871, à la veille d’une bataille décisive contre les Saxons, le vieux roi viking mourant convoque ses fils autour de sa couche. Il est impératif d’étendre leur suprématie et les terres trop étroites pour son peuple. Il lui faut trouver dans l’un d’eux, celui qui possède l’étoffe de son successeur. Vali, le bâtard, ne compte pour rien dans la balance, reste Steinar le fier, et un autre de ses frères. L’Ainé Ivar, banni du royaume il y a longtemps, pourrait bien ressurgir des brumes du Walhalla pour revendiquer sa place. Première épreuve, le roi Bagsecg ordonne le sacrifice de Vali. Steinar refuse de tuer ce frère, même s’il est à demi saxon et lâche. Pour le vieil homme, il ne fait aucun doute dans ses intentions quand il lance Steinar à la recherche d’Ivar. La longue route commence, pour trouver Hakan, le dernier à l’avoir vu et lui faire accepter de les mener à l’ainé. Ivar, devenu fou, règne sur une bande d’illuminés transformés en monstruosités. Il faudra d’abord qu’ils échappent aux Saxons et à leur nouvelle religion. Ensuite à la folie d’Hakan, guerrier solitaire entouré d’une femme mystérieuse, fée ou sorcière et d’un jeune esclave éphèbe. Lorsqu’il atteint enfin sa destination, les vérités que découvre Steinar, le prix payé par de nombreux de ses compagnons, le place en face du roi qu’il cherchait. Il connaît la réponse à sa destinée et l’accepte sans sourciller.
Sorti directement en vidéo, peut-être à cause des scènes de batailles violentes qui l’auraient classé moins de 16 ans ou 18 ans, Hammer of the gods reste une agréable surprise. Derrière le style de Farren Blackburn, proche de Refn, le guerrier silencieux, même traitement de la violence pure et de la photographie froide, aux tons souvent bleus. Derrière se cache une variation sur le roi et son accession au trône. Au début un jeune garçon, fier, arrogant, suit une quête initiatrice pour comprendre enfin le rôle que le destin attend de lui. Nous pouvons rapprocher Hammer of the gods du Graal. Arthur en retirant l’épée et en menant sa quête d’unification apprend à travers les épreuves à devenir un homme et un roi. C’est le même cheminement dans Valentin de Majipoor en science-fiction et de nombreux autres films et ouvrages. Le vieux roi avec la première mise à mort n’est pas dupe, il choisit déjà entre les deux postulants celui qui sera apte à mener la quête et la réussir. En refusant au dernier moment de tuer son bâtard de frère, en dominant ses impulsions, Steinar montre que s’il mûrit bien, il fera un bon prétendant au trône.
La première partie tient du road movie à travers les Midlands, paysages de fin du monde, no man’s land où errent les âmes perdues. C’est aussi la construction d’un homme qui finit de se construire face aux épreuves. Au départ tous sont des errants, des hommes en quête d’une destinée sans autre but que la guerre et la violence. Steinar ne croit plus en rien, et se trouve hanté par le fantôme de sa mère. C’est aussi l’apparition comme dans le Graal du christianisme tentant d’effacer les rites païens. La dernière partie tient du treizième guerrier et du roi fou, entre le père mourant et le frère ainé deux visions du monde s’offrent au regard de Steinar. Il devra choisir celle qu’il désire suivre. Hammer of the gods, reste une bonne surprise qui mérite d’être découverte et vaut bien des films de mauvaise qualité que l’été nous propose. Le réalisateur Farren Blackburn est à suivre de près. Je ne serais pas étonné de le retrouver dans une production plus ambitieuse assez rapidement.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus : Copie digitale offerte Making of (21') Entretien avec l'équipe du film (12') Coulisses des effets spéciaux (6') Bandes-annonces. Les bonus vous permettront de mieux comprendre les tenants et aboutissants du film.