Delia rêvait d'une autre vie, plutôt que cette misérable existence en sous-sol à trimer pour presque rien. Elle est mariée à Ivano, un bellâtre qui bosse pour un salaire de misère. Il passe son temps au café ou à avoiner la pauvre Delia. Elle doit supporter son beau-père, une vieille canaille, autoritaire et profiteur. Elle ne trouve des moments de bonheur qu'à l'extérieur pour des petits boulots de rien, avec son amie Marisa quand elle croise le regard de Nino, son ancien amour. C'est la fin de la guerre. L'Italie est encore sous la surveillance des GI. Le fascisme reste encore dans l'ombre et la république pointe à l'horizon. Le seul espoir que cela change, c'est le mariage de Marcella, sa fille, avec le fils d'un bourgeois, Giulo. Pourtant c'est peut-être un autre événement, une lettre, qui pourrait tout changer dans cette Italie à reconstruire.
« J’ai été distrait et il t’a volée » NinoCette histoire pourrait ressembler à un conte ancien. Une mère trouve un beau prince pour marier sa fille. Le film en noir et blanc emprunte à la comédie sociale italienne des années soixante et au néoréalisme, romançant la vraie vie. Il apparaît en 1935 avec Cesare Zavattini, la caméra se met alors au service de la réalité. Il nait en 1943 avec Les Amants diaboliques (Ossessione) de Luchino Visconti. C'est avec Rome Ville ouverte de Roberto Rossellini qu'il trouve l'un de ses plus fervents supporters. Cette histoire sur l'émancipation des femmes après-guerre ne pouvait trouver meilleur support. Pour André Bazin, le néo-réalisme est l'école italienne de la Libération. C'est celle du joug allemand, du fascisme, des conventions narratives et des maris. Le néoréalisme suit une figure centrale, ici Delia, pour mieux aborder la collectivité. C'est d'ailleurs une très belle image de foule et Delia, noyée dans son cœur, qui le clôt. Ainsi la boucle est bouclée. Demain l'espérance viendra du combat que tous porteront et non un seul.
« Arrête de la battre sans arrêt, sinon elle va s’habituer. » OttorinoChaque personnage montre une facette de cette Italie d'après-guerre, la Mama prisonnière d'un carcan patriarcal, le père autoritaire à la main leste, le patriarche à l'image du fils, la fille qui n'espère qu'un beau mariage pour briser le cercle. Nous verrons qu'il n'en est rien. La guerre ne semble pas avoir tordu le cou aux idées dures. Pourtant Marisa, l'amie de Delia, est une femme libre, heureuse en couple. Le GI américain est l'espérance que tout cela change avec des idées nouvelles, progressistes. Nous retrouvons un soupçon de clair-obscur dans la photo, dans la tradition du cinéma allemand d'avant-guerre. La comédie sociale, souvent appelée néo-réalisme rose, est aussi une source d'inspiration à travers le couple Delia et Ivano, dans l'esprit du Fanfaron (1962) et un rien d'Affreux sales et méchants (1976). Les symboles sont omniprésents, le sous-sol est l'enfer, une vie sans espoir où le ciel est absent. On ouvre la fenêtre pour annoncer un mariage qui changera l'avenir et apporte la liberté. Le marché est le lieu où, perdue dans la foule, Delia rencontre son amie Marisa.
Le café est le temple d'Ivano et des hommes. C'est aussi celui où Delia n'est plus la mère, la femme au foyer, mais simplement elle-même. Paola Cortellesi choisit de styliser les moments de violence, les transformant en scènes de danse, une porte que l'on ferme, ce qui peut surprendre. Pourtant elles trouvent leurs résonances à la fin du récit et dans le mélange des formes de néo-réalisme et de comédie sociale italienne. Comme le dit Paola Cortellesi : « J’avais envie de raconter des histoires vécues dans l’immédiat après-guerre. Des histoires dramatiques, drôles, paradoxales et parfois tragiques. Toutes racontent l’histoire de femmes ordinaires qui avaient accepté une vie faite de sévices, parce qu’il en était ainsi, sans se poser de questions. » Il reste encore demain est un film universel par ses thématiques qui n'appartiennent pas uniquement à la société italienne. Il est bien plus universel que cela, hélas. L'espérance est encore possible car Il reste encore demain.
Patrick Van Langhenhoven
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Titre français : Il reste encore demain
Titre original : C'è ancora domani
Scénario original : Furio Andreotti, Giulia Calenda, Paola Cortellesi
Réalisation : Paola Cortellesi
Image : Davide Leone
Montage : Valentina Mariani
Musique originale : Lele Marchitelli
Décors : Paola Comencini
Accessoires : Fiorella Cicolini
Costumes : Alberto Moretti
Maquillage : Ermano Spera
Son : Filippo Porcari, Federica Ripani
Casting : Laura Muccino, Sara Casani
Première assistante réalisation : Francesca Romana, Polic Greco
Régie : Roberto Leone
Producteur exécutifs : Saverio Guarascio, Mandella Quilici, Gianluca Mizzi,
Productrice exécutive : Ludovica Rapisarda
Sociétés de production : Wildside Media
En collaboration avec : Netflix, Sky
Pays de production : Italie
Langue originale : italien
Genre : Comédie dramatique
Durée : 118 minutes
Dates de sortie : 13 mars 2024
Distribution
Paola Cortellesi : Delia
Valerio Mastandrea : Ivano
Romana Maggiora Vergano : Marcella
Emanuela Fanelli : Marisa
Giorgio Colangeli : Ottorino
Vinicio Marchioni : Nino
Yonv Joseph : William
Francesco Centorame : Giulio
Raffaele Vannoli : Alvaro
Paola Tiziana Cruciani : Mme Franca
Mario : Federico Tocci
Mme Giobana : Priscilla Micol Marino
Mme Elvira : Silvia Salvatori
Mme Rosa : Maria Chiara Orti
Sergio : Mattia Baldo
Franchino : Gianmarco Filippini
Alessia Barela : Orietta