L'incroyable destin du coureur olympique et héros de la Seconde Guerre mondiale Louis "Louie" Zamperini dont l'avion s'est écrasé en mer en 1942, tuant huit membres de l'équipage et laissant les trois rescapés sur un canot de sauvetage où deux d'entre eux survécurent 47 jours durant, avant d'être capturés par la marine japonaise et envoyés dans un camp de prisonniers de guerre.
Après deux premiers essais fragiles mais prometteurs derrière la caméra avec le documentaire A place in time et le long-métrage Au pays du sang et du miel, Angelina Jolie réalisatrice revient avec, cette fois, un sujet en béton. Basé sur le best-seller Unbroken : A World War II Story of Survival, Resilience, and Redemption paru en 2010, dont l’histoire retrace la vie du héros de guerre et champion olympique Louis Zamperini, le film ne prend pas trop de risques en relatant une épopée incroyable, figure de résistance, de persévérance, de courage et de fierté. Sincère et visiblement déterminé à honorer ce héros de guerre hors du commun, Invincible s’inscrit pourtant dans un académisme formaté pour les Oscars et ne boude pas des accents mélo regrettables. Mais l’intensité de son interprétation et la virtuosité de l’équipe de choc réunie autour du projet arrivent à rendre à cette histoire toute son ampleur. A voir.
A l’heure des films de super héros et des franchises dystopiques pour adolescents, les biopics et les « histoires vraies » tentent de garder la tête hors de l’eau et de faire figure de fresque touchante et poignante en jouant la carte de la véracité, du témoignage du vécu durant des périodes charnières de l’Histoire. Ici, l’histoire de l’athlète vétéran Louis Zamperini tombe comme du pain béni dans les mains d’Angélina Jolie, voisine et proche de l’homme en question. Pour mener à bien son entreprise, la réalisatrice a su s’entourer d’une fine équipe parmi laquelle Joël et Ethan Cohen mais aussi William Nicholson (Mandela : un chemin vers la liberté) et Richard LaGravanese (De l’eau pour les Eléphants, Ma vie avec Liberace) pour le scénario, Alexandre Desplat pour la musique et le chef opérateur Roger Deakins (Skyfall, Prisoners). Le montage très minutieux est lui aussi l’œuvre de deux pointures, Tim Squyres (Tigre et Dragon) et William Goldenberg (Zero Dark Thirty, Argo). Ce travail collectif va donner naissance à une histoire ambitieuse et exigeante mais aussi très éprouvante.
L’action va se dérouler en deux temps. Dans une première partie palpitante, le récit va dérouler habilement les évènements et les flashbacks qui nous renseignent sur la jeunesse et la construction du personnage. La vie tumultueuse du combattant offre au scénario une diversité de genres qu’on n’aurait jamais cru pouvoir coller dans une même histoire : combats aériens, athlétisme, reconstitution des Jeux Olympiques de Berlin mais aussi la violence des camps japonais. Un scénario qui ne va pas éviter quelques raccourcis et ellipses narratives et qui va mettre un point d’honneur à valoriser le mental d’acier de l’athlète et de l’officier, quitte à perdre et déconcerter un peu le spectateur dans une deuxième partie dans les camps, éreintante, rythmée par les face à face entre Watanabe alias l’Oiseau et Zamperini.
Leur relation de domination va continuellement se solder par des confrontations à sens unique, plus spectaculaires les unes que les autres, à l’image de cette scène où Zamperini est forcé de soulever une poutre au-dessus de sa tête. Derrière cette détermination à montrer un héros invincible, dont la faiblesse n’a jamais raison du mental, Angelina Jolie perd un peu en objectivité et zappe complètement la phase de reconstruction, après-guerre, durant laquelle l’homme perd pied dans l’alcool et désir maladif de se venger jusqu’à sa rencontre avec le prêcheur Billy Graham. Mais plutôt que d’être déçu de ce choix narratif, on préfère se concentrer sur l’intensité et le dévouement palpables qu’a mis Angelina Jolie dans chaque plan et sur sa réalisation soignée qui fait s’écouler d’elle-même l’histoire, sans accroc, dans une facture classique mais maitrisée.
Mais aussi sur sa direction d’acteur apparemment sans faille qui façonne un Jack O’Connel (Les poings contre les murs, ’71) en acier, artificiellement coloré et hâlé mais dévoué à son personnage jusqu’à perdre un nombre impressionnant de kilos pour la crédibilité de son personnage. A aucun moment l’acteur ne se laisse dépasser par le caractère épique du film ni ne se laisse faire de l’ombre par les décors ou par les autres personnages. En face, le chanteur et musicien Miyavi fait ses premiers pas au cinéma dans un rôle charismatique dans lequel on dénote tout de même quelques erreurs de justesse.
Hommage percutant à un homme d’envergure, Invincible est avant tout un plaidoyer et un cri pour l’humanité et la solidarité. La réalisatrice s’efface entièrement derrière son œuvre pour façonner une histoire hollywoodienne comme on les aime, nette, propre et sans bavure, capable de toucher et de faire rêver. Par les temps qui courent, on découvre au film une dimension salvatrice et fédératrice plutôt bienvenue.
Eve Brousse
Bonus:
Copie digitale offerte au format UltraViolet
10 scènes coupées (HD - 15'44" - VOST)
"Dans les coulisses de Invincible" (HD - VOST) :
- "50 ans de gestation" (6'33")
- "Le combat d'une conteuse, la réalisatrice Angelina Jolie" (11'45")
- "La génération la plus robuste" (10'13")
Le véritable Louis Zamperini (HD - 29'47" - VOST)
Concert pour l'équipe du film avec Miyavi (HD - 7'42" - VOST)
"Au théâtre du camp de prisonniers : Cendrillon" (HD - 6'29" - VOST)
"Louis et la voie du pardon" (HD - 6'43" - VOST)
Titre original : Unbroken
Titre français : Invincible
Réalisation : Angelina Jolie
Scénario : Joel et Ethan Coen, Richard LaGravenese et William Nicholson, d'après Invincible : une histoire de survie et de rédemption (Unbroken: A World War II Story of Survival, Resilience, and Redemption) de Laura Hillenbrand
Direction artistique : Jon Hutman
Décors : Bill Booth, Jacinta Leong et Charlie Revai
Costumes : Louise Frogley
Photographie : Roger Deakins
Montage : Tim Squyres
Musique : Alexandre Desplat
Production : Matthew Baer, Angelina Jolie, Erwin Stoff et Clayton Townsend
Sociétés de production : Legendary Pictures, Jolie Pas, 3 Arts Entertainment et Walden Media
Société de distribution : États-Unis Universal Pictures
Pays d’origine : États-Unis
Langue originale : Anglais
Format : couleur
Genre : biographie
Durée : 137 minutes
Dates de sortie3 : Dates sujettes à modification
États-Unis, Drapeau : Québec Québec : 25 décembre 2014 France : 7 janvier 20154
Distribution
Jack O'Connell : Louis « Louie » Zamperini
Domhnall Gleeson : Russell Allen Phillips
Garrett Hedlund : John Fitzgerald
Alex Russell : Pete Zamperini
Jai Courtney : Hugh Cuppernell
Finn Wittrock : Francis McNamara
Luke Treadaway : Miller
John Magaro : Frank A. Tinker
Jordan Smith : Cliff
Miyavi : Mutsushiro Watanabe