Un homme s’avance dans la foule, soutenu par ses filles. Il l’ignore encore, le Mahatma Gandhi va à la rencontre de sa mort. Nous revenons en arrière en Afrique du Sud, avec un incident qui marque pour beaucoup les débuts du jeune avocat. C’est ici que commence l’élaboration de ce qui deviendra le satyagraha, principe de désobéissance civile et de non-violence instauré par Gandhi. C’est en héros qu’il revient en Inde. Il décide, pour toucher l’âme du pays, de le parcourir de long en large jusqu’à fonder l’Ashram de Sabarmati. Ici vivent des hommes et des femmes ayant fait vœu de vérité, de célibat, d’ahimsa, de pauvreté. Il rejoint le parti du Congrès national indien. Gandhi est bientôt surnommé Bapu, père, et Mahatma, grande âme. Différents événements marquent le long cheminement de la non-violence, du massacre d’Amritsar en 1919 jusqu’à l’Indépendance de l’Inde le 15 août 1947. Il aura fallu la Marche du sel, la non-coopération, plusieurs jeûnes pour stopper la violence, des séjours en prison et de nombreux discours pour gagner la bataille de la liberté sans violence. Le film s’achève par son point de départ, la mort du Mahatma Gandhi et ses funérailles impressionnantes.
Richard Attenborough commence sa carrière comme acteur avant de passer à la réalisation et de fonder la première maison de production dirigée par des acteurs, Beaver Films. Comme Cécile B. DeMille ou Jean Jacques Annaud, il aime les projets ambitieux. Sa filmographie compte plusieurs réalisations engagées Gandhi et Cry Freedom, par exemple. Il mettra 20 ans avant de se lancer dans l’aventure. Les producteurs trouvent le projet trop risqué. Il avait l’accord sans concession du Premier ministre Nehru, figure importante de l’Indépendance. Certaines castes regrettent que le film ne soit pas indien. Ils iront jusqu’à la grève de la faim, imitant en cela Gandhi. C’est Indira Gandhi, fille de Nehru, et le petit-fils de Gandhi qui débloqueront la situation et permettront le tournage.
C’est une mise en scène épique avec la séquence des funérailles qui compte le plus grand nombre de figurants, tournée le 30 janvier 1981. C’est le jour d’anniversaire du Mahatma Gandhi. Le film s’attache, à travers les moments marquants de la vie du père de la non-violence, à retracer la naissance d’un mouvement qui marque l’histoire de l’humanité. Richard Attenborough en dresse un portrait positif, évitant les polémiques, dans une mise en scène classique soignée. C’est plus le propos que la forme qui l’intéresse. Dans des décors grandioses, il touche l’âme d’un homme et de son combat non-violent. Ben Kingsley, Oscar du meilleur acteur, est remarquable, dans son meilleur rôle jusqu’à maintenant.
C’est la part d’humanité d’un personnage plus grand que l’histoire que le réalisateur et l’acteur font ressortir, inscrite dans des décors immenses à l’image de l’Inde. C’est un cinéma de l’horizontal. Dans l’immensité des décors, les figures des grands hommes gardent leur humanité et leur intimité. Il permet aux spectateurs de Churchill (Les griffes du lion 1972) à Chaplin (1992) en passant par Gandhi (1982) et Cry Freedom (Steve Biko) de comprendre comment naissent les grandes figures. C’est un voyage exceptionnel comme le cinéma en produisait autrefois. Pour Richard Attenborough, c’est son meilleur film, celui qui lui tenait le plus à cœur.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus:
Présentation et commentaires du réalisateur Richard Attenborough
L’héritage de Gandhi version intégrale du film avec incrustation graphique
Titre : Gandhi
Réalisation : Richard Attenborough
Scénario : John Briley
Production : Richard Attenborough, Rani Dubé
Musique : Ravi Shankar (George Fenton pour la version exploitée aux États-Unis)
Photographie : Ronnie Taylor, Billy Williams
Format : 35 mm. Ratio : 2.35:1 - Son : Dolby Stéréo
Montage : John Bloom
Décors : Stuart Craig, Bob Laing
