Incarnate

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Un film de Brad Peyton ,
Avec Aaron Eckhart, Carice Van Houten,

Genre : Fantastique
Durée : 1h27
États-Unis

En Bref

Nous l’ignorons, mais ils sont dans l’ombre, les démons s’installent au cœur de la société. Ils prennent place parmi les vivants pour les entrainer dans le cercle infernal des ténèbres. Ils ne squattent plus le temps de quelques hantises pour une balade hors de l’enfer. Ils prennent leurs habitudes et s’installent à demeure pour mieux dévorer la vie. Ils font miroiter aux yeux des humains les rêves d’un monde imaginaire quand le rêve devient réalité. Vous composez votre univers imaginaire parfait, petit gros devenu don Juan, père de retour et aimant, etc. Ils dévorent votre âme trop occupée à sombrer dans ses chimères. Heureusement, l’Eglise est là pour mener la lutte, armée de la croix et du bénitier.

L’exorcisme ne suffit pas toujours, comme pour Lindsay. Elle voit son fils changer de jour en jour, incapable d’agir. Il n’est plus le même, immobile au centre de la pièce, il attend que sonne l’heure. Le Vatican est impuissant, la Bête est de haute lignée. Il ne reste que le Docteur Ember, télépathe et scientifique, chasseur de démons, bloqué dans son fauteuil. Le cas ne semble pas retenir son attention. Depuis qu’il a perdu sa femme et son fils dans un accident à cause de la démoniaque Maggy, il focalise sa quête et l’énergie de son équipe à la traque de la diablesse. Il change d’avis en apprenant que l’horrible créature qui lui a volé son bonheur se niche dans le corps du pauvre Cameron, un petit garçon innocent. L’heure de l’ultime confrontation sonne le glas du dernier chapitre. Bien ou Mal, la dernière carte se joue dans cette petite chambre. Au final, il n’en restera qu’un, et Diable ou Dieu n’y peuvent rien.

C’est au cœur de l’esprit qu’Incarnate développe un nouveau chemin autour de l’exorcisme, tout en empruntant la voie classique de ses prédécesseurs. Depuis l’inoubliable Exorciste de William Friedkin, le genre ne connaît pas de grande révolution. Incarnate explore d’autres pistes dans lesquelles la science devient une arme contre le mal. C’est dans ce domaine qu’il propose une lecture différente. Certes, nous retrouvons les artifices du genre, yeux exorbités, type collé au plafond et mère éplorée. Les chevaliers du Bien luttant contre le Mal trainent toujours dans la marge de la société. Seth Ember est une nouvelle figure d’exorciste. Il utilise des moyens techniques et son talent de télépathe pour vaincre la bête. Il ne joue pas sur les cris et tremblements pour nous impressionner mais sur une lutte plus sournoise.

Elle remonte sans doute aux premiers pas de l’humanité au cœur de la grotte. Le démon n’est plus une entité portée par la religion mais une autre forme d’existence. C’est donc un univers particulier dans lequel notre esprit se trouve pris au piège de ses chimères qu’évoque Incarnate. La notion de désir, importante dans la philosophie bouddhiste, devient une des thématiques centrales. De plus en plus de scénaristes hollywoodiens intègrent des notions issues du bouddhisme dans leurs scénarios. Incarnate développe deux principes, le poids des désirs et la réalité que nous percevons qui n’est pas celle que nous pensons. L’incarnation s’appuie sur nos envies pour nous maintenir prisonniers d’un monde. La première intervention d’Ember consiste à ouvrir les yeux d’un brave type pris au piège de ses fantasmes. Le combat avec l’entité nommée Maggy se déroule sur ce niveau. Cameron, pris dans le tourment du divorce de ses parents, refuse de voir son père pour ce qu’il est.

Il est en quête d’une famille idéale, chère au cinéma américain, en cela rien ne change. L’intérêt du récit se trouve dans ses petits riens et sa lecture plus subtile. Il s’appuie sur une mise en scène honorable et sans grande surprise, jouant de l’ombre et de la lumière. La photo est soignée. Brad Peyton, réalisateur de San Andreas est un bon faiseur. C’est une production de l’écurie Blumhouse de Jason Blum, Insidious, Sinister, American Nightmare, Paranormal activity, The Bay spécialiste de l’horreur à petits budgets et gros rapports. Ils ont aussi été nominés aux Oscars pour Whiplash. Incarnate ne bousculera pas le genre, mais reste une série B correcte pour les fans, avec quelques bonnes idées.

Patrick Van Langhenhoven