Dans l’ouest sauvage pendant la guerre de Sécession, les femmes restent seules au foyer et personne ne les entend crier. Augusta, sa petite sœur Louise et leur esclave Mad se retrouvent seules à gérer la propriété. Elles survivent tant bien que mal, pendant que le monde se déchire à l’extérieur. L’arrivée d’une patrouille d’éclaireurs bouleverse leur tranquillité. La guerre n’est plus dans un pays lointain mais aux portes du domaine. Les proies se montrent bien plus dangereuses que le sergent Mose ne le pensait. L’hécatombe jalonnant son parcours pourrait bien trouver sa fin au pays des demoiselles. La patrouille laisse une longue piste de sang derrière elle. Aux portes de la mort se dévoile le pays de la survie. Il donne des forces et du courage car la vie est bien plus belle que l’oubli. La confrontation laisse une longue trace de sang, mais de qui ?
On pense forcément aux Proies de Don Siegel et le remake de Sofia Coppola. Don Siegel disait à propos de son film « Les femmes sont capables de tromperie, d’escroquerie, de meurtre, de tout. » Daniel Barber nous offre presque un huis clos dans le domaine agressé par les deux éclaireurs. L’ouverture nous montre des hommes sans pitié que la guerre rend plus mauvais. Les jeunes femmes tentent de survivre pendant qu’à l’extérieur, le monde n’est que violence et chaos. Les esclaves restent à leur place, rien ne change dans la tempête.
Quand les hommes rentreront, les frères, les pères retrouveront le même monde. L’arrivée du sergent et de son acolyte bouscule ces convictions. Une fois l’ouragan de la guerre à leur porte, elles n’auront d’autre choix que de partir, de tout abandonner.Le monde change, elles changent qu’elles le veuillent ou non. Comme pour Les proies, c’est l’innocence qui perd la bataille. Elles doivent prendre les mêmes habits que les hommes aux sens propre et figuré. Elles fuiront dans les vêtements de leurs frères, de leur père. La deuxième partie faite monter la tension. Viendra, ne viendra pas ? La mort peut-elle encore être ailleurs ? Leurs convictions faiblissent, elles comprennent que demain ne sera plus, perdues dans le bruit des canons. La violence éclate et elles ne donnent pas leur part à la faucheuse.
Le gibier est bien plus coriace, l’innocence s’enfuit dans les derniers rayons du soleil couchant. Daniel Barber privilégie l’atmosphère, la tension et la psychologie de ses personnages aux scènes de bataille. Il nous offre un western proche du film noir, ombre et lumière pour une nouvelle aube. C’est la transformation de ces trois jeunes femmes qui l’intéresse. C’est une métamorphose sur fond de violence et de néant. Le film doit beaucoup à ses interprètes très convaincants, sans excès.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus:
Making Of du film 15mn
Titre original : The Keeping Room
Titre français : Dans le silence de l'Ouest
Réalisation : Daniel Barber
Scénario : Julia Hart
Musique : Martin Phipps
Direction artistique : Adrian Curelea
Décors : Caroline Hanania
Costumes : Luminita Lungu
Photographie : Martin Ruhe
Montage : Alex Rodríguez
Production : Jordan Horowitz, David McFadzean, Dete Meserve, Patrick Newall, Judd Payne, Matt Williams et Paul Anthony Speziale (non crédité)
Production déléguée : Gary Gilbert et Michael Sugar
Coproduction : Trevor Adley et Nicole Romano
Sociétés de production : Gilbert Films ; Anonymous Content, Wind Dancer Productions et Summit Entertainment
Sociétés de distribution : Drafthouse Films et Lionsgate Films (États-Unis)
Pays d'origine : États-Unis
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genres : Drame, western
Durée : 99 minutes
Dates de sortie vidéo : 8 mars 2021
Distribution
Brit Marling : Augusta
Hailee Steinfeld : Louise
Muna Otaru : Mad
Sam Worthington : Moses
Amy Nuttall : Moll
Ned Dennehy : Caleb
Nicholas Pinnock : Bill
Kyle Soller : Henry
Anna-Maria Nabirye : Alma
Delia Riciu : Mary
Luminita Filimon : Prudence