Direction artistique : Norman Dorme, Ram Yedekar
Costumes : Bhanu Athaiya, John Mollo
Maquillage : Tom Smith
Sociétés de production : International Film Investors, National Film Development Corporation of India, Goldcrest Films International, Indo-British Films, Carolina Bank
Distribution : France : Warner-Columbia Film
Pays : Royaume-Uni, Inde
Genre : biographie
Durée : 191 minutes
Budget : $22 000 000 (estimation)
Dates de sortie : 23 mars 1983
Dates de sortie vidéo:
Distribution
Ben Kingsley (VF : Med Hondo) : Mohandas Karamchand Gandhi
Roshan Seth (VF : Bernard Tiphaine) : Pandit Jawaharlal Nehru
Alyque Padamsee (en) (VF : Jean Barney) : Muhammad Ali Jinnah
John Mills (VF : Jean Lagache) : Lord Chelmsford, Viceroy (F.J.N. Thesiger)
John Gielgud (VF : René Bériard) : Lord Irwin, Viceroy (Edward F.L. Wood)
Martin Sheen (VF : Bernard Murat) : Vince Walker, journaliste fictif partiellement basé sur Webb Miller (en)
Ian Charleson (VF : Marc François) : révérend C. F. Andrews
Günther Maria Halmer (VF : José Luccioni) : Herman Kallenbach (en)
Saeed Jaffrey (VF : Serge Sauvion) : Sardar Vallabhbhai Patel
Candice Bergen (VF : Perrette Pradier) : Margaret Bourke-White
Athol Fugard (VF : Jacques Deschamps) : le général Jan Christiaan Smuts
Edward Fox (VF : Philippe Mareuil) : Général Dyer
Trevor Howard (VF : Claude Joseph) : juge Broomfield
Geraldine James (VF : Sylvie Moreau) : Mirabehn (Madeleine Slade)
Richard Vernon (VF : Jean Michaud) : Edward Albert Gait (en)
Richard Griffiths (VF : Joël Martineau) : Collins
Ian Bannen (VF : William Sabatier) : Officier chef des forces de police
Shreeram Lagoo (VF : Henry Djanik) : Professeur Gokhale
Amrish Puri (VF : Sady Rebbot) : Khan
Rohini Hattangadi (VF : Jane Val) : Kasturba Gandhi
Nigel Hawthorne (VF : François Nocher) : Kinnoch
Om Puri (VF : Sady Rebbot) : Nahari
Supriya Pathak : Manu
Peter Harlowe (VF : Hubert Noël) : Lord Louis Mountbatten
Daniel Day-Lewis : Colin
Winston Ntshona : Le steward dans le train en Afrique du Sud
David Markham : vieux gentleman anglais
Michael Bryant : un diplomate anglais
Pankaj Mohan, premier secrétaire de Gandhi, Mahadev Desai
Pankaj Kapur : second secrétaire de Gandhi, Pyarelal Nayyar (en)
Anang Desai (en) : Acharya Kripalani (en)
Dilsher Singh : Khan Abdul Ghaffar Khan
Harsh Nayyar : Nathuram Godse
Shekhar Chatterjee (en) : Huseyn Shaheed Suhrawardy
Terrence Hardiman (en) : Ramsay MacDonald
Daniel Day-Lewis : Jeune homme insultant Gandhi en Afrique du Sud
Récompenses
Oscars
Oscar du meilleur film
Oscar du meilleur scénario original
Oscar du meilleur réalisateur
Oscar du meilleur acteur
Oscar du meilleur montage
Oscar de la meilleure direction artistique
Oscar de la meilleure photographie
Oscar de la meilleure création de costumes
British Academy Film Award
British Academy Film Award du meilleur film
British Academy Film Award du meilleur acteur
British Academy Film Award du meilleur réalisateur
British Academy Film Award de la meilleure actrice dans un second rôle pour Rohini Hattangady
British Academy Film Award du meilleur nouveau venu dans un rôle principal
Golden Globes
Golden Globe du meilleur réalisateur pour Richard Attenborough
Golden Globe du meilleur acteur dans un film dramatique pour Ben Kingsley
Golden Globe du meilleur film étranger
Golden Globe de la révélation masculine de l'année pour Ben Kingsley
Golden Globe du meilleur scénario pour John Briley
Nominations
Aux Oscars 1983
Oscar de la meilleure musique originale
Oscar du meilleur son
Oscar des meilleurs maquillages
Aux BAFTA 1983
Meilleur acteur dans un second rôle pour Edward Fox
Meilleur acteur dans un second rôle pour Roshan Seth
Meilleure actrice dans un second rôle pour Candice Bergen
Meilleur scénario pour John Briley
Meilleure direction artistique pour Stuart Craig
Meilleurs costumes
Meilleurs maquillages et coiffures
Meilleure photographie
Meilleur montage
Meilleur son
Meilleure musique de film