Richard, Gilles et Philippe se retrouvent pour une croisière entre amis, cet été sera chaud ! C’est l’occasion pour Richard, après sa séparation et son coup de blues, de présenter sa nouvelle compagne. Daphné se révèle plutôt agréable, sympathique, de bonne compagnie. Toute la petite bande semble bien l’accueillir sauf Astrid qui d’entrée, ne cache pas sa mauvaise humeur. À sa décharge, elle adorait l’ancienne femme de son hôte. Le voyage malgré madame ronchon se présente sous les meilleurs auspices et béni de Poséidon.
La croisière démarre donc dans la bonne humeur, une ambiance farniente et l’océan à perte de vue. Un mauvais grain risque de chahuter tout ce beau monde que la vie en espace réduit commence sévèrement à énerver. Les petits travers et les colères de chacun commençant à pointer le bout de leur nez, un petit diable semble s’emparer de la compagnie. Face à la tempête qui s’annonce, le capitaine est amoché sous le choc d’un coup de grand foc, une voile. Le navire se retrouve entre les mains de nos amis, capitaines de seconde zone, avec peu de connaissances sur le maniement marin. La seule certitude est que pour passer le cap il faut mettre de côté ses petites engueulades entre amis et se serrer les coudes. Tout le monde sur le pont pour ramener à bon port la bande et sauver le capitaine entre la vie et la mort.
Après l’échec de son dernier film, Olivier Baroux change de cap et nous propose une comédie plus en demi-ton dans l’esprit de L’Italien. Film de bande, c’est la galerie de portraits qui en fait tout le charme grâce aux comédiens. Nous retrouvons celui qui a réussi, Daniel Auteuil, toujours à en imposer, se la jouer air supérieur. La jeune amoureuse, Mélanie Doutey, doit se faire accepter du reste de l’équipe ou rester à quai. Zabou, la grognon de service, refuse tout changement dans l’ordre des choses et en général.
Elle a réussi dans la vie et passe son temps à s’inquiéter de sa prochaine campagne de pub, plus que de sa vie de couple. François Berléand représente le mari soumis ayant raté sa vie, soudé au giron de sa femme. Gérard Jugnot joue celui qui passe inaperçu dont tout le monde se fout. Isabelle Gélinas nous trace le portrait de la bonne vivante qui profite et s’éclate un max. Tout ce beau monde s’avère en définitive plus complexe qu’une simple galerie de standards de cinéma. La tempête, qui n’est pas celle de Shakespeare, est le catalyseur des blessures cachées qui, face à la mort, se révèleront au grand jour.
Chacun se dévoile dans sa vraie nature, ne joue plus la comédie de sa vie en portant un masque. Passé le temps des quatre vérités étalées sur la table, de ces blessures qui fâchent et peuvent faire éclater un groupe, il ne reste plus qu’à s’accepter enfin tel que l’on est dans sa vraie nature mise à nue. Il ne reste plus qu’à faire front ensemble face à l’obstacle et la plus belle récompense, c’est la vie qui continue qui nous la donne. La tempête devient la métaphore du groupe. En survivant à celle-ci, il connaît un nouveau départ ou meurt noyé dans les flots. Entre amis n’innove pas dans le genre, mais contrairement à certaines comédies de la semaine dernière, on voit qu’Olivier Baroux connaît son affaire et nous suggère un divertissement qui passe le cap de la tempête pour la majorité d’entre nous.
Patrick Van Langhenhoven
Ciné Région : Est-ce qu’il faut être potes pour jouer avec des potes ?
Daniel Auteuil : Non, sinon on serait des mauvais acteurs. En revanche, il vaut mieux partir avec des amis sur une croisière pour pouvoir mieux se réconcilier après, parce que c’est généralement tendu.
C.R : Vous êtes en ce moment à l’affiche de deux films où il est question d’amitié, pourquoi avoir dit oui à ces deux projets ?
D.A : Nos Femmes est un projet d’une pièce de théâtre qui datait d’un an avant et Entre Amis est arrivé ensuite. C’étaient deux thématiques différentes sur l’amitié. Dans un cas, c’est comment peut-on sauver son meilleur ami en mentant et dans l’autre, comment sauver un type qu’on ne connaît pas avec tous ses amis.
C.R : Mais alors qu’est-ce qui vous fait dire oui aux projets ? Et est-ce que l’équipe du film est importante dans votre choix ?
