film est l’expression de cette angoisse. » Park Chan-wook.

 Lorsque le film sort en 2000, il rejoint l’actualité. D’un côté, une Corée du Sud en pleine expansion économique et de l’autre, une Corée du Nord exsangue. C’est un peuple affamé qui tente de fuir l’apocalypse et un nouveau dictateur, Kim Jong-il succédant à son père. Les chiffres parlent de trois millions et demi de morts dus à la famine. En 2017, un incident aura lieu près de la frontière au Joint Security Area. Un coréen du nord s’échappe dans des conditions proches de celles du film. La tension est accrue entre les deux pays et JSA Joint Security Area montre bien ce rien au bord de l’explosion qui brouillerait l’équilibre du monde. Dès le premier plan, cette chouette, témoin de la vérité qui s’envole pour assister à la folie des hommes en dit long. Park Chan-wook ne cache pas sa passion du cinéma d’Hitchcock et de son disciple, Brian de Palma. « Et puis soudain j’ai découvert Vertigo et je me suis aperçu qu’une rue de San Francisco pouvait avoir des aspects différents selon la manière de la filmer. Grâce au regard du cinéaste, un lieu peut devenir magique ou angoissant.

Le spectateur est soudain projeté dans un rêve, un univers surréaliste. J’ai compris ce jour-là que je voulais devenir cinéaste moi-même pour montrer ce que je voyais… Je n’ai jamais été animé par une idéologie intellectuelle ou politique, c’est la dimension artistique qui m’intéresse. » Nous retrouvons la marque des deux réalisateurs dans la tension, les gros plans et l’art du cadre qui cache une autre vérité. La dernière séquence est un hommage à De Palma alors que le reste flirte avec Hitchcock. De la même manière, il faut aussi, comme chez Hitchcock et De Palma, regarder en arrière-plan où une autre vérité se dévoile. Déjà apparaît l’art de Park Chan-wook que nous découvrirons de Sympathy for Mr.Vengeance à Mademoiselle en passant par Old Boy et bien d’autres. C’est en résumé et en partie le jeu de la vérité et du mensonge sur un fond de violence où l’âme trouve son chemin d’innocence. Il bouscule le temps pour des allers retours entre l’enquête, le passé, la vérité de la major Sophie Jean, celle du sergent Lee Soo-hyeok et des autres protagonistes.

Chacun possède sa propre version, suivant son parcours et les fantômes qu’il porte en lui. C’est un chemin de réconciliation qui passe par le peuple et non les dirigeants assoiffés de pouvoir. La nuit et le jour, les territoires deviennent les territoires du mensonge et de la vérité, la nature l’espace neutre entre les deux. Nous retournons à l’origine du cinéma, son questionnement du regard et sa capacité à saisir la vérité. Nous le verrons, ce qui se passe hors champ est bien plus important et explicite au fur et à mesure que la version dévoile la réalité. Nous retrouvons cette notion bouddhique que le monde que nous voyons n’est pas le vrai.

Il représente celui de notre interprétation, porté par nos sentiments et bien plus. Une grande partie du cinéma de Park Chan-wook s’en fait l’écho s’il n’en fait le cœur du récit. Un personnage dira : « Ce que les deux Corées ne veulent pas, c’est que cette enquête aboutisse ». Nous préférons souvent les apparences qui nous réconfortent. Comme le réalisateur, nous pouvons nous poser la question. Est-ce que le cinéma est un médium suffisamment puissant et efficace pour raconter cette vérité ? C’est un film lyrique, sauvage, mélancolique et tourmenté à l’image des deux Corées. JSA Joint Security Area en dit plus long sur l’état des deux pays, à l’heure d’un possible rapprochement ou d’un autre coup de Trafalgar. 

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
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Sous-titres :
Edition :


   Titre original : 공동경비구역 JSA

    Titre international : JSA: Joint Security Area

    Titre français : Joint Security Area

    Réalisation : Park Chan-wook

    Scénario : Jeong Seong-san, Kim Hyeon-seok, Lee Mu-yeong et Park Chan-wook, d'après le roman de Park Sang-yeon

    Direction artistique : Kim Sang-man

    Costumes : Park Sang-hoon

    Photographie : Kim Sung-bok

    Montage : Kim Sang-beom

    Musique : Bang Joon-seok et Jo Yeong-wook

    Production : Lee Eun-soo

    Société de production : Myung Films

    Société de distribution : CJ Entertainment

    Pays d'origine :  Corée du Sud

    Langue originale : coréen

    Format : couleur - 2.35 : 1 - Dolby Surround - 35 mm

    Genre : thriller

    Durée : 110 minutes

    Dates de sortie : 27 juin 2018 (version restaurée et en 4K).

Distribution

    Lee Byung-hun : Sergent Lee Soo-hyeok

    Song Kang-ho : Sergent Oh Kyeong-pil

    Lee Young-ae : Major Sophie Jean

    Kim Tae-woo (VF : Bruno Choël) : Nam Seong-sik

    Shin Ha-kyun : Jeong Woo-jin

    Christoph Hofrichter (VF : Hervé Jolly) : Major Général Bruno Botta

    Herbert Ulrich (VF : Denis Laustriat) : l'officier suédois