1er Septembre 1995 : La princesse de Galles et le docteur Hasnat Khan sont présentés l’un à l’autre. Alors qu’elle s’interroge sur le sens à donner à sa vie, elle s’éprend du chirurgien pakistanais et, pour une fois, parvient à garder quelques temps secrète leur liaison. Son divorce définitivement prononcé en août 1996, Diana veut croire à un avenir possible avec cet homme qui l’aime avec ses qualités et ses défauts, indifférent à l’image d’icône princière qu’elle incarne aux yeux du monde depuis plus de quinze ans.
6 Septembre 1997 : Un homme effondré derrière ses lunettes noires assiste aux obsèques de Diana. Peu de gens reconnaissent Hasnat Khan. Alors que les tabloïds affirment que Diana s’apprêtait à épouser Dodi Al-Fayed, rares sont ceux qui savent que, peu avant son accident, elle essayait encore de joindre Hasnat pour le convaincre de revenir à elle.
Diana, où comment monter un projet malheureusement perdu d’avance. Véritable icône au Royaume-Uni et dans le monde entier, Lady Diana fait partie de ces personnalités intouchables, comme figée dans la conscience collective comme étant le symbole de l’élégance et de la dignité. Et gare à qui ose dire du mal d’elle. A l’heure où Scotland Yard rouvre le dossier pour éclaircir les circonstances de son décès, Oliver Hirschbiegel s’intéresse aux deux dernières années de sa vie et à son idylle avec Hasnat Khan dans son biopic Diana. En ressort un drame romantique, loin de la royauté, qui dresse le portrait d’une femme meurtrie, amoureuse transie rejetée de toutes parts qui va connaitre un destin tragique. Des longueurs et du pathos mais un bel exercice artistique.
Ayant essuyé un acharnement médiatique de la presse britannique lors de sa sortie outre-manche, Diana n’en sort pas sans quelques bosses et éraflures à l’heure où il débarque dans l’hexagone. Il est vrai que pour apprécier Diana à sa juste valeur, il est nécessaire de prendre un peu de recul avec cette frénésie qui entoure la famille royale britannique et de l’accepter pour ce qu’il est : un objet cinématographique à thème merveilleusement interprété et représenté. Mais alors qu’est-ce qui différencie Diana des réussis et mondialement appréciés The Queen ou Le discours d’un roi, seulement l’illustration de l’humanité de la princesse mais surtout de son émancipation forcée par un rejet royal. La désacralisation imagée.
Anti conventionnel, le biopic de Hirschbiegel (La Chute, L’expérience) s’aventure alors volontairement derrière le titre de noblesse pour faire ressortir la « princesse du cœur », illustrée dans ses actions caritatives, mais surtout le coeur d’une femme qui s’épanouit à nouveau après l’étalage de l’infidélité de son époux. Basé sur les témoignages de consultants et de témoins qui ont côtoyé la princesse et surtout sur Le Dernier amour de Diana de Kate Snell (consultante sur le tournage), le film aligne les images sur papier glacé qui ont fait les unes des magasines (le champs de mines, le yacht de Dodi Al-Fayed…) mais évoque aussi des moments d’intimité. Le scénariste Stephen Jeffreys a d’ailleurs déclaré avoir laissé libre court à son imagination pour plusieurs séquences en tentant toujours de se rapprocher de ce qu’il pensait être son état d’esprit.
Dans cet assemblage d’évènements surmédiatisés et de parenthèses privées, le réalisateur va chercher Diana de la déconstruction d’une divorcée à l’espoir d’un amour naissant en passant par la détresse, les névroses, la fébrilité, la peur de l’abandon, le besoin d’amour, autant de sentiments qui forgent sa psychologie de femme, loin de son image de potiche gourde. Et qui d’autre que Naomi Watts pour incarner la bonté d’âme, les tics et les subtilités de cette femme à la fois fragile et forte. L’actrice, en dehors de sa ressemblance physique, se fond entièrement dans son personnage et compose subtilement toute la complexité, les contradictions et la passion de la princesse. D’autant que la caméra d’Hirschbiegel est manifestement en admiration devant son personnage. Tour à tour fuyante, intrusive et carrément angoissante lorsqu’on en arrive à l’évènement tragique, la caméra s’imprègne de ce conte de fée moderne pour forger une mise en scène visuellement magnifique et suffisamment dynamique (malgré quelques incartades) pour ne pas perdre le fil.
Le film s’ouvre et s’achève sur les derniers instants de la princesse, sentence inéluctable pesante qui offre toute sa théâtralité à l’ensemble, dans le bon sens du terme. Après avoir été témoin de deux ans de sa vie, difficile de rester insensible à cette tragédie. Certes, on attendait mieux de l’auteur de la chronique des dernières heures d’Hitler, mais Diana possède ce charme, relayé par son actrice principale, qui ne vaut pas d’être boudé –pour faire comme tout le monde–. A bon entendeur, salut.
Eve BROUSSE
Titre original : Diana
Réalisation : Oliver Hirschbiegel
Scénario : Stephen Jeffreys
Direction artistique : Kave Quinn
Décors : Mark Raggett
Costumes : Julian Day
Photographie : Rainer Klausmann
Montage : Hans Funck
Musique : Keefus Ciancia et David Holmes
Production : Robert Bernstein et Douglas Rae
Sociétés de production : Ecosse Films ; Le Pacte et Scope Pictures (coproductions)
Société de distribution : Le Pacte (France)
Pays d’origine : Royaume-Uni
Langue originale : anglais
Format : couleur - 35 mm - 2.35 : 1 - Son Dolby numérique
Genre : biographie
Durée : 108 minutes
Source Wikipedia