Cette histoire commence dans un mélange d’extase, des rythmes endiablés des bouges perdus et des foires aux attractions musicales. C’est la rencontre d’un jeune garçon qui changera le monde de la musique en pleine mutation et d’un bonimenteur, roi de l’esbroufe. C’est celle d’Elvis et du colonel Parker sur fond d’une Amérique ségrégationniste et bien pensante. Les déhanchements et le mélange de blues, country, Gospel, et rock naissant le propulsent sur la scène internationale comme un chanteur à part. Sur son passage, les jeunes filles ne résistent pas au sex-symbol qui se parera de costumes étincelants plus tard.
« Notre pays est malade. Il a perdu sa détermination, voire son sens moral. »
Dans les années cinquante-cinq, il croise la route du Colonel Parker qui devient son impresario exclusif. Le vieux roublard flaire la bonne affaire et le potentiel en gestation du jeune homme. Il lui fait quitter l’ombre pour la lumière et quelle lumière ! Celle de Las Vegas ! Pour payer ses dettes de jeux, il enferme Elvis pendant cinq ans sur la même scène du casino.
« Il y a un tas de gens qui disent un tas de choses, mais il faut surtout s’écouter soi-même. » Elvis.
Avant ce sont les routes du Mississippi, du Sud profond et d’une Amérique qui assassinera Martin Luther King et Bob Kennedy. Le jeune garçon est obligé de calmer son jeu de jambes, de changer de costume pour le noir et blanc, plus strict. Parker lui conseille d’éviter les chansons provocantes mais Elvis résiste. Il finit en Allemagne en attendant que les choses se tassent et rencontre celle qui partagera sa vie, Priscilla. Cette histoire raconte une vie sous les sunlights jusqu’au bout de la route, jusqu’à la mort en 1977.
Dès Ballroom Dancing (1992), nous avons l’impression que la filmographie de Baz Luhrmann nous conduit à travers des figures révoltées et la musique à Elvis. Nous retrouvons la démesure et le baroque flamboyant qui éclatent dans cette biographie inspirée. Les lumières du Moulin Rouge, l’Amérique balbutiante et le jazz de Gatsby le magnifique (2013), le tragique, la révolte de Roméo et Juliette (1996). Le film commence dans les foires et leurs décors baroques qu’affectionne le réalisateur.
C’est un monde de couleurs avec sa galerie de monstres et ses chanteurs sous chapiteau, bien avant la salle de spectacle. C’est la route, la marginalité, le mensonge, l’esbroufe, les camelots et le clinquant. C’est ici que la chenille tisse son cocon avant de devenir papillon. Le déhanchement, les costumes de foire aux ceintures de rodéo, les paroles et la musique hypnotique portent les jeunes filles de bonne famille au bord de l’extase. En toile de fond, c’est l’Amérique profonde des bouges clandestins, des chanteurs de blues à la guitare enivrée d’alcool et de promesses d’un autre monde.
Le film raconte autant l’ascension et l’apport révolutionnaire de la musique d’Elvis que l’Amérique ségrégationniste et des droits civiques. Comment un jeune garçon autodidacte construit un nouveau genre en mélangeant plusieurs influences. On découvre le vrai visage du Colonel Parker, émigré qui ne peut quitter le territoire. Il s’invente une généalogie et un parcours loin du bonimenteur des foires. Il quitte un chanteur country pour une perle qu’il aidera à atteindre les sommets. Je pense qu’Elvis aurait fini par éclater au grand jour sans son mentor pernicieux. Dans les mains du Colonel, il devient un instrument à dollars qui, malgré tout, échappe parfois à son impresario.
