Dans un futur proche, des hordes d'extraterrestres ont livré une bataille acharnée contre la Terre et semblent désormais invincibles: aucune armée au monde n'a réussi à les vaincre. Le commandant William Cage, qui n'a jamais combattu de sa vie, est envoyé, sans la moindre explication, dans ce qui ressemble à une mission-suicide. Il meurt en l'espace de quelques minutes et se retrouve projeté dans une boucle temporelle, condamné à revivre le même combat et à mourir de nouveau indéfiniment…
Dure destinée pour notre petit Tom que de devoir sauver le monde une fois de plus, et ce chaque jour durant. Tout juste sorti des mains de son clone dans Oblivion, le voilà confronté à des petits hommes verts sans merci dans le dernier blockbuster de science fiction du britannique Doug Liman, qui profite de la grosse tête de sa star pour se camoufler derrière. A eux deux, et à l’aide d’un scénario malin, on assiste à un spectacle agressif, parfois subversif avec même quelques éclats burlesques. Un show à la Cruise assagi par la touche Liman mais auquel on adhère sans se faire prier.
Parachuté comme un cheveu sur la soupe juste après le Festival de Cannes avec une promo sans tambour ni trompette, Edge of Tomorrow ne doit compter que sur sa simple facture et sur le bouche à oreille qui va en découler pour construire sa carrière sur les écrans. C’est donc non sans quelques appréhensions et une certaine curiosité – on a hâte de voir une entreprise qui vend de l’original parmi les remakes, reboots et autres suites – que l’on découvre le récit de ce faible soldat qui va devoir mourir chaque jour pour, à l’arrivée, changer le cours des événements. Adapté du roman japonais All you need is kill d’Hiroshi Sakurazaka, le scénario est en réalité un savant mélange entre Un jour sans fin, Le jour le plus long, Il faut sauver le soldat Ryan et un peu de Matrix, rien de bien nouveau sous le soleil donc. Mais la force du scénario tient dans l’enchainement de ces boucles spatio-temporelles, autant d’ellipses qui vont venir prendre en otage le spectateur comme le héro, jusqu’à distiller une impression frustrante d’éternel recommencement, sans aboutissement. Cette machine narrative aux gros sabots est menée dans un rythme effréné non sans rappeler le concept du jeu vidéo : die & retry (meurs et recommence). A travers ce schéma, Liman remet en question tout le principe punitif du jeu : Quel est le but réel ? Pourquoi reprendre à zéro ? N’est-ce pas finalement le chemin parcouru qui importe ? et distille brillamment la répétition sans impression de redondance. Du moins, jusqu’à la dernière demie heure du film qui voit débarquer un énième rebondissement qui va nous conduire en mode automatique vers un dénouement proche du grotesque. Comme si les pontes du projet avaient jugé l’entreprise trop éloignée des sentiers battus et qu’il fallait rétablir le coche à la fin. Sauf que l’exercice n’est pas du plus bel effet : pirouette invraisemblable, images hideuses et final « bien comme il faut ». Une conclusion médiocre qui annihile presque tous les efforts réalisés durant l’heure et demie passée.
Parce qu’il faut le reconnaître, en plus de sa structure scénaristique habile, le métrage a bien d’autres atouts à vendre. Les effets spéciaux, nourris par des effets de spirale, nous embarquent avec aplomb dans le chaos des combats à grand spectacle, présents en grand nombre. Dans ce florilège d’action, Liman tire le meilleur parti de ses décors, dans le fond très communs et arrive à mettre en valeur une direction artistique sans éclat. On est également agréablement surpris par le personnage de Tom Cruise qui, tout héro qu’il soit, compose un personnage à la progression lente qui ne fait presque jamais d’ombre ni au récit, ni à sa coéquipière Emily Blunt qui fait tout son possible pour mener ce bleu vers l’accomplissement physique et mental. Enfermé dans son exosquelette, sorte d’armure qui renferme une demie tonne d’armes de destruction massive, Tom Cruise apparaît sous son meilleur jour. Et pour cause, Doug Liman disparaît presque entièrement derrière le dispositif narratif, lui-même forgé à l’effigie du héro. Ici, pas question de faire le moindre détour de mise en scène ou de narration ni même de se montrer original dans le découpage. Les images n’ont qu’un seul but : montrer Tom Cruise ou ce qu’il voit à l’aide d’un enchainement champ contre-champ visuellement rasoir.
Dans un mélange sans nom des évènements liés aux grands conflits du 20ème siècle : bataille de Verdun, débarquement des alliés et Paris occupé, Edge of Tomorrow arrive à se tenir à un fil directeur, la situation dans laquelle est enfermé le héro et à répandre insidieusement un message fataliste basé sur l’idée que la guerre ne serait jamais qu’une boucle sans fin, cruelle et consternante. Même si Doug Liman se contente du minimum, le scénario et l’acteur principal se démènent à sa place pour aboutir à un film qui réunit habilement action, humour et désillusion, sans fulgurance, mais qui tient sérieusement la route.
Eve Brousse
bonus :
Copie digitale offerte au format UltraViolet
"Armes du futur" : Tom Cruise et Emily Blunt manient leurs exosquelettes (8'04" - VOST)
"Des créatures d'un autre monde" : le design des aliens (5'24" - VOST)
Bonus B.R:
Copie digitale offerte au format UltraViolet
"Opération Chute libre" (HD - VOST) :
- La montée d'adrénaline (2'34")
- Le débarquement : les secrets de l'épique bataille du film (8'59")
"Armes du futur" : Tom Cruise et Emily Blunt manient leurs exosquelettes (HD - 8'25" - VOST)
"Des créatures d'un autre monde" : le design des aliens (HD - 5'38" - VOST)
"Au bord du gouffre avec Doug Liman" : suivez le réalisateur pendant la production du film (HD - 42'37" - VOST)
7 scènes coupées (HD - 7'38" - VOST)
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