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affiche Dernier Amour

Dernier Amour

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Un film de Benoît Jacquot ,
Avec Vincent Lindon, Stacy Martin, Valeria Golino,

Genre : Biographique
Durée : 1h38
France

En Bref

« Ce serait un bien bel homme, s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule ; mais un teint africain, des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce… » Le prince de Ligne.

 Nous sommes en 1793 crépuscule d’une révolution en France et de la vie de Casanova. C’est là, dans un vieux château entouré de livres et vêtu comme Voltaire que notre homme raconte à une jeune soubrette son unique histoire d’amour. Dans les couloirs de la monarchie anglaise en 1763, au cœur des perruques poudrées et des dames de bonne compagnie, un homme erre. Il cherche le souffle, l’inspiration, la prochaine conquête à mettre dans son lit. En attendant, il mange. Ici c’est un autre monde Londres en aux mœurs peu ordinaires.

On chie dans les jardins, s’enivre de fête, s’oublie dans le jeu, et sourit aux jolies dames. C’est dans ces couloirs, ces boudoirs que l’exilé Casanova cherche, la dame de ses nuits, la fragilité du geste, l’instant du soupir quand vient le désir. En attendant, il mange. Il croise cet ancien amour devenu amie. Se lie avec des nobles qui ne mettent jamais la même femme deux fois dans leur lit. Lui cherche celle qui ravira son cœur et l’emmènera loin d’un siècle hésitant entre lumière et libertinage. En attendant, il mange. C’est pourtant dans cet instant ou rien n’est promis ou tout s’enfuit que vient la belle. Mademoiselle La Charpillon, courtisane de son état, est promise à tous sauf à lui. C’est un jeu de la séduction qui commence, Casanova tombe dans la ronde du cœur pour y mourir symboliquement. Celle qui se refuse devient son grand amour qu’il raconte aujourd’hui au crépuscule des souvenirs.


« Digne ou indigne, ma vie est ma matière, ma matière est ma vie. » Casanova.

 Benoît Jacquot aime le cinéma en costume et sait lui donner le ton, le don de la vérité. Après les adieux à la reine 2011, Sade en 2000, il s’intéresse à Casanova. Ce dernier possède un point commun avec Sade son don d’écrivain. À l’inverse de Don Juan, il n’est pas un mythe. Loin de ce dernier briseur des cœurs, « grand seigneur, méchant homme » disait Molière. Casanova comme Piaf croient en chacune de ces histoires d’amour. Il est un aventurier du cœur en quête d’un sentiment absolu, plus qu’un collectionneur comme. Comme toujours c’est un cinéma de l’intime qui intéresse  le réalisateur à travers ce portrait d’une époque. Il nous entraine loin de la grande histoire dans la petite, celle du quotidien. Il saisit avec justesse un monde de perruques, codé ou chacun joue une danse particulière. Dans ces couloirs et ces jardins, Vincent Lindon campe admirablement un homme pris au piège de l’amour. Tout se joue sur les silences, les non dits, les phrases à double, triple sens. Les mots et les gestes ont autant d’importances et évoquent un désir, un plaisir du cœur. Casanova c’est l’amour des femmes dans ce qu’il a de plus moderne.

Quand il croise La Comelys une ancienne conquête il reste la complicité d’une amitié profonde. C’est une époque qui se dévoile, celle des lumières et de la fin du libertinage. Elle intéresse le réalisateur en se situant entre un monde qui disparaît avec la Révolution française et notre monde moderne qui commence ces premiers pas. L’amour ne sera plus le même jeu, la même attente de l’âme. La Charpillon courtisane que le Tout-Londres aura peut être mis dans son lit, ne se donne pas à cet aventurier des cœurs. Elle attend peut-être qu’il lui prouve que ce n’est pas qu’une passade. Elle espère l’amour quand il prend le temps de se dire, de se vêtir des mots pour ouvrir les corps. Stacy Martin est parfaite dans La Charpillon à la fois fragilitée des sens et du corps, mais force de l’âme. C’est donc ce jeu d’une romance qui s’ébauche et s’élance pour fleurir ou mourir qui est le centre du récit.

Casanova prend des allures de jeune premier maladroit, dans cet espoir du grand amour. Derrière la toile de fond des salons de l’époque où l’on joue sa chemise, se perd dans les bals, et les jardins se noue une histoire d’amour éternelle. On s’effleure se parles à voie basse dans une romance qui n’est plus. Ce n’est pas comme certaines versions le laissent entendre la femme et le pantin. Pour Benoit Jacquot, «  elle cherche le point où Casanova comprendrait qu’il s’agit d’amour et non de possession. » Ils sont tous les deux sur la même quête, mais dans une approche différente. Benoit Jacquot réalise un film kammerspiel (de chambre), sur Casanova, en effleurant l’intime il en devient bien plus spectaculaire, touchant à l’essence du sentiment amoureux. 

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
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    Titre original : Dernier Amour

    Réalisation : Benoît Jacquot

    Scénario : Chantal Thomas, Jérôme Beaujour et Benoît Jacquot, d'après l'œuvre Histoire de ma vie de Giacomo Casanova

    Décors : Katia Wyszkop

    Costumes : Pascaline Chavanne

    Photographie : Christophe Beaucarne

    Montage : Julia Gregory

    Musique : Bruno Coulais

    Producteur :

        Coproducteur : Charles S. Cohen, Delphine Tomson, Jean-Pierre Dardenne et Luc Dardenne

        Producteur délégué : Kristina Larsen et Jean-Pierre Guérin

    Production : Les Films du Lendemain et JPG Films

        Coproduction : Wild Bunch, France 3 Cinéma, Les Films du Fleuve et Cohen Media Group

    Distribution : Diaphana Distribution

    Pays d'origine :  France

    Genre : Drame historique

    Durée : 98 minutes

    Dates de sortie : 20 mars 2019

Distribution

     Vincent Lindon : Giacomo Casanova

    Stacy Martin : Marianne de Charpillon

    Valeria Golino : La Cornelys

    Julia Roy : Cécile

    Nancy Tate : Hortense Stavenson

    Anna Cottis : la mère de la Charpillon

    Hayley Carmichael : Anna

    Lord Pembroke : Christian Erickson

    Nathan Willcocks : Claremont

    Antonythasan Jesuthasan : Jarba