Ce qu’il ne peut dire en paroles, il le chante. Elvis finira, poussé au-delà de ses limites, par mourir de trop de drogues pour le tenir debout, trop de démesure que l’on étouffe. C’est une caméra baroque au déhanché semblable à celui d’Elvis, le cœur de son récit, qui trace la route. Le jeune Austin Butler réussit à se fondre dans le personnage, mimétisme parfait. Tom Hanks est incroyable, bluffant dans une transformation impressionnante pour ce bonimenteur finissant dans l’ombre. Baz Luhrmann choisit la démesure pour un film qui la mérite.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus:
Plus vrai que nature (l'histoire d'Elvis),
La crème du rock'n'roll (la musique et les artistes derrière Elvis),
Digne d'un roi (costumes),
Viva Australia (la recréation des décors emblématiques)
clip de la chanson Trouble
Titre original : Elvis
Réalisation : Baz Luhrmann
Scénario : Sam Bromell, Baz Luhrmann et Craig Pearce
Musique : Måneskin, Elliott Wheeler1
Décors : Catherine Martin et Karen Murphy
Costumes : Catherine Martin
Photographie : Mandy Walker
Montage : Matt Villa et Jonathan Redmond
Production : Gail Berman, Baz Luhrmann, Catherine Martin, Patrick McCormick, Andrew Mittman, Priscilla Presley et Schuyler Weiss
Production déléguée : Rory Koslow
Sociétés de production : Bazmark et The Jackal Group ; Warner Bros. et Whalerock Industries (coproductions)
Société de distribution : Warner Bros. (États-Unis, France)
Pays de production : Drapeau des États-Unis États-Unis / Drapeau de l'Australie Australie
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : drame biographique
Durée : 159 minutes
Dates de sortie : 25 mai 2022 festival de Cannes, 22 juin 2022
Distribution
Austin Butler (VF : Marc Arnaud) : Elvis Presley
Chaydon Jay : Elvis Presley enfant
Tom Hanks (VF : Jean-Philippe Puymartin) : le « Colonel » Tom Parker
Helen Thomson (VF : Céline Ronté) : Gladys Presley
Richard Roxburgh (VF : Tony Joudrier) : Vernon Presley
Olivia DeJonge (VF : Garance Thénault) : Priscilla Presley
Luke Bracey (VF : Axel Kiener) : Jerry Schilling (en)
Natasha Bassett : Dixie Locke
David Wenham (VF : Jérôme Pauwels) : Hank Snow
Kelvin Harrison Jr. (VF : Diouc Koma) : B. B. King
Xavier Samuel : Scotty Moore
Kodi Smit-McPhee (VF : Julien Portugais) : Jimmie Rodgers
Leon Ford : Tom Diskin
Kate Mulvany : Marion Keisker
Josh McConville : Sam Phillips
Yola : Sister Rosetta Tharpe
Alton Mason : Little Richard
Gary Clark Jr. : Arthur Crudup
Christopher Sommers : Horace Logan
Nicholas Bell (VF : Gérard Darier) : le sénateur James Eastland
Anthony LaPaglia : Bernard Lansky
Dacre Montgomery (VF : Gauthier Battoue) : Steve Binder
Christian Kisando : Smoky
John Mukristayo : Jimmy
Miles Burton : Bobby
Gad Banza : Doc
Adam Dunn : Bill Black
Terapai Richmond : D.J. Fontana
Patrick Shearer : Dewey Phillips
Liz Blackett : grand-mère Dodger
Cle Morgan : Mahalia Jackson
Shonka Dukureh : Big Mama Thornton
Liste des morceaux de musiques
Suspicious Minds (Vocal Intro) – Elvis Presley
Also Sprach Zarathustra / An American Trilogy – Elvis Presley
Vegas – Doja Cat
The King and I – Eminem & Cee Lo Green
Tupelo Shuffle – Swae Lee & Diplo
I Got a Feelin' in My Body – Elvis Presley & Stuart Price
Craw-Fever – Elvis Presley
Don't Fly Away" (Pnau Remix) – Elvis Presley & Pnau
Can't Help Falling in Love – Kacey Musgraves
Product of the Ghetto – Nardo Wick
If I Can Dream – Måneskin
Cotton Candy Land – Stevie Nicks & Chris Isaak
Baby Let's Play House – Austin Butler
I'm Comin' Home (Film Mix) – Elvis Presley
Hound Dog – Shonka Dukureh
Tutti Frutti – Les Greene
Strange Things Happening Every Day – Yola
Hound Dog – Austin Butler
Let It All Hang Out – Denzel Curry
Trouble – Austin Butler
I Got a Feelin' in My Body – Lenesha Randolph
Edge of Reality (Tame Impala Remix) – Elvis Presley & Tame Impala
Summer Kisses / In My Body – Elvis Presley
’68 Comeback Special (Medley) – Elvis Presley
Sometimes I Feel Like a Motherless Child – Jazmine Sullivan
If I Can Dream (Stereo Mix) – Elvis Presley
Any Day Now – Elvis Presley
Power of My Love – Elvis Presley & Jack White
Vegas Rehearsal / That's All Right – Austin Butler & Elvis Presley
Suspicious Minds – Elvis Presley
Polk Salad Annie (Film Mix) – Elvis Presley
Burning Love (Film Mix) – Elvis Presley
It's Only Love – Elvis Presley
Suspicious Minds – Paravi
In the Ghetto (World Turns Remix) – Elvis Presley and Nardo Wick
Unchained Melody – Elvis Presley