Je vais mieux

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Un film de Jean-Pierre Améris ,
Avec Eric Elmosnino, Ary Abittan, Judith El Zein,

Genre : Comédie
Durée : 1h26
France

En Bref

Laurent est un brave type, architecte dans un cabinet. Il se laisse marcher sur les pieds par un collègue. Dans la vie, c’est un peu la même chose, ses parents, sa femme, tout le monde profite de sa gentillesse sans guère de reconnaissance. Il vient de se faire souffler un projet sous le nez et reléguer à la construction d’une plateforme au-dessus d’un canal. Il se retrouve avec un mal de dos qui grandit de plus en plus. Tous les examens que peut proposer la médecine semblent incapables de déterminer l’origine du mal. On convient que celui-ci est plus d’ordre psychologique que physique. Mais même là, les choses ne s’arrangent pas en fouillant dans l’esprit de notre pauvre malade. Il y a bien Pauline, la jeune fille croisée par hasard et bonne coïncidence. Il serait temps que Laurent se réveille et cesse de se faire marcher dessus. Il est bien décidé à reprendre sa vie en main et régler ses problèmes de communication. Il ne laissera plus les petits tracas causés par autrui agir sur son pauvre dos. Il n’imagine pas à quel point, avec cette décision, son existence prend un nouveau tournant.

Le cinéma de Jean-Pierre Améris aime les handicapés de l’âme, ces pauvres humains confrontés au monde. Remarquée avec Les émotifs anonymes, son œuvre est imprégnée par ces figures qui s’émancipent ou transgressent leurs faiblesses. Il aborde à chaque fois, avec tendresse pour ses personnages, la timidité propre au réalisateur, la gueule cassée de L’homme qui rit, le silence de Marie Heurtin, le manque de famille d’Une famille à louer. Depuis son premier film Le bateau de mariage en 1994, que ce soit pour la télé ou le grand écran ces cabossés de la vie hantent ses récits. C’est donc sans surprise qu’il s’empare du roman de David Foenkinos pour en proposer une nouvelle version avec des variations plus personnelles. Nous retrouvons ce personnage trop timide, effacé, qui passe sans laisser de trace. Tout le monde profite de sa gentillesse pour l’écraser, sans penser à ce qu’il désire vraiment.

Le mal de dos représente bien entendu le poids qu’il porte et n’évacue jamais. Il finit par devenir si lourd qu’il le fait ployer et, à son tour, lui gâche la vie. Dans un premier temps, il cherche à comprendre l’origine de la douleur. Toute la première partie est le voyage de ce brave type qui paraît presque invisible, mais pas insensible. Au travail, dans sa vie de couple, avec ses parents, comme à la roulette, rien ne va plus ! Il tire toujours les mauvais numéros. Face à sa souffrance, il convoque ses géniteurs de toute urgence. La réponse tombe comme un couperet à l’énoncé du mal de dos. Quoi ? Ce n’est qu’un mal de dos, alors tout va bien ! Et pourtant… C’est toujours avec douceur et tendresse que le réalisateur regarde se débattre ses émotifs.

Il ne porte jamais un regard vengeur, mauvais, sur eux qu’ils soient peu sympathiques ou héros pris au piège de leurs sentiments qui débordent. C’est bien ce que nous aimons dans son cinéma, ce regard sur la vie avec bonhommie. Laurent finit par se révolter et comprendre que c’est en bousculant son existence qu’elle changera. À la fin, il découvre l’amour et construit, comme architecte, une passerelle pour relier les deux rives. C’est une excellente façon, symbolique, pour nous faire comprendre qu’il reconstruit le lien avec les autres. Je vais mieux est un petit conte sur la joie de vivre et le partage avec les autres, on adore.

Patrick Van Langhnehoven