Joseph vit de petites combines, entrainant toute la famille dans sa quête des escroqueries banales. Cette fois il devra faire fonctionner ses neurones pour trouver l’arnaque qui le sortira de l’ornière. Son bailleur vient de lui faire comprendre, avec force gnons, qu’il lui reste une semaine pour combler l’échéance. Sinon, il se retrouve à la rue. Les faux Château Mouton Rothschild et autres petites misères ne le sortiront pas d’affaire. Un malheur ne venant jamais seul, son fils Micka jette l’éponge et passe son tour. Il rêve d’autre chose que la vie de galère promise par son paternel. Il voudrait être un artiste, se lancer dans la carrière de comédien pour monter sur les planches et non à l’échafaud. C’est dans ce climat qu’ils se font la gueule et que le vent tourne. La scoumoune s’accroche comme un mauvais numéro à la loterie des cœurs brisés. Pour s’émanciper, il n’a d’autre choix que de fuir ce père envahissant. C’est plus facile à dire qu’à faire comme le confirme le dicton. Il faudra pourtant bien que chacun comprenne qu’il existe un temps pour tout, et surtout tourner la page.
Xabi Molia aime les antihéros, ces figures de losers au bord du gouffre qui finissent par trouver le sens de la vie, comme ce couple en 2010, dans 8 fois debout ou ces deux demi-frères en quête du Graal dans Les conquérants en 2013. Il revient à la comédie sociale douce amère sur la transmission et encore la famille avec ce duo père et fils. L’un et l’autre devront abandonner une partie d’eux-mêmes pour avancer dans la vie. Kad Merad compose un petit escroc qui finit par croire à ses propres mensonges. Personnage au grand cœur, nous ne le jugeons pas. Il tente à sa manière d’offrir le meilleur à sa famille. Il ne réalise pas qu’il l’embarque dans une valse de petites combines à deux balles qui ne mènent guère loin. Il s’enferme dans une ronde qui finit par lui exploser à la figure. Il ne saisit pas pourquoi son fils refuse de suivre la voie paternelle, comme d’autres empruntent le chemin du boulot de papa.
Micka choisit sa destinée et prend la tangente en rêvant bien plus grand. Dans ces jeux de rôles de menteur, il trouve sa voie, devenir comédien. C’est ce couple d’un père bon enfant emporté par sa vie qui lui échappe et d’un fils plus réaliste qui explose. Joseph est aveuglé, emporté dans une course à la survie s’achevant dans le fracas. Le film évite la carte du misérabilisme, de la bonne conscience et du jugement facile pour explorer la misère avec justesse. Kad Merad nous offre un de ses meilleurs rôles, tout en finesse et détresse, jouant sur les silences, le bluff et l’énergie des bonimenteurs au cœur blessé. Kacey Mottet Klein après Vent du nord, avec Philippe Rebbot comme père, retrouve le conflit du passage à l’âge adulte. Il confirme tout le talent de cette jeune génération prometteuse en donnant force et délicatesse à cet enfant perdu. Xabi Molia tient son film dans une peinture sociale et familiale jusqu’au clap de fin, sans exagération. C’est une bonne comédie à la française, en demi-tons, sur la transmission et le poids de nos pères
Patrick Van Langhenhoven
Réalisateur: Xabi Molia
Scénariste : Xabi Molia, Frédéric Chansel
Compositeur : Lullatone
Productrice : Christie Molia, Marielle Duigou
Equipe technique
Directeur de la photographie : Martin de Chabaneix
Chef monteur : Thomas Marchand
Chef décoratrice : Pascale Consigny
Directrice du casting :Nathalie Chéron,Fanny De Donceel
Directeur de production : Patrick Armisen
Assistant réalisateur: Pierrick Vautier
Chef costumier: Hanna Sjödin
Ingénieur du son : Arnaud Trochu,Boris Chapelle, Benjamin Rosier
Directrice de post-production : Eva Bacelar
Sociétés de Production : Moteur s'il vous plaît
Production: Fin Août Productions, France 3 Cinéma, Janine Films
Agence de presse : Rendez-vous
Distributeur France (Sortie en salle) Haut et Court
Sortie France : 2 mai 2018
Distributions
Kad Merad : Joseph
Kacey Mottet Klein : Micka
Sylvie Testud : Val
Tiphaine Daviot: Stella
Clément Clavel :
Amir El Kacem : Mehdi