Diane est une fille libre. Elle suit le rythme de ses envies, de ses désirs et se laisse emporter dans le tourbillon de la vie. Elle accepte de porter l’enfant de Thomas et Jacques, ses amis homosexuels. Il n’y a pas de réponse aux pourquoi aux comment, c’est pour ses amis et c’est tout. La maternité se fait sentir, le petit être à l’intérieur grossit comme le torrent filant vers l’océan. Elle se retire dans la maison de campagne héritée de ses grands-parents. Elle accomplit sa maternité en entreprenant quelques travaux, juste pour passer le temps. Elle compte bien vendre la vieille bâtisse. En attendant elle bricole. C’est à cette occasion qu’elle rencontre Fabrizio, électricien venu remettre la lumière. Il porte cette dernière dans le cœur de Diane, d’abord par envie. C’est juste l’histoire d’un soir sur terre et rien de plus. Il se prolonge dans l’aube nouvelle et encore celle à venir. Le temps d’un soupir devient celui du devenir. Jusqu’à quand ? Au début, Fabrizio trouve sa place entre Thomas et Jacques, le bout de vie qui arrive et Diane. Peu à peu cette histoire simple se complique et il va falloir faire des choix, assumer un peu de ne plus être libre, mais à deux ou pas.
À l’heure où la GPA revient dans le débat social, voir uniquement cet aspect du film serait une erreur. C’est le décor pour poser une situation bien plus complexe entre les personnages. La question centrale est plus celle du genre, masculin, féminin, parent, amis. Diane a les épaules nous interroge sur ce que nous sommes et comment nous placer au sein de la société. Il prend le chemin de la comédie tendre et douce, sans exagération, au ton juste, à l’humeur légère mais profonde. C’est un film simple où la vie file comme une brise légère et pourtant, sur son passage, fleurissent les fleurs du présent. Clotilde Hesme a les épaules et porte cette Diane à bout de bras, lumineuse, magnifiquement filmée par Fabien Gorgeart. À ses côtés, les trois hommes et un couffin n’en font pas trop, déployant une mélodie juste, sans fausse note. C’est un bouquet de trentenaires tendres et fragiles que la vie porte vers le désir d’enfant. Jacques est à l’image de la maman juive possessive, avec sa petite chanson douce.
Thomas, plus sensible, ne rate pas un moment charnière de ce bout de vie qui pousse. Il est présent pour le premier coup de pied, protecteur jusqu’au bout du cœur. Il forme un beau couple avec Jacques, tout en délicatesse, sans exagération. Il nous rappelle qu’aimer est une chose universelle sans distinction de sexe ou de genre. Fabrizio se sent un peu perdu au début mais trouve vite sa place. Diane a les épaules redéfinit le couple, lui donne un horizon nouveau que la jeune génération prend à bras le corps. C’est en s’éloignant du débat subversif et provocateur, en le ramenant à sa juste mesure, sans bruit et fureur qu’il trouve le ton juste. Et alors, me direz-vous ! Rien que la vie qui passe et se fout bien du qu’en dira-t-on. Fabien Gorgeart compose une mise en scène sobre, inspirée par la simplicité, mais ô combien fouillée. C’est un rayon de lumière, un rien pour occuper l’espace, une main sur un ventre rond, un baiser, mille petites choses ordinaires qui en disent long. Diane a les épaules est une petite perle de poésie du vivant où les liens tissés nous ramènent à l’essentiel du Petit Prince : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »
Patrick Van Langhenhoven
Bonus:
Entretien avec le réalisateur
Titre : Diane a les épaules
Réalisation : Fabien Gorgeart
Scénario : Fabien Gorgeart
Photographie : Thomas Bataille
Montage : Damien Maestraggi
Décors : Cyril Gomez-Mathieu
Costumes : Céline Brelaud
Musique : Guillaume Baurez
Producteur : Jean des Forêts
Sociétés de production : Petit Film
Société de distribution : Haut et Court
Pays d'origine : France
Langue : français
Genre : Comédie
Durée : 87 minutes
Dates de sortie : 15 novembre 2017
Distribution
Clotilde Hesme : Diane
Fabrizio Rongione : Fabrizio
Thomas Suire : Thomas
Grégory Montel : Jacques
Alice Butaud : Amélie
Olivier Rabourdin : l'hypnothérapeute
Victor Pontecorvo : le pompier