D.A : Le metteur en scène est important. J’aime l’humour d’Olivier, j’aime ses films. Je trouve que c’est différent de ces comédies dites « à la française » car il y a toujours une part d’aventure, parfois de surréalisme. Selon moi, le projet est original parce qu’on sort de la comédie traditionnelle. Ensuite, c’est un film collectif où chacun a une partition à défendre, où chacun des personnages a un parcours à accomplir, on sera tous différents à l’arrivée.
C.R : Olivier, pourquoi n’y a-t-il pas votre ami Kad dans le projet ?
Olivier Baroux : J’ai fait Safari, Pamela Rose et On a marché sur Bangkok avec lui et je pense que c’est bénéfique de faire une pause. On va certainement se retrouver dans deux ou trois films et on aura une grosse envie de bosser ensemble.
C.R : Vous avez hésité sur l’âge des personnages ?
O.B : Non pas du tout, il fallait qu’ils aient cette même tranche d’âge. Pour ce qu’ils ont à vivre sur le bateau, notamment combattre la tempête, je trouvais intéressant d’avoir des gens plus proches de la soixantaine que des quadras physiquement alertes.
C.R : Vous aviez en face de vous quatre personnages, comment c’est passé la répartition des rôles ?
D.A : Quand on est metteur en scène, je sais comment s’attribuent les rôles mais de mon point de vue d’acteur, je dirais qu’on est dépendant du désir de l’autre. Les rôles étaient à égalité donc c’est un peu tombé sous le sens, on s’est dit : « C’est toi ? Ah oui c’est toi ! ». Il y avait une forme d’évidence.
C.R : Comment s’est déroulé le tournage et la mise en scène de la tempête ?
O.B : On a pris l’option de tourner sept semaines en studios, dans les studios de Luc Besson et on a fait construire un bateau de 26 m qu’on a mis sur vérins donc le bateau bougeait comme un vrai bateau et autour du bateau on a mis le vent, la pluie, les vagues, comme dans Titanic, à moindre échelle. Après, on est parti 15 jours à Marseille.
C.R : Vous aviez besoin d’acteurs et d’actrices qui se connaissent ?
O.B : Oui j’aime bien travailler comme ça en général. J’aime bien les films de bande. Ici j’en ai créé une nouvelle et peut-être que l’an prochain il y aura quelques éléments de ce film là et du précédent et ainsi de suite. J’aime bien travailler avec des gens de confiance qui se connaissent et avec lesquels je sais que ça va bien se passer.
C.R : Zabou Breitman, ce n’est pas la première fois qu’on vous croise dans un personnage un peu revêche et frustré, quel sentiment ça vous inspire ?
Zabou Breitman : Je dirais même qu’elle est carrément folle et c’est drôle à jouer, c’est génial, ce sont les meilleurs rôles. Il n’y a pas une comédienne qui va refuser ce rôle parce qu’il est antipathique, elles vont toutes sauter dans ce rôle à pieds joints.
C.R : François Berléand, est-ce que c’est difficile de jouer un mec saoul ou bien c’est drôle ?
François Berléand : Je dirai que c’est assez délicat parce qu’on a toujours peur d’en faire trop. Mon père était russe, il picolait bien, et quand il était vraiment bourré, jamais il ne se tenait aussi droit, concentré sur la ligne droite et c’est comme ça que je voulais jouer le personnage.
Entretien réalisé par Patrick Van Langhenhoven et retranscrit par Eve Brousse
Titre original : Entre amis
Réalisation : Olivier Baroux
Scénario : Éric Besnard et Richard Grandpierre
Dialogues : Éric Besnard, Richard Grandpierre et Olivier Baroux
Directeur de la photographie : Régis Blondeau
Montage : Christophe Pinel
Décors : Bertrand Seitz
Costumes : Camille Rabineau
Musique : Martin Rappeneau
Producteur : Richard Grandpierre
Sociétés de production : Eskwad, Pathé Films, TF1 Films Production
Distribution : Pathé Distribution
Pays : France
Distribution
Daniel Auteuil : Richard
Gérard Jugnot : Gilles
François Berléand : Philippe
Zabou Breitman : Astrid
Isabelle Gélinas : Carole
Mélanie Doutey : Daphné
Jean-Philippe Ricci : Batistou